Victor Hugo, républicain engagé
Expo BNF -
http://expositions.bnf.fr/hugo/expo.htm
les romans,
voyages
dessins
républicain engagé
écrits
Victor Hugo (1802-1885)
http://clioweb.free.fr/textes/victorhugo.htm
Hugo, les essentiels
https://gallica.bnf.fr/essentiels/hugo
1850 : Hugo contre le parti clérical
http://clioweb.free.fr/textes/hugo1850.htm
http://clioweb.canalblog.com/archives/2020/12/08/38694946.html
1849 : Victor Hugo pour des EU d'Europe
http://clioweb.free.fr/dossiers/europe/europe-hugo-1849.pdf
.
Cafés APHG Février 2022
Cafés APHG février 2022
https://www.aphg.fr/Au-programme-du-cafe-virtuel-de-l-APHG-en-fevrier-2022
APHG : les audios en ligne :
https://www.aphg.fr/-L-actualite-culturelle-scientifique-
mardi 1er février à 18h30, l’APHG NPDC
Julie Claustre
Les mémoires de besogne de Colin de Lormoye, un couturier au Moyen Âge,
inscriptions : secretariataphglille@gmail.com
mercredi 2 février à 18h30, la Régionale d’Aix-Marseille
Sandrine Maljean-Dubois
A-t-on encore besoin des COP sur le climat ?
Inscription : aixmarseilleaphg@gmail.com
vendredi 4 février 18h30, l’APHG Lyon
Gennaro Toscano
la Calabre napoléonienne
Inscriptions : philippe.prudent@sfr.fr
lundi 7 février 19h,
François Xavier Nérard
« Qu’est-ce que le stalinisme ? »
Inscriptions philippe.prudent@sfr.fr
mercredi 9 février 18h, l’Atelier Europe/International
Frank Tétart et Pierre-Alexandre Mounier
L’Atlas de l’Europe. Un continent dans tous ses états.
Inscriptions : europeaphg@gmail.com
jeudi 10 février, à 18h30, l’Atelier Citoyenneté
Alexandre Bande, Pierre-Jérôme Biscarat et Olivier Lalieu
Nouvelle Histoire de la Shoah.
inscriptions : aphgateliercitoyennete@orange.fr
vendredi 11 février 19h, l’APHG Lyon
Joël Cornette
une biographie d’Anne de Bretagne
inscriptions philippe.prudent@sfr.fr
lundi 14 février à 18h, l’APHG Nice
Noëlline Castagnez
Quand les socialistes français se souviennent de leurs guerres : Mémoire et identité (1944-1995). Inscriptions : aphgnice@gmail.com
mardi 15 février 19h, les régionales de Nice et de Lille
Guillaume Blanc
Décolonisations. Histoires situées d’Afrique et d’Asie (XIXe-XXIe s.).
Inscriptions : aphgnice@gmail.com
mercredi 16 février 19h, l’APHG Lille
Vincent Capdepuy
Chroniques au bord du monde
inscriptionsaphg@gmail.com
vendredi 18 février 19h, Les régionales de Lyon et du Nord
Madalina Dana
manuel de concours publié aux éditions Atlande, Le monde grec et l’Orient
inscriptionsaphg@gmail.com
lundi 21 février à 19h, l’APHG NPDC
Jérémie Brucker
Avoir l’étoffe. Une histoire du vêtement professionnel en France des années 1880 à nos jours.
Inscriptions : inscriptionsaphg@gmail.com
mardi 22 février à 18h30, l’APHG Basse Normandie
Dominique Godineau
Les femmes sous l’Ancien Régime :
inscriptionAPHGBasseNormandie@gmail.com
mercredi 23 février à 18h30, l’atelier citoyenneté
Isabelle Collet
Oubliées du numérique.
Inscriptions : aphgateliercitoyennete@orange.fr
jeudi 24 février à 19h, Jacques-Olivier Boudon
Myriam Tsikounas
Le monde de Mathilde. Femme savante et criminelle.
Inscriptions : inscriptionsaphg@gmail.com
vendredi 25 février à 19h,
Dominique Garcia
La Fabrique de la France. Vingt ans d’archéologie préventive en France
Inscriptions : inscriptionsaphg@gmail.com
lundi 28 février 18h30, l’APHG Nord-Pas-de-Calais
Lauriane Cros
« Franc-maçonnerie, réseaux maçonniques et dynamiques bordelaises au XVIIIe siècle »
Inscriptions : cyclesecretsaphg@gmail.com
L'Europe, conséquence de la paix
« L'Europe, ce n'est pas la paix,
c'est la conséquence de la paix »
Elie Barnavi, Le Monde, Blois 8.10.2013
http://clioweb.free.fr/debats/barnavi-guerre-2013.pdf
Dans un chat, mardi 8 octobre, Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France,
historien et intervenant à la conférence inaugurale
de la 16e édition des Rendez-vous de l'Histoire, à Blois, le 10 octobre 2013,
revient sur le lien entre guerre et humanité.
« On dit souvent : l'Europe, c'est la paix.
Mais en fait, l'Europe est la conséquence de la paix.
Ce qui rend inconcevable la guerre à l'Europe,
ce n'est pas nécessairement l'unification de l'Europe,
c'est le fait que l'Europe est organisée en Etats-nations démocratiques,
et que les démocraties libérales, s'il leur arrive de faire la guerre, ne se font jamais la guerre ».
.
Regional GDP 2008-2018
Regional differences of economic development
Year in which, within the period up to 2018*,
the GDP reached or exceeded the value before the economic and financial crisis 2008/2009** 3 years in succession
BBSR - 30 dec 2020
Regions: NUTS 3 (2016), NUTS 0
Data source: Spatial Monitoring System for Europe;
Data origin: Eurostat;
EuroGeographics for the administrative boundaries
https://www.atlasta2030.de/en/content/img/1-2-3.pdf
https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=REGION_ECONOM
.
magazine Carto 51-57
magazine Carto, les sommaires en ligne
https://www.areion24.news/categorie-produit/numero-carto/
Carto n° 57 : Etonnante Italie
Carto n° 56 : Le plastique, un danger planétaire
Carto n° 55 : Guerre(s) et Paix
Carto n° 54 : L’avenir des animaux
Carto n° 53 : Demain, on mange quoi ?
Carto n° 52 : L’Afrqiue émergente
Carto n° 51 : L’Union européenne
54 : L'avenir des animaux
http://www.areion24.news/produit/carto-n-54/
53 : Demain, on mange quoi ?
http://www.areion24.news/produit/carto-n-53/
52 : L'Afrique émergente
http://www.areion24.news/produit/carto-n-52/
Twitter : http://twitter.com/CartoMag/
.
1849 : Victor Hugo pour des EU d'Europe
Congrès de la Paix
Discours d’ouverture prononcé à Paris par Victor Hugo le 21 août 1849
(en gras, le texte publié par Le Monde 20.05.2019
http://clioweb.free.fr/dossiers/europe/europe-hugo-1849.pdf
« ... Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses,
les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe (applaudissements),
placés en face l’un de l’autre, se tendant (tendront?) la main par-dessus les mers,
échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies,
défrichant le globe, colonisant les déserts,
améliorant la création sous le regard du créateur,
et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous,
ces deux forces infinies la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! »
[un rappel du contexte :
en août 1849, le printemps des peuples se termine partout.
Ainsi, en Hongrie, les dernières unités capitulent le 13 août, face aux troupes autrichiennes et Russes.
La répression est brutale et durable.]
.
Le discours de Victor Hugo, d'après la version Wikisource
M. Victor Hugo est élu président. M. Cobden est élu vice-président.
M. Victor Hugo se lève et dit :
Messieurs, beaucoup d’entre vous viennent des points du globe les plus éloignés, le cœur plein d’une pensée religieuse et sainte. Vous comptez dans vos rangs des publicistes, des philosophes, des ministres des cultes chrétiens, des écrivains éminents, plusieurs de ces hommes considérables, de ces hommes publics et populaires qui sont les lumières de leur nation. Vous avez voulu dater de Paris les déclarations de cette réunion d’esprits convaincus et graves, qui ne veulent pas seulement le bien d’un peuple, mais qui veulent le bien de tous les peuples. (Applaudissements.) Vous venez ajouter aux principes qui dirigent aujourd’hui les hommes d’état, les gouvernants, les législateurs, un principe supérieur. Vous venez tourner en quelque sorte le dernier et le plus auguste feuillet de l’Evangile, celui qui impose la paix aux enfants du même Dieu, et, dans cette ville qui n’a encore décrété que la fraternité des citoyens, vous venez proclamer la fraternité des hommes.
Soyez les bienvenus ! (Long mouvement.)
En présence d’une telle pensée et d’un tel acte, il ne peut y avoir place pour un remerciement personnel. Permettez-moi donc, dans les premières paroles que je prononce devant vous, d’élever mes regards plus haut que moi-même, et d’oublier, en quelque sorte, le grand honneur que vous tenez de me conférer, pour ne songer qu’à la grande chose que vous voulez faire.
Messieurs, cette pensée religieuse, la paix universelle, toutes les nations liées entre elles d’un lien commun, l’évangile pour loi suprême, la médiation substituée à la guerre, cette pensée religieuse est-elle une pensée pratique ? cette idée sainte est-elle une idée réalisable ? Beaucoup d’esprits positifs, comme on parle aujourd’hui, beaucoup d’hommes politiques vieillis, comme on dit, dans le maniement des affaires, répondent : Non. Moi, je réponds avec vous, je réponds sans hésiter, je réponds : Oui ! (applaudissements) et je vais essayer de le prouver tout à l’heure.
Je vais plus loin ; je ne dis pas seulement : C’est un but réalisable, je dis : C’est un but inévitable ; on peut en retarder ou en hâter l’avènement, voilà tout.
La loi du monde n’est pas et ne peut pas être distincte de la loi de Dieu. Or, la loi de Dieu, ce n’est pas la guerre, c’est la paix. (Applaudissements.) Les hommes ont commencé par la lutte, comme la création par le chaos. (Bravo ! bravo !) D’où viennent-ils ? De la guerre ; cela est évident. Mais où vont-ils ? À la paix ; cela n’est pas moins évident.
Quand vous affirmez ces hautes vérités, il est tout simple que votre affirmation rencontre la négation ; il est tout simple que votre foi rencontre l’incrédulité ; il est tout simple que, dans cette heure de nos troubles et de nos déchirements, l’idée de la paix universelle surprenne et choque presque comme l’apparition de l’impossible et de l’idéal ; il est tout simple que l’on crie à l’utopie ; et, quant à moi, humble et obscur ouvrier dans cette grande œuvre du dix-neuvième siècle, j’accepte cette résistance des esprits sans qu’elle m’étonne ni me décourage. Est-il possible que vous ne fassiez pas détourner les têtes et fermer les yeux dans une sorte d’éblouissement, quand, au milieu des ténèbres qui pèsent encore sur nous, vous ouvrez brusquement la porte rayonnante de l’avenir ? (Applaudissements)
Messieurs, si quelqu’un, il y a quatre siècles, à l’époque où la guerre existait de commune à commune, de ville à ville, de province à province, si quelqu’un eût dit à la Lorraine, à la Picardie, à la Normandie, à la Bretagne, à l’Auvergne, à la Provence, au Dauphiné, à la Bourgogne : un jour viendra où vous ne vous ferez plus la guerre, un jour viendra où vous ne lèverez plus d’hommes d’armes les uns contre les autres, un jour viendra où l’on ne dira plus : - Les Normands ont attaqué les Picards, les Lorrains ont repoussé les Bourguignons. Vous aurez bien encore des différends à régler, des intérêts à débattre, des contestations à résoudre, mais savez vous ce que vous mettrez à la place des hommes d’armes ? savez-vous ce que vous mettrez à la place des gens de pied et de cheval, des canons, des fauconneaux, des lances, des piques, des épées ? Vous mettrez une petite boîte de sapin que vous appellerez l’urne du scrutin, et de cette boîte il sortira, quoi ? une assemblée ! une assemblée en laquelle vous vous sentirez tous vivre, une assemblée qui sera comme votre âme à tous, un concile souverain et populaire qui décidera, qui jugera, qui résoudra tout en loi, qui fera tomber le glaive de toutes les mains et surgir la justice dans tous les cœurs, qui dira à chacun : Là finit ton droit, ici commence ton devoir. Bas les armes ! vivez en paix ! (Applaudissements.) Et ce jour-là, vous vous sentirez une pensée commune, des intérêts communs, une destinée commune ; vous vous embrasserez, vous vous reconnaîtrez fils du même sang et de la même race ; ce jour-là, vous ne serez plus des peuplades ennemies, vous serez un peuple ; vous ne serez plus la Bourgogne, la Normandie, la Bretagne, la Provence, vous serez la France. Vous ne vous appellerez plus la guerre, vous vous appellerez la civilisation.
Si quelqu’un eût dit cela à cette époque, messieurs, tous les hommes positifs, tous les gens sérieux, tous les grands politiques d’alors se fussent écriés : — Oh ! le songeur ! Oh ! le rêve-creux ! Comme cet homme connaît peu l’humanité ! Que voilà une étrange folie et une absurde chimère ! — Messieurs, le temps a marché, et cette chimère, c’est la réalité. (Mouvement.)
Et, j’insiste sur ceci, l’homme qui eût fait cette prophétie sublime eût été déclaré fou par les sages, pour avoir entrevu les desseins de Dieu ! (Nouveau mouvement.) Eh bien ! vous dites aujourd’hui, et je suis de ceux qui disent avec vous, tous, nous qui sommes ici, nous disons à la France, à l’Angleterre, à la Prusse, à l’Autriche, à l’Espagne, à l’Italie, à la Russie, nous leur disons :
Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européennne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’assemblée législative est à la France ! (Applaudissements.) Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! (Rires et bravos.) Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe (applaudissements), placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! (Longs applaudissements.)
Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.
Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. (Immenses applaudissements.)
Nous aimer ! Dans cette œuvre immense de la pacification, c’est la meilleure manière d’aider Dieu !
Car Dieu le veut, ce but sublime ! Et voyez, pour y atteindre, ce qu’il fait de toutes parts ! Voyez que de découvertes il fait sortir du génie humain, qui toutes vont à ce but, la paix ! Que de progrès, que de simplifications ! Comme la nature se laisse de plus en plus dompter par l’homme ! comme la matière devient de plus en plus l’esclave de l’intelligence et la servante de la civilisation ! comme les causes de guerre s’évanouissent avec les causes de souffrance ! comme les peuples lointains se touchent ! comme les distances se rapprochent ! Et le rapprochement, c’est le commencement de la fraternité.
Grâce aux chemins de fer, l’Europe bientôt ne sera pas plus grande que ne l’était la France au moyen âge ! Grâce aux navires à vapeur, on traverse aujourd’hui l’Océan plus aisément qu’on ne traversait autrefois la Méditerranée ! Avant peu, l’homme parcourra la terre comme les dieux d’Homère parcouraient le ciel, en trois pas. Encore quelques années, et le fil électrique de la concorde entourera le globe et étreindra le monde. (Applaudissements.)
Ici, messieurs, quand j’approfondis ce vaste ensemble, ce vaste concours d’efforts et d’événements, tous marqués du doigt de Dieu ; quand je songe à ce but magnifique, le bien-être des hommes, la paix ; quand je considère ce que la providence fait pour et ce que la politique fait contre, une réflexion douloureuse s’offre à mon esprit.
Il résulte des statistiques et des budgets comparés que les nations européennes dépensent tous les ans, pour l’entretien de leurs armées, une somme qui n’est pas moindre de deux milliards, et qui, si l’on y ajoute l’entretien du matériel des établissements de guerre, s’élève à trois milliards. Ajoutez-y encore le produit perdu des journées de travail de plus de deux millions d’hommes, les plus sains, les plus vigoureux, les plus jeunes, l’élite des populations, produit que vous ne pouvez pas évaluer à moins d’un milliard, et vous arrivez à ceci que les armées permanentes coûtent annuellement à l’Europe quatre milliards. Messieurs, la paix vient de durer trente-deux ans, et en trente-deux ans la somme monstrueuse de cent vingt-huit milliards a été dépensée pendant la paix pour la guerre! (Sensation.) Supposez que les peuples d’Europe, au lieu de se défier les uns des autres, de se jalouser, de se haïr, se fussent aimés ; supposez qu’ils se fussent dit qu’avant même d’être français, ou anglais, ou allemands, on est homme, et que, si les nations sont des patries, l’humanité est une famille. Et maintenant, cette somme de cent vingt-huit milliards, si follement et si vainement dépensée par la défiance, faites-la dépenser par la confiance ! Ces cent vingt-huit milliards donnés à la haine, donnez-les à l’harmonie ! Ces cent vingt-huit milliards donnés à la guerre, donnez-les à la paix ! (applaudissements) Donnez-les au travail, à l’intelligence, à l’industrie, au commerce, à la navigation, à l’agriculture, aux sciences, aux arts, et représentez-vous le résultat. Si, depuis trente-deux ans, cette gigantesque somme de cent vingt-huit milliards avait été dépensée de cette façon, l’Amérique, de son côté, aidant l’Europe, savez-vous ce qui serait arrivé ? La face du monde serait changée ! les isthmes seraient coupés, les fleuves creusés, les montagnes percées, les chemins de fer couvriraient les deux continents, la marine marchande du globe aurait centuplé, et il n’y aurait plus nulle part ni landes ni jachères, ni marais ; on bâtirait des villes là où il n’y a encore que des solitudes ; on creuserait des ports là où il n’y a encore que des écueils ; l’Asie serait rendue à la civilisation, l’Afrique serait rendue à l’homme ; la richesse jaillirait de toutes parts de toutes les veines du globe sous le travail de tous les hommes, et la misère s’évanouirait ! Et savez-vous ce qui s’évanouirait avec la misère ? Les révolutions. (Bravos prolongés.) Oui, la face du monde serait changée ! Au lieu de se déchirer entre soi, on se répandrait pacifiquement sur l’univers ! Au lieu de faire des révolutions, on ferait des colonies ! Au lieu d’apporter la barbarie à la civilisation, on apporterait la civilisation à la barbarie ! (Nouveaux applaudissements)
Voyez, messieurs, dans quel aveuglement la préoccupation de la guerre jette les nations et les gouvernants ; si les cent vingt-huit milliards qui ont été donnés par l’Europe depuis trente-deux ans à la guerre qui n’existait pas avaient été donnés à la paix qui existait, disons-le, et disons-le bien haut, on n’aurait rien vu en Europe de ce qu’on y voit en ce moment ; le continent, au lieu d’être un champ de bataille, serait un atelier ; et, au lieu de ce spectacle douloureux et terrible, le Piémont abattu, Rome, la ville éternelle, livrée aux oscillations misérables de la politique humaine, la Hongrie et Venise qui se débattent héroïquement, la France inquiète, appauvrie et sombre, la misère, le deuil, la guerre civile, l’obscurité sur l’avenir ; au lieu de ce spectacle sinistre, nous aurions sous les yeux l’espérance, la joie, la bienveillance, l’effort de tous vers le bien-être commun, et nous verrions partout se dégager de la civilisation en Travail le majestueux rayonnement de la concorde universelle. (Bravo ! bravo. — Applaudissements.)
Chose digne de méditation ! ce sont nos précautions contre la guerre qui ont amené les révolutions. On a tout fait, on a tout dépensé contre le péril imaginaire. On a aggravé ainsi la misère, qui était le péril réel. On s’est fortifié contre un danger chimérique, on a tourné ses regards du côté où n’était pas le point noir, on a vu les guerres qui ne venaient pas, et l’on n’a pas vu les révolutions qui arrivaient. (Longs applaudissements.)
Messieurs, ne désespérons pas pourtant. Au contraire, espérons plus que jamais ! Ne nous laissons pas effrayer par des commotions momentanées, secousses nécessaires peut-être des grands enfantements. Ne soyons pas injustes pour les temps où nous vivons, ne voyons pas notre époque autrement qu’elle n’est. C’est une prodigieuse et admirable époque après tout, et le dix-neuvième siècle sera, disons-le hautement, la plus grande page de l’histoire. Comme je vous le rappelais tout à l’heure, tous les progrès s’y révèlent et s’y manifestent à la fois, les uns amenant les autres ; chute des animosités internationales, effacement des frontières sur la carte et des préjugés dans les cœurs, tendance à l’unité, adoucissement des mœurs, élévation du niveau de l’enseignement et abaissement du niveau des pénalités, domination des langues les plus littéraires, c’est-à-dire les plus humaines ; tout se meut en même temps, économie politique, science, industrie, philosophie, législation, et converge au même but, la création du bien-être et de la bienveillance, c’est-à dire, et c’est là pour ma part le but auquel je tendrai toujours, extinction de la misère au dedans, extinction de la guerre au dehors. (Applaudissements.)
Oui, je le dis en terminant, l’ère des révolutions se ferme, l’ère des améliorations commence. Le perfectionnement des peuples quitte la forme violente pour prendre la forme paisible. Le temps est venu où la providence va substituer à l’action désordonnée des agitateurs l’action religieuse et calme des pacificateurs. (Oui ! oui !)
Désormais, le but de la politique grande, de la politique vraie, le voici : faire reconnaître toutes les nationalités, restaurer l’unité historique des peuples et rallier cette unité à la civilisation par la paix, élargir sans cesse le groupe civilisé, donner le bon exemple aux peuples encore barbares, substituer les arbitrages aux batailles ; enfin, et ceci résume tout, faire prononcer par la justice le dernier mot que l’ancien monde faisait prononcer par la force. (Profonde sensation.)
Messieurs, je le dis en terminant, et que cette pensée nous encourage, ce n’est pas aujourd’hui que le genre humain est en marche dans cette voie providentielle. Dans notre vieille Europe, l’Angleterre a fait le premier pas, et par son exemple séculaire elle a dit aux peuples : Vous êtes libres. La France a fait le second pas, et elle a dit aux peuples : Vous êtes souverains.
Maintenant faisons le troisième pas et tous ensemble, France, Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe, Amérique, disons aux peuples : Vous êtes frères ! (Immense acclamation. — L’orateur se rassied au milieu des applaudissements.)
;
9 mai 1950 : déclaration Schuman
La déclaration de Robert Schuman - 9 mai 1950
http://europa.eu/european-union/about-eu/symbols/europe-day/schuman-declaration_fr
La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre.
L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.
Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif.
Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.
La mise en commun des productions de charbon et d'acier assurera immédiatement l'établissement de bases communes de développement économique, première étape de la Fédération européenne, et changera le destin de ces régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles ont été les plus constantes victimes.
La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. L'établissement de cette unité puissante de production ouverte à tous les pays qui voudront y participer, aboutissant à fournir à tous les pays qu'elle rassemblera les éléments fondamentaux de la production industrielle aux mêmes conditions, jettera les fondements réels de leur unification économique.
Cette production sera offerte à l'ensemble du monde sans distinction ni exclusion, pour contribuer au relèvement du niveau de vie et au développement des oeuvres de paix. L'Europe pourra, avec des moyens accrus, poursuivre la réalisation de l'une de ses tâches essentielles: le développement du continent africain.
Ainsi sera réalisée simplement et rapidement la fusion d'intérêts indispensable à l'établissement d'une communauté économique qui introduit le ferment d'une communauté plus large et plus profonde entre des pays longtemps opposés par des divisions sanglantes.
Par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix.
Pour poursuivre la réalisation des objectifs ainsi définis, le gouvernement français est prêt à ouvrir des négociations sur les bases suivantes.
La mission impartie à la Haute Autorité commune sera d'assurer dans les délais les plus rapides : la modernisation de la production et l'amélioration de sa qualité, la fourniture à des conditions identiques du charbon et de l'acier sur le marché français et sur le marché allemand, ainsi que sur ceux des pays adhérents, le développement de l'exportation commune vers les autres pays, l'égalisation dans le progrès des conditions de vie de la main-d'oeuvre de ces industries.
Pour atteindre ces objectifs à partir des conditions très disparates dans lesquelles sont placées actuellement les productions des pays adhérents, à titre transitoire, certaines dispositions devront être mises en oeuvre, comportant l'application d'un plan de production et d'investissements, l'institution de mécanismes de péréquation des prix, la création d'un fonds de reconversion facilitant la rationalisation de la production. La circulation du charbon et de l'acier entre les pays adhérents sera immédiatement affranchie de tout droit de douane et ne pourra être affectée par des tarifs de transport différentiels. Progressivement se dégageront les conditions assurant spontanément la répartition la plus rationnelle de la production au niveau de productivité le plus élevé.
A l'opposé d'un cartel international tendant à la répartition et à l'exploitation des marchés nationaux par des pratiques restrictives et le maintien de profits élevés, l'organisation projetée assurera la fusion des marchés et l'expansion de la production.
Les principes et les engagements essentiels ci-dessus définis feront l'objet d'un traité signé entre les Etats et soumis à la ratification des parlements. Les négociations indispensables pour préciser les mesures d'application seront poursuivies avec l'assistance d'un arbitre désigné d'un commun accord; celui-ci aura charge de veiller à ce que les accords soient conformes aux principes et, en cas d'opposition irréductible, fixera la solution qui sera adoptée.
La Haute Autorité commune chargée du fonctionnement de tout le régime sera composée de personnalités indépendantes désignées sur une base paritaire par les gouvernements; un président sera choisi d'un commun accord par les gouvernements; ses décisions seront exécutoires en France, en Allemagne et dans les autres pays adhérents. Des dispositions appropriées assureront les voies de recours nécessaires contre les décisions de la Haute Autorité.
Un représentant des Nations Unies auprès de cette autorité sera chargé de faire deux fois par an un rapport public à l'ONU, rendant compte du fonctionnement de l'organisme nouveau, notamment en ce qui concerne la sauvegarde de ses fins pacifiques.
L'institution de la Haute Autorité ne préjuge en rien du régime de propriété des entreprises. Dans l'exercice de sa mission, la Haute Autorité commune tiendra compte des pouvoirs conférés à l'Autorité internationale de la Ruhr et des obligations de toute nature imposées à l'Allemagne, tant que celles-ci subsisteront.
L'EUROPE ET LA PAIX. Jalons pour une relecture de l'histoire européenne des XIXe-XXIe siècles
Matériaux pour l’histoire de notre temps no 108 – 2012/4
http://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2012-4.htm
dont
La paix, parent pauvre de l’histoire contemporaine
Jean-Michel Guieu - Matériaux no 108
http://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2012-4-page-1.htm
.
.
Reconstruire l'histoire de l'Europe - 1
Pour construire l’Europe, il faut reconstruire son histoire
Tribune Le Monde 19.04.2019
Stéphane Michonneau (Université de Lille / IRHiS)
et Thomas Serrier (Université de Lille / IRHiS / IEA Nantes)
Assumer les ombres comme les lumières de notre histoire
L’Europe est un champ de failles
L’Europe riche de ses divisions
... « Reconstruire l’histoire de l’Europe pour reconstruire l’Europe, tel est notre objectif. Pour nous, Européens et non Européens, il est crucial de donner du sens à cette expérience aussi unique que fragile. Forts de cette confrontation des mémoires, nous nous devons de raconter l’histoire d’une Europe qui s’efforce, envers et contre tout, de construire un autre rapport à soi et au monde ».
One heritage, one story: that’s not the Europe we know
Our continent’s past is made up of many varied stories.
Only by examining and accepting this can we secure our future
Thomas Serrier and Stéphane Michonneau, The Guardian, Wed 17 Apr 2019
https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/apr/17/unite-europe-divides-future
« To reconstruct Europe, it is vital to reconstruct its history. It seems crucial that this unique and fragile European experience be given a fuller meaning. By reflecting on our divided memories and engaging in renewed forms of “shared memory” work, we believe it is possible to tell the story of a Europe struggling against all odds towards building a new kind of relation with itself, and with the rest of the world »
La tribune avec les intertitres du Monde.
version pdf : http://clioweb.free.fr/debats/europe-histoire.pdf
« À la veille des élections du Parlement européen, le sentiment d'une perte de sens de l'Union européenne taraude les opinions. Nous, historiens et citoyens d’Europe et d’ailleurs, constatons le délitement d'un projet porté par une utopie qui touche aujourd’hui à ses limites : utopie téléologique qui relisait l'histoire millénaire de l'Europe à la lumière de la construction européenne ; utopie providentialiste qui vouait l'Europe à une irréversible unité, au mépris des pays restés en marge ; utopie éternaliste qui faisait de la construction européenne une fin de l'histoire. Aujourd'hui, après bien d’autres crises, le Brexit nous force à reconnaître que le projet européen n'est plus irréversible. Il est même en grave danger.
Avec le retrait des Etats-Unis, à l'ombre desquels les Européens vivaient des temps tranquilles, notre continent fait face à des questions inédites. Face au vide, nombreuses sont les tentatives d'ériger une histoire simplificatrice qui sépare de manière caricaturale les Européens et les Autres. Pour un continent qui, il n'y a pas si longtemps, dominait le monde, se barricader ainsi au sein d’une forteresse fait sourire, comme si cette domination n'avait pas laissé de traces auprès de nombreux peuples non européens après des siècles de rencontres commerciales et coloniales. Les extrêmes droites s'efforcent aujourd'hui d'identifier l'histoire du continent au récit autoritaire d'une civilisation chrétienne, blanche et sûre de son passé, qui aurait à combattre un prétendu déclin en exaltant ses « valeurs » fondatrices.
Assumer les ombres comme les lumières de notre histoire
Nous condamnons énergiquement ces lectures obsidionales qui jettent aux gémonies tant la diversité culturelle, religieuse et politique qui caractérise notre continent que la responsabilité héritée de notre histoire dans le monde. Elles font de l'Autre - le musulman, le juif, l’immigré, le réfugié, le Rom sur la scène intérieure, mais aussi des puissances concurrentes sur la scène internationale - le bouc-émissaire de nos propres frustrations et impuissances. De même nous ne voyons pas bien où mènent les récits victimaire qui font de l'histoire de tel ou tel pays une somme unique de souffrances, de guerres et de génocides, ni la raison d’être d’une posture unilatéralement accusatrice, qui identifie les Européens à des bourreaux. Notre urgence aujourd’hui : sortir de ce dilemme morbide, et pour cela, assumer face au monde les ombres comme les lumières de notre histoire. Penser l’Europe au prisme de ces oppositions est notre responsabilité.
À ce défi, comment répondre ? Au lieu d’entretenir la nostalgie d’un récit linéaire, qui présuppose toujours une unité préétablie - un héritage, une histoire, une mémoire… - il importe de se mettre à l’écoute de mémoires fondamentalement polyphoniques.
L’Europe est un champ de failles
L'Europe ne se laisse plus enfermer dans un « grand récit » uniforme. Ce qui fonctionna naguère pour les États-nations ne fait plus florès : dans nos sociétés multiples, on ne peut que s'en féliciter, sans se résoudre pour autant à une parole paralysée ou émiettée. Car le sentiment d'avoir quelque chose de commun demeure bien réel : un passé, un présent, et un futur - si nous le voulons.
Soyons lucides. L'Europe est sans cesse traversée de frontières invisibles qui opposent les Européens entre eux dans leurs imaginaires. C'est l'Europe atlantique qui rêve de grand large sans prendre la mesure de son imbrication avec le reste du continent. C'est l'Europe riche du Nord-Ouest qui donne des leçons aux « PIGS » du Midi sous couvert de bonne gouvernance économique. C'est l'Europe occidentale qui regarde d'un œil paternaliste et méprisant ces autres Européens du centre et de l'est, au prétexte de cultures démocratiques récentes et déficientes. C'est l'Europe chrétienne qui exclut celle des minorités religieuses ou athées qui constituent aussi son histoire depuis des siècles. C’est l’Europe des grands qui peine à entendre les angoisses légitimes des petits pays, lesquels gardent le souvenir cuisant de longues périodes de domination. C’est l’Europe « issue de l’immigration », dont les représentants sont considérés comme des citoyens de seconde zone. La liste est infinie : l'Europe est un champ de failles qu’il n’est que trop aisé pour les démolisseurs de réactiver.
L’Europe riche de ses divisions
Sans connaissance du passé, quel avenir construire ensemble ? Avançons ici deux constats qui pourraient former le socle d'un récit de l'histoire européenne que nous appelons de nos vœux. D'une part, l'Europe est riche de ses divisions. En reconnaissant pleinement les perceptions des autres et les mémoires divisées que ces incessants conflits générèrent, leur récit commun nous fortifie à l'heure où de dangereuses entreprises de puissances prétendent nous asservir à leurs modèles économiques, politiques, sociaux et culturels d'un autre âge.
L'histoire de ces divisions comme patrimoine commun reste à écrire. Elle doit être narrée sans fatalisme, car ces divisions ont déjà été largement dépassées depuis 1945 et 1989, non par sur ordonnance, sur une décision d’en haut, mais bien par un travail de mémoire que nous autres Européens avons su engager d’en bas, et qui est toujours un travail des mémoires, comme disait Ricœur.
Car d'autre part, l'Europe est un continent du droit, qui nous protège dans l'expression de nos diversités. A ceux qui opposent la souveraineté des États à une administration bruxelloise accusée d'être aussi pléthorique qu'anti-démocratique, nous répondons que cette union est la meilleure protectrice des souverainetés nationales dans la mesure où elle organise leurs divergences. Ce projet est à l'opposé des empires-puissance qui prétendaient asservir le continent au bénéfice d'un seul. Il n'est pas non plus la « prison des peuples » que des élites mondialisées auraient imaginée puis imposée. Porté par la volonté de peuples qui ont aboli la guerre entre eux et partagent un même désir de liberté, le projet européen est un projet de solidarité inédit, qui vaut la peine d'être raconté et défendu.
Reconstruire l'histoire de l'Europe pour reconstruire l'Europe, tel est notre objectif. Pour nous, Européens et non Européens, il est crucial de donner du sens à cette expérience aussi unique que fragile. Forts de cette confrontation des mémoires, nous nous devons de raconter l'histoire d'une Europe qui s'efforce, envers et contre tout, de construire un autre rapport à soi et au monde ».
Elle a été signée par plus de 100 historiens provenant de 29 pays,
dont 21 pays européens (21.04.2019) :
http://clioweb.canalblog.com/tag/reconstruire
Pour soutenir cette tribune : europenarrative@gmail.com
Journaux :
Cette tribune est parue ces derniers jours dans The Guardian, El País, Le Monde, La Libre Belgique,
I Efimerida, Gazeta Wybrocza, Berliner Tagespiegel,
Jutarnji list et prochainement, La Repubblica.
http://www.theguardian.com/commentisfree/2019/apr/17/unite-europe-divides-future
http://elpais.com/elpais/2019/04/15/opinion/1555346373_337679.html
http://wyborcza.pl/7,75968,24674931,opowiedzmy-historie-europy-na-nowo.html
.
.
Reconstruire l'histoire de l'Europe - 2
Pour construire l’Europe, il faut reconstruire son histoire
Tribune Le Monde 19.04.2019
Stéphane Michonneau (Université de Lille / IRHiS)
et Thomas Serrier (Université de Lille / IRHiS / IEA Nantes)
Signataires :
Joaquim Albareda (Pompeu Fabra University of Barcelona)
Timothy Garton Ash (Oxford University)
Martin Aust (University of Bonn)
Justin Bisanswa (Université Laval Québec / IAS Nantes)
Alain Blum (EHESS / INED France)
Felipe Brandi (EHESS, Paris)
Marco Bresciani (University of Florence)
Jose Burucua (National Academy of History, Buenos Aires / IAS Nantes)
Antonio Castillo Gómez (University of Alcala)
Johann Chapoutot (Sorbonne University, Paris)
Abdessalam Cheddadi (Mohammed V University Rabat / IAS Nantes)
Anne Couderc (Panthéon-Sorbonne University of Paris)
Josefina Cuesta (University of Salamanca)
Antonio De Almeida Mendes (University of Nantes)
Sofia Dyak (Center for Urban History of East Central Europe, Lviv)
Andreas Eckert (Humboldt University of Berlin)
Alan Forrest (University of York)
Josep Maria Fradera (Pompeu Fabra University of Barcelona)
Etienne François (University of Paris 1 / Free University of Berlin)
Robert Gildea (Oxford University)
Maciej Górny (German Historical Institute Warsaw)
Catherine Gousseff (EHESS Paris, PIASt Warsaw)
Hannes Grandits (Humboldt University of Berlin)
Heinz-Gerard Haupt (University of Bielefeld / EUI Florence)
Beata Halicka (Adam Mickiewicz University of Poznań)
Béatrice von Hirschhausen (CNRS Paris / Centre Marc Bloch Berlin)
Ton Hoenselaars (Utrecht University)
John Horne (Trinity College Dublin)
Keith Hoskin (University of Birmingham / IAS Nantes)
Dagmara Jajeśniak-Quast (European University Viadrina Frankfurt-Oder)
Bogumił Jewsiewicki (Université Laval Québec)
Basil Kerski (European Solidarity Center Gdańsk)
Gábor Klaniczay (Central European University Budapest)
Svetla Koleva (Bulgarian Academy of Sciences Sofia / IAS Nantes)
Kornelia Kończal (Ludwig-Maximilian University of Munich)
Christina Koulouri (Panteion University Athens)
Kazmer Kovacs (Sapientia Hungarian University of Transylvania)
Claudia Kraft (University of Vienna)
Roman Krakovsky (University of Geneva)
Todor Kuljic (University of Belgrade)
Audrey Kichelewski (University of Strasbourg)
Jörn Leonhard (University of Freiburg)
Paweł Machcewicz (Polish Academy of Sciences Warsaw / Imre Kertesz Kolleg Jena)
Ondřej Matějka (Institute for the Study of Totalitarian Regimes Prague)
Benoît Majerus (University of Luxemburg)
Caroline Morel (European Association of History Educators EUROCLIO)
Javier Moreno Luzon (Complutense University of Madrid)
Ekaterina Makhotina (University of Bonn)
Diana Mishkova (Center for Advanced Study Sofia)
Suleiman Mourad (Smith College, USA /IAS Nantes)
Akiyoshi Nishiyama (Kiurytsu University Tokyo)
Ełżbieta Opiłowska (University of Wrocław)
Jiři Pešek (Charles University of Prag)
Teresa Pinheiro (Technical University of Chemnitz)
Juan Pro (Autonomous University of Madrid)
Anna Reading (King’s College London)
Ofelia Rey (University of Santiago de Compostella)
Valérie Rosoux (Catholic University of Louvain)
Henry Rousso (CNRS Paris)
Krzysztof Ruchniewicz (Willy Brandt Centrum Wrocław)
Luule Sakkeus (Estonian Institute for Population Studies, Tallinn University)
Magdalena Saryusz-Wolska (German Historical Institute Warsaw)
Martin Schulze Wessel (Ludwig-Maximilian University of Munich)
Irina Sherbakowa (Memorial International)
Nenad Stefanov (Humboldt University of Berlin)
Steven Stegers (EUROCLIO European Association of History Educators)
Bo Stråth (University of Helsinki)
Lakshmi Subramaniam (Centre for Studies in Social Sciences, India / IAS Nantes)
Philipp Ther (University of Vienna)
John Tolan (University of Nantes)
Robert Traba (Polish Academy of Sciences Warsaw)
Balazs Trencsenyi (CEU Budapest)
Laurence Van Ypersele (Catholic University of Louvain)
Jakob Vogel (Sciences Po Paris / Centre Marc Bloch in Berlin)
Pierre-F. Weber (University of Szczecin)
Jay Winter (Yale University)
Sergei Zakharov (Higher School of Economics, Russia / IAS Nantes)
Paul Zalewski (European University Viadrina Frankfurt-Oder)
Robert Żurek Krzyżowa (Foundation for Mutual Understanding in Europe)
Judith Rainhorn (Sorbonne Université-
Laurent Brassart (Univ. de Lille)
Carlo Ginzburg (Scuola Normale Superiore, Pisa)
Andrea Graziosi (University of Naples)
Daniela Luigia (Caglioti, University of Naples)
Guri Schwarz (University of Genova)
Francesco Cassata (University of Genova)
Carlotta Ferrata degli Uberti (University College London)
Mila Orlić (University of Rijeka)
Stefano Petrungaro (University of Venice)
Simone Neri Serneri (University of Florence)
Fulvio Conti (University of Florence)
Emanuele Felice (University of Chieti-Pescara)
Gabor Egry (Institute of Political History, Budapest)
Pieter Judson (European University Institute)
John Paul Newman (National University of Ireland, Maynooth)
Rok Stergar (University of Ljubljana)
Marta Verginella (University of Ljubljana)
Laura Downs (European University Institute)
Tvrtko Jakovina (University of Zagreb)
Klaus Richter (University of Birmingham)
Anne Deighton (University of Oxford )
Clément Thibaud (EHESS , Paris)
Sandrine Kott (Université de Genève)
Jessica Reinisch (University of London)
Denis Peschanski (CNRS, France)
François Da Rocha (Univ d'Artois)
Christophe Charle (Sorbonne Université)
Guillaume Piketty (Sc. Po Paris)
Philippe Dariulat (Sc Po Lille)
Leora Auslander (Chicago Univ.)
Christian Thibon (UPPA)
Olivier Bousquet (Univ. Paris-Diderot)
Fabien Theofilakis (Sorbonne Univ.)
Pierre Cyrille Hautcoeur (EHESS, Paris)
Eic Alary-Denechaud (Chaire Supr. CPGE, Tours)
Sylvie Aprile (Univ. Nanterre)
Jacques Revel (EHESS, Paris)
Walter Bruyère-Ostells
Nicolas Badassi (IEP Aix-en-Provence)
Morgane Labbé (EHESS, Paris)
Dominique Kalifa (Sorbonne Univ.)
Laurent Martin (Univ. Paris 3)
Christian Vivier (Univ. Franche Comté)
Mathieu Marly (EHNE, secr. gén.)
Daniel Letouzey (APHG Caen)
Emmanuelle Cronier (Univ. Picardie)
Jean de Préneuf (Univ. Lille/SHD)
Michel Dreyfus (Sorbonne Univ.)
FC - 5 points de vue sur l'Europe
Matières à penser, FCulture, 22h15
http://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser
Cinq points de vue sur l’Europe
http://www.franceculture.fr/politique/matieres-a-penser-dautres-idees-de-leurope-par-frederic-worms
08.04 : Une idée républicaine de l’Europe, Ulrike Guérot politiste
09.04 : Une idée africaine de L’Europe, Salim Abdelmadjid, philosophe
10.04 : Une idée écologique de l’Europe, ou un modèle européen de l’écologie, Corinne Lepage.
11.04 : Une idée de l’Europe comme conversation minimale et universelle, Philippe Van Parijs, philosophe et économiste
12.04 : Considérations sur l’Europe : conversation avec Philippe Petit et Jean-Claude Milner
dans les archives de l'émission :
http://www.franceculture.fr/emissions/matieres-a-penser
Liberté d’expression
05.03.2019
Eduquer aux medias
08.03.2019
Un nouveau modèle libéral-autoritaire
31.01.2019
Anne Simonin, Portrait de l’historienne en ses archives
09.01.2019
.
.