10 novembre 2015

Numérique, la Grande Stagnation ?

 

Éducation numérique, la grande stagnation
Fabrice d'Almeida Professeur d'Histoire à l'Université Panthéon-Assas (Paris 2), Huffington Post
http://www.huffingtonpost.fr/fabrice-d-almeida/education-numerique-la-grande-stagnation_b_8508414.html

«  Pourquoi autant de moyens attribués à la morale pour des résultats incertains alors que la progression scientifique et technique des enseignants produirait, elle, des effets de connaissance immédiats ? »
Deux minorités actives sont mises en cause par l'auteur : les syndicalistes, les technophobes

L’article fait la promotion d'un colloque sur la pédagogie numérique à Cachan, le 26.11.2015 (avec participation de l'auteur)
(entrée payante, accent prononcé sur les neurosciences)


Comme toujours, l’article fait l’impasse sur le rôle joué par les ordinateurs dans l’éducation technique
où effectifs et programmes sont adaptés à l’apprentissage voulu.
Dans les séries générales, les syndicalistes ne sont pas l’obstacle majeur, mais bien plutôt les effectifs : comment faire travailler utilement 36 élèves dans une salle  parfois exiguë ? Avant 2009, il existait des modules HG en seconde. Ils permettaient un travail de groupe en salle d’informatique . Chatel les a supprimés.

Les programmes conçus pour un survol permanent et accéléré incitent aux cours magistraux,
pas à l'éveil de la curiosité ou au traitement des données.

Si la pédagogie était au poste de commande, les programmes seraient écrits autrement et les élèves seraient au coeur des préoccupations : que veut-on leur enseigner, avec ou sans technologie ? Qu’ont-ils appris auparavant, en classe ou à domicile ? Comment encourage-t-on leur curiosité ? Les technologies utilisées en privé peuvent-elles servir les apprentissages ?

Malgré cette situation, depuis une génération, de nombreux collègues réalisent des prouesses pour utiliser et faire utiliser l’ordinateur en classe. Sur le web, les blogs de classe sont nombreux, mais discrets : ils s’adressent avant tout à un groupe d'élèves.
En fonction de ses savoir-faire et de ses centres d’intérêt, chaque internaute développe un usage personnel qui permet de tirer parti de la variété des outils disponibles. Les médias sociaux facilitent une veille mutualiste... 


L’Ecole numérique est une excellente vitrine politique,
aussi bien pour Chatel que pour Peillon.
Que reste-t-il des annonces de 2012 ?
. Une communication omniprésente, avec une multitude de « services » passant avant le travail scolaire
http://www.education.gouv.fr/panorama-services-numeriques/
. Une pub pour des structures que l’argent du MEN intéresse, mais la priorité n'est pas une vocation pédagogique.
http://www.education.gouv.fr/panorama-services-numeriques/


L'Ecole numérique est aussi un bon client pour les médias.
Le travail scolaire habituel n'est pas conçu pour un reportage télévisé : il n'est pas aussi rapide, pas aussi dérisoire qu'une publicité commerciale.
Le numérique est souvent mobilisé pour dénigrer tout ce qui est scolaire : ce n'est jamais assez visuel, jamais assez insolite, jamais assez ludique. Les médias imposent une course à l’anecdotique et au « nouveau » alors que l’exceptionnelle capacité d’archivage du web devrait encourager le travail de fond dans la durée.

Les discours des médias balancent entre l’extase et l’effroi. Ils utilisent le web comme une cible, l’accusant de porter toutes les dérives. Ils s’en servent abondamment pour leur propre promotion, une émission de radio ou de TV se terminant toujours par la mention d’un site web maison.

A la suite de Nicholas Carr, les magazines se lamentent devant la disparition supposée de la lecture dite longue et lente, tout en émiettant l’information au milieu de pleines pages de pub. Le livre reste la référence ultime, et la porte d’entrée assurée pour qui veut être invité à la radio ou à la TV.


rappel : Internet en débats, débats sur internet, dans chacune des Chroniques publiées depuis 1997
http://clioweb.free.fr/chronique.htm


.

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31 octobre 2012

SH : Pensées américaines

 

sh-hs17


De la pensée en Amérique - Idées - auteurs -débats - Sciences humaines - hors-série n° 17
sommaire :
http://www.scienceshumaines.com/pensees-americaines_fr_473.htm


- Pierre Grosser, Global history, succès et limites.
L'histoire connectée a progressé, en version macro ou micro.
Mais l'histoire nationale et les grands hommes se vendent bien en librairie.

- Faut-il brûler les studies ?

- Pourquoi enseigner les humanités ?
(il ne suffit pas de mettre en cause la marchandisation de la culture,
il faut aussi faire un examen critique des humanités (et de l'hermétisme de certaines lectures).

- Les ennemis de l'Internet (Keen, Carr)


- Who's Really to Blame for the Death of Newsweek (papier) ? traduction dans Courrier I
This year will be the last that Newsweek publishes a print magazine
http://www.theatlantic.com/business/archive/2012/10/whos-really-to-blame-for-the-death-of-newsweek/263814/

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08 septembre 2012

Des clics et des claques 06.09

 

Des clics et des claques. 06.09.2012 (vers la 15e minute)
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Des-clics-et-des-claques/Sons/Des-clics-et-des-claques-06-09-12-1230417/

L'émission d'Europe 1 fait la promotion du magazine Philosophie
et du dossier Pourquoi nous n'apprendrons plus comme avant 
Internet y est présenté comme une Arme de distraction massive


A la radio, les 15 minutes servent surtout à opposer des opinions
et des points de vue superficiels et contestables.

Au moins 2 choses semblent très discutables :
Les journalistes utilisent des termes qu'ils oublient de définir :
pourquoi mettre sur le même plan une information factuelle
(vérifier une date ou un lieu, dénicher le nom d'un auteur ou le titre d'un livre ou d'un film)
et construire une connaissance ou un savoir,
ce qui suppose une culture personnelle, un questionnement et un raisonnement ?

Un chercheur, ce n'est pas seulement un technicien.
C'est aussi qqun qui essaie de renouveler la manière de questionner un sujet
et de mobiliser des données à interpréter pour appuyer sa thèse.

Dans l'émission, Internet est comparé à l'imprimerie,
comme si le paysage actuel de l'édition existait dès 1450.

L'analogie est fréquente quand on veut attaquer Internet.
C'est négliger le fait que le livre ne touche au départ qu'un pourcentage limité
de la population européenne, sur des sujets également restreints.

Pour élargir massivement le cercle des lecteurs,
il a fallu les progrès de la scolarisation en Europe à la fin du XIXe.
Ensuite, il a fallu la diffusion du livre de poche, après 1954 en France.
Sans oublier le temps disponible pour lire
après le boulot (le temps libre)
et l'envie de lire... :-):-)
Mais là, la TV est venue rapidement concurrencer le livre,
lui faire de l'ombre et aussi un peu la courte échelle (cf Apostrophes).

.

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Internet, arme de distraction massive ?

 

Le magazine Philosophie publie un dossier titré
Pourquoi nous n'apprendrons plus comme avant

Avec Nicholas Carr, Salman Khan, Michel Serres, Raffaele Simone,
Bernard Stiegler, Jean-Philippe Toussaint, Maryanne Wolf

http://www.philomag.com/fiche-dossiers.php?id=127
http://www.philomag.com/fiche-ancien-numero.php?id=63
(Le magazine s'intéresse aussi à Karl Marx).


Internet est présenté comme une Arme de distraction massive
avec des titres explicites
Pourquoi nous ne lisons plus comme avant ?
Pourquoi nous n'écrivons plus comme avant ?
Pourquoi nous n'étudions plus comme avant ?
Pourquoi nous ne mémorisons plus comme avant ?
Pourquoi nous n'apprendrons plus comme avant ?


Le dossier est un moyen de faire à nouveau de la pub pour Nicholas Carr,
dont l’article Is Google Making Us Stupid ? What the Internet is doing to our brains
avait beaucoup circulé à l'été 2008.
http://www.theatlantic.com/magazine/archive/2008/07/is-google-making-us-stupid/306868/

Un an plus tard, en 2009, Books magazine en a tiré la traduction titrée
Internet rend-il ENCORE PLUS bête ?
http://www.books.fr/magazines/numero-7/


La question de Philosophie magazine est utile, 
à condition de partir d’observations concrètes et rigoureuses, pas à partir de préjugés anti-modernistes.

L’immédiateté ? Elle serait amorale et produirait des individus peu motivés.
L’opposition entre une lecture profonde et une lecture numérique est largement artificielle. A moins qu’in ne faille pour certains lire un quotidien et un magazine comme un roman, de la première ligne à la dernière.
Le multitâche dénoncé par Carr ? N’est-ce pas une forte incitation de l’économie capitaliste actuelle ?
Distinguer écriture et connexion ? Pourquoi se priver des dictionnaires disponibles en ligne ? 

Pour Marie Sarazin, « la télévision est bien plus nocive qu’Internet ». Michel Serres semble d'accord et fait la distinction entre le conducteur (l’internaute) et le passager (le téléspectateur). 
« Ce n’est pas la technique qui est toxique en soi, c’est notre incapacité à la socialiser correctement » ajoute Bernard Stiegler. 


 

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31 juillet 2011

L'intimité au travail


Stefana Broadbent, L'intimité au travail
,
La vie privée et les communications interpersonnelles dans l'entreprise, FYP éditions.
 

stefana

 TED 2009 : How the Internet enables intimacy
http://www.ted.com/talks/stefana_broadbent_how_the_internet_enables_intimacy.html

.--

Stefana Broadbent : « 80 % de nos échanges se font toujours avec les mêmes 4-5 personnes ».
Entretien entre Stefana Broadbent et Hubert Guillaud (Internetactu, 29/03/2011).
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2011/07/29/stefana-broadbent

.
Extraits
:

« Stefana Broadbent montre d'abord l'importance qu'ont acquis en quelques années nos communications personnelles. Plus que de nous relier au Village Global, tous les canaux de communication que nous utilisons servent avant tout à communiquer avec une poignée de gens très proches se résumant le plus souvent au cercle familial. 80 % de nos échanges réguliers se font toujours avec les mêmes 4-5 personnes »

Selon elle, « La séparation entre la vie privée et la vie professionnelle est artificielle. Plutôt que de chercher à restreindre la communication personnelle sur les lieux de travail, les organisations auraient intérêt à la faciliter, car elle est fondamentalement bénéfique au travail et à l'apprentissage ».

« Contrairement à ce qu'on a longtemps cru, l'innovation sociale dans les comportements de communication n'a jamais été dans l'extension des contacts, mais d'abord dans la continuité, l'approfondissement »

« Plutôt que de regarder tous nos canaux de communication comme des distractions, je pense qu'il faudrait plutôt regarder comment le contrôle de l'attention est devenu un thème crucial ».

« Certes, il est désolant que quelqu'un préfère regarder Lady Gaga plutôt que d'écouter un cours. Mais la question est autre. Pourquoi Lady Gaga est-elle plus attirante qu'un cours ? »

« Ces 20 dernières années, grâce aux TIC, on a isolé les travailleurs, on les a instrumentalisés, divisés... Jusqu'à l'introduction des téléphones mobiles, on pouvait encore compter sur la présence, sur l'attention de l'employé, mais depuis... Les mobiles font resurgir toutes les failles de l'organisation du travail telle qu'on l'a construite. Bien sûr, la réaction consiste trop souvent à contrôler, punir, restreindre... Alors que c'est le travail lui-même qu'il faut repenser. On ne peut pas avoir un niveau croissant d'éducation, d'autonomisation, d'habileté... et un contexte de travail aussi pauvre socialement et cognitivement ! »

. 

broadbent-intimite


http://www.fypeditions.com/tag/vie-privee/

 

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05 octobre 2010

La faute d'Internet ?


L'intelligence à l'épreuve de Google. Laure Belot, Le Monde Aujourd'hui, 02/10/2010
Dans plusieurs pays, le QI des adolescents stagne. La faute d'Internet ?
http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/ 

L'article du Monde cite notamment :

-  Nicholas Carr - http://en.wikipedia.org/wiki/Nicholas_Carr
2008 : « Is Google Making Us Stupid ? »
(« The deep reading that used to come naturally has become a struggle »)
2010 - The Shallows. What the Internet Is Doing to Our Brains
http://www.theshallowsbook.com/nicholascarr/excerpt.html

- The Edge : How is the internet changing the way you think ?
http://www.edge.org/q2010/q10_index.html

- Pew Research Center - Does Google Make Us Stupid ?
« A final thought : Maybe Google won't make us more stupid, but it should make us more modest ».

- Clifford Nass, Eyal Ophir et Anthony Wagner (Stanford) ont tenté d'évaluer, en 2009, l'impact de l'hyperstimulation d'Internet sur la concentration
« Contre toute attente, les fans du multitâche sont moins bons dans tous ces tests de gestion d'informations multiples. Ceux qui ont l'habitude d'être concentrés sur leur journal ou leur traitement de texte s'en sortent beaucoup mieux ».
2009 - Media multitaskers pay mental price, Stanford study shows
http://news.stanford.edu/pr/2009/multitask-research-release-082409.html

- Patricia M Greenfield, UCLA
« L'utilisation d'Internet apporte un développement sophistiqué de nos capacités visuelles et spatiales, mais ces nouvelles forces vont de pair avec un affaiblissement de notre pensée critique, imagination et réflexion » (sic).
Greenfield, P. M. Technology and informal education: What is taught, what is learned. Science, janvier 2009

« On a prouvé grâce à l'imagerie par résonance magnétique (IRM) que la pratique intensive d'un mouvement modifie le cerveau... C'est le cas d'un violoniste et de ses mouvements de doigts. En revanche, lors d'une pratique intensive et multitâche d'Internet, l'homme utilise tant de capacités à la fois (mémoire, lecture, langage) que cela paraît extrêmement compliqué à mesurer par une technique d'imagerie… »

parmi les sujets traités par la journaliste et indexés par… Google :
2001 - Internet, pourquoi tant d'échecs
2003 - Quand la mondialisation nuit aux intérêts de l'Amérique
2005 - Crashs aériens, erreurs humaines
2006 - Devenons tous des adamites
2010 - Le lait, pas forcément un ami pour la vie

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05 juillet 2009

Les jeunes vont-ils se crétiniser ? - 2

Commentaire d'EB sur la liste Apses :
" En effet, "le web n'est pas coupable" en tant que média, et il ne nuit pas en soi à l'écrit.
Toutefois, on ne peut nier les difficultés croissantes de la génération de nos élèves actuels face à la lecture (concentration, endurance, vocabulaire) et à l'écriture (syntaxe, orthographe, effort de raisonnement...). Nous venons d'en faire - comme chaque année - la cuisante expérience en corrigeant les copies de bac.
Un combat anti-web ne paraît donc pas pertinent ; en revanche, en observant l'addiction des jeunes aux mobiles, iPod, msn, bientôt iPhone pour tous, et l'incapacité de la plupart d'entre eux à se consacrer totalement à une seule tâche à la fois (en cours comme à la maison) à cause de la multiplication de ces accessoires,  j'ai du mal à rejeter le terme de crétinisation... Mais c'est peut-être de l'élitisme de ma part.

Et si j'ajoute qu'en fin de compte ça m'est égal que nos supérieurs fassent tout pour détériorer les capacités à l'écrit des élèves (je ne parle pas des meilleurs, ni du niveau scolaire en général, qui comprend bien d'autres éléments), car moins les jeunes sauront travailler et écrire, au fil des ans, plus cela fera de la place pour
ma fille - et plus généralement les enfants de profs -, est-ce encore réac et élitiste ?"

Merci à tous ceux qui ont pris le temps de lire ce billet.
Pour répondre à Eric, 2 citations, et des distinctions nécessaires pour débattre sereinement et efficacement.

Andrew Keen ("le culte de l'amateur") « s’en prend à tout ce qui est susceptible de faire peur dans le Mid-West (qui vote républicain), dans le Sud croyant et, d’une façon plus générale, aux bien-pensants du monde d’hier » écrit Francis Pisani dans L’alchimie des multitudes (p 129).

« la discussion ainsi amorcée nous lance un vrai défi qui vaut la peine d’être relevé. Pour tordue qu’elle soit, sa critique nous pousse à en trouver de plus fines pour éviter que le débat ne se centre sur le rejet du web au lieu de s’en prendre aux problèmes qu’il pose, aux domaines qu’il faut améliorer, aux tendances qu’il faut combattre, aux luttes qu’il faut mener ».


J’ai réagi sur un discours, celui que tient Pierre Assouline ici ou Nicholas Carr outre-Atlantique.
Un discours largement politique, pour qui Wikipedia et la démocratie participative, c’est la même chose.
Dans ce discours, l’histoire de la lecture me semble largement fantasmée.
La galaxie Gutenberg ? Avant le livre de poche (1954), avant la généralisation de la lecture (fin XIXe), le livre était réservé à une élite restreinte. Il y aurait beaucoup à dire sur la lecture (lente ou rapide)…
A ceux que le débat intéresse, je conseille de télécharger et lire le chapitre 5
http://alchimie-des-multitudes.atelier.fr/pdf/extrait5.pdf
ou http://alchimie-des-multitudes.atelier.fr/chapitre9.htm

Ce discours est relayé avec empressement par des médias pour qui le numérique est un double danger : le lecteur peut accéder gratuitement à un article ; un expert blogueur peut être davantage lu qu’un chroniqueur salarié.

Ce discours méconnaît les usages réels. Il refuse de voir la synergie entre tous les supports : le livre est une excellente carte de visite pour la radio (voir la TV) ; le web fait vendre et lire des livres et des revues. Les idées importantes circulent indépendamment du support, imprimé ou numérique.

 

Sur l’évolution de l’attention des élèves en classe et des étudiants, beaucoup a été écrit, par notre génération et par les précédentes. Le formatage télévisuel (l’info en 90 secondes, les clips), les usages sociaux du téléphone portable ont sans doute davantage d’impact que l’ordi.
Au CDI, on peut reprocher aux élèves qui travaillent sur écran d’ignorer les livres et les revues, si un prof ne les encadre pas ; ils préfèrent souvent le personnel au scolaire… mais je les ai rarement vu changer d’activité toutes les 20 secondes…

Bien sûr, en prenant le temps de penser et rédiger cette réponse, je ne suis pas dans l’univers ludique des ados, ni dans le superficiel des « chats » d’après une journée de classe… Le ludique, celui que beaucoup de journalistes présentent régulièrement comme l’alpha et l’omega de la pédagogie (l’édutainement (education + entertainment), apprendre en s’amusant…)

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04 juillet 2009

Les jeunes vont-ils se crétiniser ? - 1

Les jeunes vont-ils se crétiniser ?
Jean-Louis de MONTESQUIOU FEZENSAC
(acheter la bio, c'est 6 euros)
Un  titre choc pour un billet de blog
annonçant le magazine Books de l'été
" Internet rend-il encore plus bête ?"

Le billet et le dossier sont révélateurs :
- de l'art de titrer pour attirer le chaland.
" Internet rend-il encore plus bête ?" (que le soleil et la plage ?)

Pourquoi des titres caricaturaux, racoleurs et agressifs
alors que le contenu des articles est davantage nuancé ?
Volonté d'en découdre avec les discours exagérément enthousiastes
de ceux qui sont chargés de vanter (et vendre) les sites commerciaux ou institutionnels ?
Habileté à surfer sur les idées reçues et la légende noire ?
Poursuite d’une tactique commerciale amorcée avec la rubrique Wikigrill ?

" L'actualité par les livres du monde ? "
Books est en fait une compilation d'articles à propos de livres,

souvent traduits de l'anglais, pas les livres eux-mêmes en bonnes feuilles.
(un des articles fait la différence entre les critiques professionnels,
les seuls vrais et les blogueurs amateurs... p 50)
http://www.booksmag.fr/

- de l'astuce d'un "consultant et ancien dirigeant de banque",
qui titre sur les jeunes, accumule des anecdotes déclinistes ("Jusqu'où peuvent-ils descendre ?"),
les contredit par quelques observations positives
et finit par un "en tout cas, il faut s'en persuader"

- des ficelles commerciales :
. Comment se faire connaître et trouver des acheteurs ?
En créant sur le web
Wikigrill, une rubrique dénonçant les travers de Wikipedia.
La notoriété de l'adversaire peut servir d'argument de vente...
A propos de Wikigrill, lire Sylvain Négrier
http://clioweb.free.fr/debats/wikigrillsylvain.pdf
 

. Traduire et adapter des articles (anglo-saxons),
dont celui de Nicholas Carr - Is Google Making Us Stupid ?
http://www.theatlantic.com/doc/200807/google
[ Carr se plaint de la diminution de sa capacité personnelle de concentration,
(once, I was a scuba diver in the sea of books. Now I zip along the surface...)
il questionne l'impact des technologies sur le fonctionnement du cerveau,
et voit dans le succès de Google l'application de la taylorisation à la vie intellectuelle
]


. Utiliser les relais d'autres animateurs anti-web à la radio et à la TV.
Brice Couturier a fait du dossier le sujet du Grain à moudre de jeudi soir.


- Francis Pisani consacre 2 pages à Carr,
p 126 dans l'Alchimie des multitudes (II, 5)
entre Jaron Lanier ("maoïsme digital") et Andrew Keen ("le culte de l'amateur").
http://clioweb.free.fr/debats/alchimie.htm

Framablog a traduit l'article de Carr
et cite un commentaire de Nicolas Dickner à propos de l'imprimé et du livre

 

- Les polémistes s'en prennent d'abord aux excès lyriques des articles
vantant l'apport du web, mais ils jettent trop souvent le bébé avec l'eau du bain :
au nom de l'imprimé, ils voudraient censurer tout le numérique.

A l'expression "intelligence collective", ils opposent "la bêtise et la tyrannie des foules"...
dans un discours qui semble souvent confondre démarche intellectuelle
et dénonciation de la démocratie.
C'est le cas d'un billet de Pierre Assouline dans L'Histoire :
il avait, en février 2007, à la veille de la présidentielle, une double cible :
Wikipedia, l'erreur à haut débit ; la démocratie participative.

A la source de ces discours, il faudrait interroger une vision élitaire et anti-moderniste,
appuyée sur sur les intérêts financiers de l'industrie du livre.
Ces discours "antis" idéalisent l'imprimé et la galaxie Gutenberg.
Oubliant qu'il s'est passé plus de quatre siècles entre Gutenberg et Jules Ferry,
Et que le livre de poche ne date que de 1954 en France.

Pourquoi laisser croire que seule la vente des livres
garantirait la vie intellectuelle et la circulation des idées,
à l'exclusion de tous les autres supports et formes d'expression ?
Pourquoi un tel silence sur l'activité scientifique ? sur la création artistique ?

Ces discours méconnaissent la synergie entre tous les supports d'information.
Le web n'a jamais empêché de lire et de penser.
Les blogs, les débats animés par les internautes le prouvent au quotidien.

Le web fait même vendre des livres,
au même titre que  la  presse, la radio ou la TV. :-):-)



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