USA 1923 : « une saturation d'étranger »
- USA - 1923 - xénophobie et racisme
« L'attitude de l'Américain moyen est en train de changer. Il souffre d'une " saturation " d'étranger mal digéré. Il commence à trouver que l'étranger crée de nombreux et difficiles problèmes, et aggrave un certain nombre de maux anciens. En plus, avec l'accroissement massif de population étrangère, il commence à voir le pouvoir politique lui échapper ici ou là et passer aux mains d'étrangers qu'il n'a pas su entièrement convertir aux idées et aux idéaux de la démocratie américaine... Nous avions compté sur le fait que l'Amérique changerait l'étranger et c'est l'étranger qui change l'Amérique...
Ces dernières années, nous avons fait des efforts frénétiques vers l'américanisation. Nous avons découvert que le processus d'assimilation était beaucoup plus lent que nous l'avions espéré. Aucune nation ne peut être une grande nation sans un esprit d'unité, un certain degré d'accord et de ressemblance dans le peuple. Il est souhaitable aussi qu'il y ait un certain degré de diversité, mais ce doit être une diversité de même niveau. Une infiltration modérée de gens d'autres pays exerce une saine influence pour combattre la tendance à l'immobilisme auquel tendent naturellement les groupes sociaux. Mais si l'on va trop loin la population deviendra une simple cacophonie d'éléments hétérogènes...
Le plus grand danger permanent, cependant, réside dans le risque de recevoir des peuples de races inférieures. L'Américain commence à soupçonner que la composition raciale de notre immigration a une faible valeur...
En ce qui concerne l'admission des étrangers. nous devrions partir de l'idée que l'immigration n'est pas un droit, mais un privilège, et que nous n'avons pas la moindre obligation de l'accorder à tous les peuples - fussent-ils de race blanche ».
S.J. Holmes, " The Independant " 17 mars 1923.
cité dans J. Brun. " America ! America ! America ! ",
Collection Archives, Julliard, 1980.
En 1921 et 1924, les républicains instaurent par loi des quotas :
Immigration Restriction Act of 1921
http://en.wikipedia.org/wiki/Emergency_Quota_Act
http://en.wikipedia.org/wiki/Immigration_Act_of_1924
En 1921, la référence, c'est le recensement de 1910 (immigrants venant d'Italie, Russie, Pologne)
en 1924,le recensement de 1890 (immigrants venant du RU, d'Irlande d'Allemagne)
il s'agit alors de limiter fortement l'immigration venant d'Europe orientale.
L'article de Wikipedia donne les chiffres de 1880 et 1900, pas ceux de 1890 et 1910
http://en.wikipedia.org/wiki/History_of_immigration_to_the_United_States
- USA - Le parti républicain, vu par André Siegfried en 1927
Après la défaite du démocrate Cox, soutenu par le président sortant Wilson, aux élections de novembre 1920, les Républicains Harding, Coolidge. et Hoover se succèdent à la Maison Blanche jusqu'en mars 1933. Le gouvernement coopère avec les milieux d affaires.
« Le parti républicain est, par essence, celui de la richesse organisée, de la grande production capitaliste : c'est instinctivement que celle-ci s'appuie sur lui, et lui sur elle...
Par là, le parti représente à la fois la prospérité et la conservation sociale. Les indices de réussite matérielle mesurent le succès de sa politique ... Dans ce pays fortuné, où l'abondance apparaît chose normale, on ne saurait s'étonner que. depuis un demi-siècle, il ait été, sauf de rares intermèdes, presque constamment au pouvoir. Non moins logique est l'esprit conservateur qu'il incarne, car si les affaires vont bien, pourquoi rien changer au régime politique?
... Ceux qui sont sur le chemin de la fortune ou qui, l'ayant acquise, veulent la consolider ou l'accroître, demanderont donc au gouvernement de les laisser faire, de ne pas les entraver, de les favoriser au contraire en mettant à leur service le pouvoir de l'Etat ...
(La) raison d'être (du parti), c'est d'appuyer la production organisée, de la défendre contre l'étranger par la protection douanière massive dont il s'est fait la spécialité, de considérer sans fausse honte " les affaires " comme servant l'intérêt général de la nation. Il y a là une conception politique qui se tient, et, tant que la prospérité des plus heureux rejaillit sur tous, on comprend que la majorité s'en accommode. »
A. Siegfried. Les États-Unis d'aujourd'hui, Éditions Armand Colin.1927
Manuel Istra, 1ere, ed 1982, p 154
rappel :
http://clioweb.canalblog.com/archives/2014/12/09/31109767.html
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Le pétrole, le président et les voyous
Le pétrole, le président et les voyous - Le Monde 07.08.2013
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/08/07/le-petrole-le-president-et-les-voyous_3458338_3234.html
- Le président, c’est le républicain Warren Harding (il succède au démocrate W. Wilson).
Il est élu en 1920, dans le contexte de l'après-guerre (crise, rejet de la SDN, peur de la révolution) grâce à l'argent des pétroliers. http://fr.wikipedia.org/wiki/Warren_Gamaliel_Harding
- Les voyous, ce sont Albert Fall, sénateur du Nouveau-Mexique et les pétroliers Harry F Sinclair et Edward L. Doheny.
Le gang met la main sur le Teapot Dome, dans le Wyoming et Elk Hills en Californie.
Harding meut opportunément en août 1923.
Par la suite, ceux qui ont confondu les affaires et leurs affaires sont traduits en justice. Fall est condamné pour félonie.
« Le parti républicain est, par essence, celui de la richesse organisée, celui de la grande production capitaliste : c'est instinctivement que celle-ci s'appuie sur lui, et lui sur elle... » écrit André Siegfried en 1927. « La raison d'être de ce parti, c'est d'appuyer la production organisée, de la défendre contre l'étranger par la protection douanière massive dont il s'est fait la spécialité, de considérer sans fausse honte " les affaires comme servant l'intérêt général de la nation. Il y a là une conception politique qui se tient, et, tant que la prospérité des plus heureux rejaillit sur tous, on comprend que la majorité s'en accommode ».
L’Amérique des républicains est celle de la prospérité menant à la crise de 1929 mais aussi celle de la prohition de l'alcool, du repli nationaliste (isolationnisme face à l'Europe, tarifs douaniers), de lois arrêtant l'immigration (lois sur les quotas 1921, 1924), de la politique xénophobe et de l’obsession anti-rouge : Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, deux anarchistes d’origine italienne, sont condamnés en 1920-21 et exécutés en 1927.
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Les paradis fiscaux, c'est fini
- «Les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est fini...» - NS 23.09.2009
- Exil, Caïman… les portes des paradis - Libération économie 10.04.2013
Lancée en 2009, la lutte contre les places offshore a peu progressé sur le terrain. Mais gagne les esprits.
http://www.liberation.fr/economie/2013/04/10/exil-caiman-les-portes-des-paradis_895300
- « L’évasion fiscale est une menace de plus pour le pacte républicain » - Libération économie 10.04.2013
Interview de John Christensen, Conseiller économique de Jersey devenu militant, directeur de Tax Justice Network
http://www.liberation.fr/economie/2013/04/10/l-evasion-fiscale-est-une-menace-de-plus-pour-le-pacte-republicain_895315
- Le Monde diplomatique et l'Atelier de cartographie de Sciences-Po proposent des cartes
Dans l’archipel planétaire de la criminalité financière, Philippe Rekacewicz, 1er avril 2000
http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/#Economie-et-finance
http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/
Les paradis fiscaux en 2011
http://cartographie.sciences-po.fr/fr/paradis-fiscaux-2011
- Larmes de Filoche contre larmes de crocodile - Tribune de Pierre Marcelle - Libération Rebonds, 12.04.2013
La presse se déchaîne contre les politiques, supposés tous pourris.
JMM après avoir plombé les comptes de Vivendi emballe 20 M d'euros d'indemnités, Lombard enterra le service public et une trentaine de salariés conserve après sa démission 500 000 euros comme conseiller spécial.
A partir d'un certain niveau de compétence supposée, l'incompétence avérée ne saurait être sanctionnée. Les pauvres, on les vire. Avez-vous jamais vu un patron viré pour incompétence notoire ?
à venir demain en ligne :
http://www.liberation.fr/politiques/2013/04/11/larmes-de-filoche-contre-larmes-de-crocodile_895519
La morale laïque enseignée à ceux qui font des affaires ? Pour leur éviter de tomber dans la corruption et la médiatisation de leurs affaires peu avouables ? Une piste à souffler au ministre de l'Education et à ses conseillers spéciaux : la morale, ce n'est pas seulement pour les pauvres. Pas plus que le civisme.
Cayman Islands - source : Google Maps
Cayman Islands - source : Google Maps
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Alain Garrigou - Le pari d'un clan
Le pari d’un clan. Quand la bourgeoisie d’affaires prétend gérer la France
Alain Garrigou, Le Monde diplomatique, mai 2012
http://www.monde-diplomatique.fr/2012/05/GARRIGOU/47687
Alain Garrigou propose de prendre la mesure du fiasco :
« une caricature de gouvernement présidentiel qui, sans en avoir les moyens administratifs, s’est mêlé de tout. Atteint de boulimie législative, il a produit une inflation de lois sans concrétisation ; une politique brouillonne, avec un premier ministre réduit au rôle de collaborateur et un Parlement devenu chambre d’enregistrement ».
Il analyse les effets du mélange ostentatoire de l'ambition d'un professionnel de la politique et de la tribu de la bourgeoisie d'affaires.
Il cite les souvenirs de Tocqueville à propos du précédent de la Monarchie de Juillet.
« L'esprit particulier de la classe moyenne devint l'esprit général du gouvernement ; il domina la politique extérieure aussi bien que les affaires du dedans : esprit actif, industrieux, souvent déshonnête, généralement rangé, téméraire quelquefois par vanité et par égoïsme, timide par tempérament, modéré en toute chose, excepté dans le goût du bien-être, et médiocre ; esprit, qui, mêlé à celui du peuple ou de l'aristocratie, peut faire merveille, mais qui, seul, ne produira jamais qu'un gouvernement sans vertu et sans grandeur. Maîtresse de tout comme ne l'avait jamais été et ne le sera peut-être jamais aucune aristocratie, la classe moyenne, devenue le gouvernement, prit un air d'industrie privée ; elle se cantonna dans son pouvoir et, bientôt après, dans son égoïsme, chacun de ses membres songeant beaucoup plus à ses affaires privées qu'aux affaires publiques et à ses jouissances qu'à la grandeur de la nation ».
Tocqueville, Souvenirs, I, 6
http://fr.wikisource.org/wiki/Souvenirs_Tocqueville
« Contre les vieilles règles de discrétion, les patrons se sont tellement enrichis qu'ils ont acquis les réflexes des nouvelles fortunes. Les business schools se sont muées en écoles du nouveau pouvoir, tandis que les anciennes, ENA et Sciences Po étaient transformées en business schools ».
On a rarement vu une classe dirigeante ... se tromper autant à tous égards ... Pourtant on n'a pas entendu beaucoup de banquiers faire acte de contrition... En politique aussi, la dénégation se porte bien : on invoque la crise, forcément imprévisible...
Y a-t-il place pour une nouvelle alliance assez lucide et assez forte pour changer le cours des choses et restaurer l'autorité du service public ?
Que peuvent les classes moyennes ? dossier du Monde diplomatique :
Entre soumission et rébellion
De Londres à Santiago, la révolte des déclassés
En Chine, des petits prospères peu soucieux de démocratie
Une étiquette commode pour les opposants russes
NB : Les 4 frères ne connaissent pas la crise
Rappels
- NS et l'Université - La revanche personnelle d’un cancre.
http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article219
3 ans d'Observatoire des sondages et plus de 500 papiers
http://www.observatoire-des-sondages.org/Trois-ans-de-l-Observatoire-et.html
Critique des sondages - Colloque Le Monde diplomatique - 05.11.2011
http://www.amis.monde-diplomatique.fr/article3123.html
Manuel anti-sondages
http://www.observatoire-des-sondages.org/Manuel-anti-sondages.html
Le blog Régime d'opinion
http://blog.mondediplo.net/-Regime-d-opinion-
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La philosophie des affaires
- L'Ecole Normale Supérieure tentée par la philosophie des affaires;
Des serviteurs de l'Etat poussés vers le secteur privé.
Dans une double page dans Le Monde diplomatique d'août 2011, le philosophe Mathias Roux analyse et met en contexte les évolutions récentes de l'ENS et de l'ENA.
http://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/
Un article qui sera sans doute mis en ligne au mois de septembre.
Depuis 1795, l’Ecole normale supérieure (ENS Ulm) avait pour mission de produire un corps enseignant d’élite baigné de valeurs humanistes. Les Normaliens étaient recrutés sur concours, après deux ans de classe préparatoire. Ils avaient le statut d'élève-professeur, ils étaient salariés, et devaient s'engager à servir pendant dix ans le service public.
Créée après guerre, l’ENA devait former des grands commis de l’Etat.
« Depuis quelques années, devenues des instruments de reproduction de la classe dirigeante française, ces deux institutions prestigieuses tentent de s’imposer comme un sas vers le monde des affaires ».
Un modèle radicalement différent leur est imposé, inspiré de celui des Business schools anglo-saxonnes : les Normaliens doivent cultiver leur profil de manager, vendre leurs talents, faire appel aux cabinets spécialisés dans la mesure des compétences et se préparer à encadrer les ressources humaines dans le secteur privé.
« Pareil recentrage induit une crise de légitimité aiguë dans des écoles qui reproduisent les inégalités sociales et scolaires. En 2009, parmi les 81 étudiants intégrés à l’ENA, seulement 4 avaient un parent ouvrier. Un rapport du Sénat de 2007 a constaté qu’à l’ENS et à l’ENA, on rencontre moitié moins de jeunes issus des classes populaires que dans les années 1970 ».
Au sein de ces nouvelles élites, le détour par le secteur privé s'est accéléré : le pantouflage intervient en moyenne quatre ans et quatre mois après la fin de la scolarité à l'ENA, soit trois fois plus vite que dans les années 1970. Et pour ceux qui restent dans le secteur public, la priorité, c'est d'imposer à l'Etat le mode de gestion de l'entreprise privée.
Un tel creuset de sélection et de fabrication des élites s'oppose à toute véritable démocratisation...
« Chez les élites, l'obligation de service public devrait compter au nombre des priorités de tout programme politique progressiste ».
Lire aussi du même auteur,
? http://fr-fr.facebook.com/mathias.roux
Mise en scène médiatique de l’opulence - Du pain, des jeux et des milliardaires
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/05/ROUX/15880
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En illustration de l'article, un tableau de Jan Van Scorel (1495-1562) : Portrait d'un humaniste
(background landscape with the tower of Babel) Wood; 67 x 52cm Cat. 2580 - Museo del Prado, Madrid, Spain.
source : http://www.flickr.com/photos/80964676
http://www.lessing-photo.com/dispimg.asp?i=39190366+&cr=4&cl=1
Autres tableaux de Jan Van Scorel sur le Web Gallery of Art
http://en.wikipedia.org/wiki/Jan_van_Scorel
http://commons.wikimedia.org/wiki/Jan_van_Scorel