29 septembre 2013

Les profs inventent



- « Les profs inventent, s’adaptent, la réforme doit venir d’eux…» - Libération 25.09.2013
Le point de vue d'Antoine Prost
http://www.liberation.fr/societe/2013/09/25/les-profs-inventent-s-adaptent-la-reforme-doit-venir-d-eux_934671

extraits :
« Le changement suppose un climat porteur. ... Pour réformer, en outre, il vaudrait mieux que le corps enseignant ne soit pas à cran. Or, il n’est pas complètement rétabli des passions déchaînées par les provocations de Claude Allègre »[et de la politique menée par Darcos et par Chatel]

« C’est faux de dire que l’enseignement ne bouge pas. Les profs sont obligés de s’adapter aux élèves, leurs exigences se déplacent, ils évoluent. On ne fait plus classe en primaire, ni au collège, [ni au lycée, ni à l'université], comme avant ».

« Q - Il y a des changements majeurs qui se font sans bruit et sans réforme ?
R - Oui. La mixité scolaire par exemple. Il n’y a pas eu de débat. Dans le primaire, il a suffi d’une circulaire [en 1957]. Dans le secondaire, cela s’est passé au moment du grand plan de construction d’établissements des années 1960-1970 »[un texte de juillet 1975 rend la mixité obligatoire. Dans la Manche, au moins une commune a connu en 1956 une guerre entre les parents et le curé. Le prétexte : l'instituteur, un homme, allait enseigner à des filles de 13 ans. Le caté n'aurait-il pas concerné les filles de 12 ans ?]

« Il y a aujourd’hui une controverse sur les programmes d’histoire. C’est très bien de les alléger, mais il ne faut pas les changer tout de suite. Il faut laisser le temps aux profs de les apprivoiser sur au moins quatre ou cinq ans. Ce serait les traiter avec désinvolture que de jeter à la corbeille tout le travail qu’ils ont fait pour s’adapter aux programmes thématiques. Le temps pédagogique ne s’accorde pas avec le temps politique ».
[ une autre lecture est possible : la déstructuration de l'HG en lycée vient de la casse voulue par Chatel. Pourquoi faudrait-il continuer à payer le prix de la chatelisation quand une autre possible est possible ?]

- Les 11 livres de la rentrée scolaire 2013,
sélection de Maryline Baumard
dont Bruno Garnier, Problèmes de l’école démocratique, XVIII-XXe siècle
http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2013/09/11/les-11-livres-de-la-rentree-scolaire/

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08 septembre 2013

L'enfer des programmes scolaires

 

L'enfer des programmes scolaires - Le Monde  culture et idées - 05.09.2013
http://www.lemonde.fr/education/article/2013/09/05/l-enfer-des-programmes-scolaires_3472011_1473685.html

« Les programmes enseignés n'intéressent personne, mais il suffit de vouloir les changer pour susciter des aigreurs, quelle que soit l'option choisie »

"L'autonomie intellectuelle spécifique du corps enseignant demeure partout extrêmement réduite, comparée à celle des autres professions libérales" (Jean Piaget, Psychologie et pédagogie, 1965)

Maryline Baumard fait l’éloge du curriculum, du Conseil National des Programmes et des GTD (groupes techniques disciplinaires 1989-2005).
La description d’une boite noire est très journalistique, mais après la suppression de l’HG en Term S, en novembre 2009, les 8 personnes (dont 4 inspecteurs) chargées d’écrire les futurs programmes de lycée général sont identifiables et identifiées.

parmi les commentaires :
Profdésabusé
« Les programmes sont souvent démentiels pour les raisons suivantes : leurs concepteurs panglossiens croient vivre dans le meilleur des mondes pédagogiques, où tous les élèves seraient des stakhanovistes assoiffés de savoir, ayant parfaitement assimilé toutes les connaissances et notions enseignées depuis le primaire. Ils ont comme complices les inspecteurs pour qui le premier critère d'évaluation d'un enseignant est le strict respect du plan quinquennal et de la ligne pédagogique du moment ».

« Opposer une tête bien faite à une tête bien pleine est un contresens absolu. L'intelligence se nourrit du savoir, et réciproquement. Un esprit vif sans culture générale tourne à vide. [les spécialistes rappellent que Montaigne parle du précepteur, pas de son disciple »

Mathieu Kessler 07/09/2013 - 12h16
« Je ne suis pas convaincu qu'il existe une conspiration des imbéciles ignorant l'aporie d'une opposition stricte entre tête bien faite et tête bien pleine. En revanche, l'arbitrage semble difficile au niveau des programmes du fait que chaque lobby disciplinaire et les spécialités même à l'intérieur de chaque discipline se livrent une guerre de conquête et d'occupation des programmes scolaires. Cette lutte conduit involontairement à l’encyclopédisme et au zapping culturel que chacun déplore ».

et le texte de Montaigne :
« A un enfant de maison qui recherche les lettres, non pour le gaing (car une fin si abjecte est indigne de la grace et faveur des Muses, et puis elle regarde et depend d’autruy), ny tant pour les commoditez externes que pour les sienes propres, et pour s’en enrichir et parer au dedans, ayant plustost envie d’en tirer un habil’homme qu’un homme sçavant, je voudrois aussi qu’on fut soigneux de luy choisir un conducteur qui eust plustost la teste bien faicte que bien pleine, et qu’on y requit tous les deux, mais plus les meurs et l’entendement que la science ; et qu’il se conduisist en sa charge d’une nouvelle maniere. On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui verseroit dans un antonnoir, et nostre charge ce n’est que redire ce qu’on nous a dict. Je voudrois qu’il corrigeast cette partie, et que, de belle arrivée, selon la portée de l’ame qu’il a en main, il commençast à la mettre sur la montre, luy faisant gouster les choses, les choisir et discerner d’elle mesme : quelquefois luy ouvrant chemin, quelquefois le luy laissant ouvrir. Je ne veux pas qu’il invente et parle seul, je veux qu’il escoute son disciple parler à son tour.
Qu’il ne luy demande pas seulement compte des mots de sa leçon, mais du sens et de la substance, et qu’il juge du profit qu’il aura fait, non par le tesmoignage de sa memoire, mais de sa vie. Que ce qu’il viendra d’apprendre, il le lui face mettre en cent visages et accommoder à autant de divers subjets, pour voir s’il l’a encore bien pris et bien faict sien »
Montaigne, De l'institution des enfants, Les Essais, Livre I, chapitre 26, 1595
http://fr.wikisource.org/wiki/Essais/Livre_I/Chapitre_26
Montaigne : http://clioweb.free.fr/dossiers/ecrivains/montaigne.htm


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28 août 2013

L'école : le défi de la gauche

 

Maryline Baumard, L'école : le défi de la gauche, Plon 2013
http://www.plon.fr/ouvrage/l-ecole-le-defi-de-la-gauche/9782259220354

présentation par l'éditeur (extraits)
Septembre 2013 : c'est la première rentrée vraiment préparée par la gauche.
La gauche est-elle capable de réformer l'école ? En 2017, l'institution aura-t-elle changé ?

La réforme des rythmes, la loi d'orientation, la nouvelle formation des enseignants sont-elles des écrans de fumée ou des changements profonds ? La balance penche-t-elle vers un toilettage ou vers la refondation de l'école qu'on nous promet ?

Ce livre sans concessions vous entraîne dans les coulisses du ministère ... Au fil des pages, on revit cette première année avec ses moments symboliques, ses errements, ses premiers renoncements et l'on s'arrête du côté de l'Élysée pour mieux comprendre ce qui a poussé le chef de l'État à investir ce sujet politiquement difficile.

 

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06 janvier 2012

L'école change-t-elle de modèle ?

 


L'école française est-elle en train de changer de modèle ?
Maryline Baumard - Le Monde - 11.02.2011
Se rapproche-t-elle du système anglo-saxon ? Qu'en pensent les acteurs de terrain ?

Une nouvelle école s'esquisse. Comme face à un puzzle auquel il manque trop de pièces, il est longtemps resté difficile de deviner à quoi l'école de l'après-2012 pourrait ressembler en cas de réélection de la droite. Est-ce qu'on était dans un simple régime minceur - jeudi 10 février, les enseignants sont en grève pour dénoncer une rentrée avec 16 000 postes en moins -, ou dans un changement de modèle ? La réponse s'impose doucement et une architecture nouvelle se dessine.

La pièce maîtresse s'est emboîtée le 12 janvier. Ce jour-là, a été annoncé le passage sous statut dérogatoire de près de 2 000 collèges et écoles. Dès septembre 2011, une part des 354 collèges et 1 725 écoles vont imaginer leur propre projet pédagogique, trouver des enseignants volontaires pour le mettre en œuvre et une organisation sur laquelle l'appuyer. Le tout contractualisé avec le recteur.

La promesse d'une contagion territoriale. Ce ne sont que 3,5 % des écoles et 4,5 % des collèges du pays ; de surcroît, ce sont les plus difficiles. Mais la symbolique est forte et le discours présidentiel prononcé le 19 janvier, lors des vœux au monde de la connaissance, augure d'une contagion territoriale à venir. Félicitant la ministre de l'enseignement supérieur Valérie Pécresse, qui a amené 90 % des universités à l'autonomie, le chef de l'Etat a lancé devant 500 invités : " Si cela marche pour les universités, cela doit marcher aussi pour nos établissements, les lycées. Et si, dans notre pays, on faisait confiance aux enseignants, en leur laissant un peu d'autonomie ? "

Déjà, depuis la réforme du lycée, à la rentrée 2010, les proviseurs disposent d'un tiers de leurs heures à gérer en fonction de leur projet d'établissement. Un petit avant-goût dont ils ont encore un peu de mal à se saisir. Avec les conversions expérimentales de la rentrée prochaine, une mue plus importante se prépare. On octroie là " aux chefs des établissements lesplus difficiles une voix dans le recrutement des enseignants. C'est un début. On verra s'il passe ", lance l'académicien Antoine Compagnon dans un entretien au Point du 27 janvier.

Des cellules dormantes. La grande mue se prépare, par bribes, sans plan d'ensemble visible. "Comme en espionnage, on installe des dispositifs dormants. Un matin, on se réveillera, ils seront activés et le paysage aura changé", analyse Christian Chevalier, secrétaire général du Syndicat des enseignants.

L'autre "cellule dormante" est la hiérarchie intermédiaire. Doucement, on la prépare à ses nouvelles fonctions. Les chefs d'établissement sont particulièrement choyés par le ministre qui voit en eux une bonne courroie de transmission. Dernièrement, Luc Chatel a voulu signer avec eux l'octroi d'une prime de 6 000 euros tous les trois ans. Au mérite. Un mois avant, les recteurs avaient vu leur prime flamber avec la mise en place d'une part de la récompense modulée selon la politique menée. Un recteur peut désormais obtenir 6 840 euros annuels de plus qu'un autre, qui traîne des pieds.

Or dans un système autonome, il faut des chefs. Le philosophe Marcel Gauchet prédisait, dès 2009, ce qui se dessine dans l'enseignement scolaire. " La seule idée de la droite, en matière d'éducation, est de créer des patrons de PME à tous les niveaux, de la maternelle à l'université. Il paraît que c'est le secret de l'efficacité ", expliquait-il, de l'ironie plein la voix, dans un entretien au Monde le 23 avril 2009.

Dans une éducation nationale pilotée par le terrain, chaque établissement pourra développer son projet. Déjà 124 collèges ou lycées proposent des cours le matin et du sport l'après-midi. Durant sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait promis de " permettre à tous les parents qui le souhaitent de choisir pour leurs enfants un établissement réservant l'après-midi aux activités sportives, culturelles ou associatives ". Bientôt, d'autres établissements vont développer les sciences. Le plan présenté par Luc Chatel autorise cette orientation. Et puis, compte tenu des restrictions budgétaires, il y aura ici un lycée qui joue la carte des langues vivantes et là un autre qui se concentre sur les langues anciennes.

La rationalisation des options aboutira à ce profilage. Un peu comme dans l'enseignement privé sous contrat, où tel établissement est plutôt scientifique, tel autre élitiste ou axé sur l'épanouissement de l'enfant, quand un troisième est réputé pour son savoir-faire avec les élèves en difficulté.

Dans un système où les établissements ne se ressembleront plus, permettre aux familles de choisir a du sens. L'ouverture du choix des collèges et des lycées a été la première mesure prise dans le domaine de l'éducation par Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Annoncée début juin 2007, elle paraissait symbolique. Demain, ce pourrait être la clé de voûte d'un système où les propositions différeront réellement d'un collège ou d'une école à l'autre.

Taux de réussite et évaluations. Et pour bien choisir, il faudra que chacun affiche ses résultats. Pour le bac, les statistiques sont disponibles. Pour les collèges, les taux de réussite au diplôme national du brevet se trouvent le plus souvent sur les sites académiques. Mais pour les écoles, rien. A moins que les enseignants qui se refusent à faire passer les évaluations ne soient pas tout à fait paranoïaques et qu'un jour l'outil d'évaluation nationale ne devienne un outil de classement. Thierry Cadart, le secrétaire général du SGEN-CFDT, ne l'exclut pas, " une fois que l'outil existe, on ne contrôle plus rien ".
D'ailleurs la publication école par école était le souhait initial de Xavier Darcos qui annonçait, le 28 janvier 2008 : " Je souhaite mettre en place une double évaluation, pour les classes de CE1 et de CM2, qui aura lieu en milieu d'année. Les résultats obtenus par chaque école seront mis en ligne sur Internet pour permettre aux parents d'en avoir connaissance ". Un an plus tard, il revenait sur sa décision. Le mal était fait et ces évaluations ont été partiellement sabotées cette année encore par des enseignants opposés à cette mise en compétition.

Comme le rappelle régulièrement Luc Chatel, il n'y aura plus de grand soir de l'éducation. Le paysage nouveau se dessine par petites touches, par glissements successifs. Mais au final, on pourrait bien, d'ici quelques années, se réveiller avec un modèle éducatif très différent, des établissements qui auraient chacun une identité, un projet et le vendraient à des parents en mal de choix.
Une construction brique à brique. Connaissant l'attachement syndical à une certaine uniformité - parfois purement théorique -, le gouvernement joue le puzzle. Une pièce par-ci, une pièce par-là, sans que l'architecture d'ensemble soit immédiatement lisible. Mais un jour, le paysage sera redessiné, le puzzle sera terminé et tout le monde n'y aura vu que du feu. D'autant que l'attention des observateurs est retenue ailleurs. Cette construction brique à brique est masquée par un autre combat qui occupe le devant de la scène : une bataille pour la sauvegarde des postes, alors que plus de 100 000 ont été supprimés depuis 2007. Et pendant que les syndicats s'échinent sur ce combat perdu, la voie est libre pour les grands travaux.


Autres articles dans une double page du Monde :
- A Lille, une brèche pour gérer le public comme du privé (programme CLAIR ou Eclair)
- Grande-Bretagne : L'école libre (les free schools), c'est possible
- Entretien avec François Dubet : « Il y a évolution sur le long terme, pas révolution »

http://www.lemonde.fr/education/contre_enquete/2011/02/10/l-ecole-francaise-est-elle-en-train-de-changer-de-modele_1478198_1473685.html

http://www.educationetdevenir.fr/spip.php?article389

http://www.profencampagne.com/article-l-ecole-fran-aise-est-elle-en-train-de-changer-de-modele-66866948.html

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10 février 2011

L'Ecole change-t-elle de modèle ?


- L'Ecole française est-elle en train de changer de modèle ? Maryline Baumard, Le Monde Education, 11/02/2011
http://clioweb.canalblog.com/archives/2012/01/06/23177081.html

copie sur un blog : http://tinyurl.com/67myfsp

Promotion de l’autonomie, recteurs et proviseurs motivés par l’argent, mise en concurrence par les options, par les évaluations et la culture du résultat … « Le paysage nouveau se dessine par petites touches, par glissements successifs. Mais au final, on pourrait bien, d'ici quelques années, se réveiller avec un modèle éducatif très différent, des établissements qui auraient chacun une identité, un projet et le vendraient à des parents en mal de choix ».

« Connaissant l'attachement syndical à une certaine uniformité - parfois purement théorique -, le gouvernement (plutôt le MEN)  joue le puzzle. Une pièce par-ci, une pièce par-là, sans que l'architecture d'ensemble soit immédiatement lisible. Mais un jour, le paysage sera redessiné, le puzzle sera terminé et tout le monde n'y aura vu que du feu. D'autant que l'attention des observateurs est retenue ailleurs (la suppression des postes, déjà 100 000 depuis 2007) »

Autres articles dans cette double page du Monde :

- A Lille, une brèche pour gérer le public comme du privé (programme CLAIR ou Eclair)

- Grande-Bretagne : L'école libre (les free schools), c'est possible

- Entretien avec François Dubet : « Il y a évolution sur le long terme, pas révolution »

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