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Clioweb, le blog

20 février 2012

Un crime français : Jean Zay

 

Un crime français
Jean Zay, ministre de l'Education nationale du Front Populaire, a été condamné par Vichy en 1940 et assassiné en 1944 par la Milice (52 mn). Le documentaire a été écrit par Dominique Missika et Catherine Bernstein, et réalisé par Catherine Bernstein.

A voir ou enregistrer ce soir, sur France 3, à 23 h 55 !!!
Il a été projeté en décembre par l'association Ciné Histoire et novembre par France3 Centre.
http://programmes.france3.fr/documentaires/
http://videotheque.cnrs.fr/doc=2821

L'article de Libération vaut le détour, mais il faudra attendre pour le lire : Jean Zay n'avait sa place ni dans la mémoire gaulliste, ni dans celle des communistes.
http://www.liberation.fr/medias/01012390950-jean-zay-un-meurtre-d-etat


. rappel : Jean Zay (1904-1944)
Mémoire d'un homme, modernité d'une oeuvre
http://www.cndp.fr/crdp-orleans-tours/jean-zay/
oublier l'adresse http://aegir.cndp.fr/crdporleans/crdp/jean-zay/ qui ne répond plus

jeanzay

 

Caroline Piketty, Les papiers de Jean Zay.
Nouvelles sources d’archives pour l’histoire du début du XXe siècle - Histoire & Politique n°16, janvier 2012
http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=16

Cible de l'extrême droite à partir de 1934, il entra au gouvernement en janvier 1936. En juin de cette même année, Léon Blum le nomma ministre de l'Éducation nationale et des Beaux Arts, en faisant de lui le centre politique de la vie culturelle française. Arrêté en août 1940 par la police française à son arrivée au Maroc à bord du Massilia, il fut emprisonné et accusé de désertion le 4 octobre 1940, lors d'un procès hautement politique qui le condamna à la réclusion perpétuelle. Durant ses quarante-sept mois d'enfermement, Jean Zay rédigea des lettres, des nouvelles, des notes sur son travail de ministre, des réflexions sur la mémoire et sur sa solitude. En juin 1944, il fut remis entre les mains de la Milice qui l'assassina.

Jean Zay adorait la littérature, le théâtre, la musique, les sports. Ses goûts et ses passions s'ancraient dans une vie familiale épanouie. Ces documents uniques révèlent sa façon de travailler, son humanisme et éclairent l'histoire française des années 1930 et du début 1940.

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20 février 2012

Low-cost et délocalisations

 

- Renault-PSA : le losange aux anges, le lion rougit
Low-cost contre berlines
Les délocalisations face au «made in France»
L’alliance ou l’indépendance
http://www.liberation.fr/economie,13
http://www.liberation.fr/economie/01012390528-renault-psa-le-losange-aux-anges-le-lion-rougit

Les cinq petits nègres
Tous les patrons du secteur automobile insistent sur le fait qu'il devient impossible pour un constructeur de gagner de l'argent en Europe - Le Monde opinions

Renault - Polémique autour de la stratégie low cost

Pour l'instant, la gamme entry - Logan, Sandero, Duster - du constructeur est un succès : 813 000 véhicules, produits dans dix usines hors de France, ont été écoulés dans le monde, dont 10 % en France.
http://www.lemonde.fr/economie/2012/02/10/


- Fais sauter la banque !
Portrait de Bernard Maris. L’économiste antilibéral et pédago de Charlie Hebdo débarque au conseil général de la Banque de France. (1 700 euros mensuels le jeton de présence, sans compter le repas et le meursault).
http://www.liberation.fr/economie/01012390439-fais-sauter-la-banque

 
bm-anti-m1                  bm-anti-m2

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19 février 2012

Pourquoi ficher les gens honnêtes ?

 

Carte d’identité : déjà en haut de la fiche - Libération

« La carte en débat au Parlement contiendra une puce électronique dite «régalienne», dans laquelle seront insérées des informations d’état civil et des données biométriques (deux empreintes digitales et photographie du visage) relatives à son détenteur. Une autre puce, facultative, est aussi prévue pour permettre une identification de son porteur dans le cadre des démarches administratives en ligne et du commerce électronique. Ces données seront stockés dans une base centralisée dont les usages font débat ».


Le débat parlementaire autour de la création d’un titre national biométrique relance la polémique sur la multiplication de fichiers en France.
« Dès le mois de décembre, la Ligue des droits de l’homme a fait part de ses inquiétudes avec le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France : «L’ensemble de la population verra donc ses données biographiques et biométriques d’identité fichées au ministère de l’Intérieur. C’est une disposition démesurée et dangereuse pour les libertés publiques.» »
En octobre 1940, Vichy avait rendu obligatoire la «carte d’identité de Français» ...
http://www.liberation.fr/societe/01012390740-carte-d-identite-deja-en-haut-de-la-fiche


Traque - François Sergent

« La traque des «gens malhonnêtes» ne peut justifier pareil recel de données privées quand on connaît les usages faits avec les quelque 80 fichiers recensés en France, sans compter ceux qui ne le sont pas. Leur accès n’est jamais proprement réglementé, ni leur mise à jour assurée, et encore moins leur destruction. Fiché un jour, fiché toujours, comme le montre le Stic, qui confond condamnés, gardés à vue, victimes ou simples témoins et est bourré d’erreurs. Sans compter le risque d’usages privés et rétribués de ces données ». [Les medias ont évoqué récemment une pratique curieuse du ministère : la vente à des entreprises privées des données figurant sur les cartes grises ]


Pierre Piazza s’interroge sur la «biométrisation» du pays
:
« Est-il légitime de vouloir ainsi biométriser la France entière, alors même qu'en 2010 seulement 651 cas d’usages frauduleux de cartes d’identité ont été constatés ? »
http://www.liberation.fr/societe/01012390744-l-histoire-montre-de-nombreux-detournements

 
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19 février 2012

Medias sociaux et vie privée

 

- Facebook : « Journal » d’un passage obligé - Libération Ecrans 01/02
... « Nouveau tatouage , premier baiser , fiançailleschangement de croyance religieuse, perte d’un être cherservice militairenouveau colocataireperte de poids ... Facebook veut tout savoir. Y compris la date d’achat des lentilles de contact, l’adresse de la boutique et la personne qui nous accompagnait à ce moment-là ».
http://www.ecrans.fr/Facebook-Journal-d-un-passage,13987.html


- Plongée au cœur du Web - Le Monde - Science et Techno, 03/02/2012
20 % des noeuds possèdent 80 % des liens ... les notions de moyenne n'ont donc pas de sens.
La question est d'inventer les outils permettant de trouver la bonne information dans cette nuée, d'identifier des noeuds capitaux pour la bonne tenue de l'ensemble ...
http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/02/03/reseaux-la-quete-des-lois-du-web_1638035_3244.html


- Les applis gardent le contact - Libération Ecrans 17/12
Des carnets d’adresses ont été mémorisés en douce. L'application Path scanne d'entrée le répertoire téléphonique de ses utilisateurs. Sans les prévenir. D'autres le font en douce, dont Twitter et Linkedin ou Foursquare
http://www.liberation.fr/medias/01012390537-les-applis-gardent-le-contact


- Google accusé d’avoir exploité une faille de Safari - Libération Ecrans 18/12
Le Wall Street Journal affirme que Google a voulu espionner les internautes qui utilisent le navigateur internet d’Apple (une fonctionnalité cachée ferait croire au navigateur que l’internaute a donné son accord).
http://www.ecrans.fr/Google-accuse-d-avoir-exploite-une,14108.html

18 février 2012

A Worldsize Digital Library ?

 

- Can We Create a National Digital Library ?
Conférence de Robert Darnton à Harvard,  October 1, 2010
et article dans The New York Review of Books - October 28, 2010
« As Lewis Hyde put it in his recent book, Common as Air, an enclosure movement is threatening to destroy our cultural commons, the world of knowledge that belongs to us all ». Pour créer a Digital Public Library of America, « We can find the money and the skill. Can we find the Will ? »
http://www.nybooks.com/articles/archives/2010/oct/28/can-we-create-national-digital-library/


- A Digital Library Better Than Google’s
Robert Darnton, The New York Review of Books, March 23, 2011
http://www.nytimes.com/2011/03/24/opinion/24darnton.html


- A bookshelf the size of the world - Q&A  Inside the vision for the largest library in history
July 24, 2011- Richard Beck s'entretient au téléphone avec Robert Darnton - The Boston Globe
http://articles.boston.com/2011-07-24/bostonglobe/29810463_1_google-books-robert-darnton-digitization

La plus grande bibliothèque du monde se fera sans Google.
Dans sa traduction, Courrier International 16/02.212 a visiblement repris le titre d'une tribune qui suivait le rejet, par le juge Denny Chin, du projet d'accord entre Google et les éditeurs (Google dans un titre, cela fait vendre). L'entretien évoque un projet dont un prototype pourrait fonctionner d'ici 2015, si les bonnes volontés sont réunies et si les financements suivent.
http://www.courrierinternational.com/magazine/2012/1111-ces-europeens-qui-partent-ils-quittent-la-crise-pour-de-nouveaux-mondes

 

darnton

Robert Darnton
source : A piece of monologue - Do Books have a Future? An Interview with Robert Darnton - 4.1.2012

« Knowledge is the common property of Mankind » (Thomas Jefferson).
« I see a danger : access to knowledge could be restricted through commercialisation ( cf. the spiralling cost of periodicals).
« A Digital Public Library of America, with a coalition of foundations who are providing the money and a coalition of research libraries who are providing the books », can allow an equal access to Knowledge.

[ Face à la marchandisation de la culture, il est toujours utile de rappeler des principes simples mais vigoureux.
Le choix des enjeux peut être objet de débat : pourquoi prendre le livre comme référence principale, alors que les sites web, les articles, les comptes rendus d'ouvrage sont déjà disponibles sous une forme numérique.

Le défi serait au moins triple.
Il serait technique : comment concevoir des moteurs de recherche spécialisés pour valoriser ces contenus et donner un accès aussi rapide que celui qui mène à wikipedia ?
Il serait pédagogique : il faut éviter de laisser croire que les mêmes contenus seront exploitables par un étudiant et par un élève de primaire.
Il serait politique : comment passer de la compétition à la coopération ? En France, les universités ont été incapables de se mettre d'accord sur le nommage (u-bourgogne, unicaen, univ-nancy...) ou sur l'arborescence des sites web. Quel intérêt auraient-elles à mettre en commun des contenus numériques ? ]
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18 février 2012

Le Vieil Homme et le gallim.

 

fbon-pere

Le père de François Bon. La traduction du Vieil homme et la mer lui est dédiée


- Le contemporain s'écrit numérique.
(certains héritiers semblent encore l'ignorer)
http://www.publie.net/

François Bon a publié sur son site une traduction originale, réalisée par ses soins, du « Vieil homme et la mer ».
Gallimard en a exigé le retrait et aurait un temps réclamé un dédommagement.
http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20120217.OBS1714/gallimerde-se-fait-lyncher-sur-twitter.html

http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2788

liste de liens : http://pad.telecomix.org/nebkimik  - http://www.face-ecran.fr/


- Le roi est nu - sur le blog de Calimaq (Lionel Maurel) : « le geste de Gallimard a quelque chose de profondément suicidaire. En s’attaquant de cette manière à Publie.net, il ne peut que contribuer à affaiblir encore davantage la légitimité du droit d’auteur et le transformer en repoussoir pour des masses d’internautes ».

 

mer-egee

La Mer Egée, support pour mensonge politique et parodies ...

17 février 2012

Injonctions contradictoires

 

Deux cartes blanches récentes dans l'émission Rue des Ecoles

A écouter en fin d'émission (53e mn)
http://www.franceculture.fr/emission-rue-des-ecoles
ou lire la transcription sur le site Educpros.
http://blog.educpros.fr/les-debats-d-educpros/2012/02/



Le 8/02, Nathalie Mons pointe le choc des injonctions politiques contradictoires.

un ex, celui de l'évaluation
« D’un côté, au primaire, on nous explique qu’il faut développer des tests nationaux, administrés par le ministère, de façon à prendre du recul par rapport aux évaluations que pratiquent les enseignants dans leur classe, car un acteur externe à l’établissement s’avère avoir un regard plus objectif sur les acquis réels des élèves.
Mais si l’on s’intéresse à l’évaluation des enseignants, c’est le contraire qui est préconisé : la nouvelle réforme (veut) affaiblir le poids d’un jugement porté par un acteur externe à l’établissement - à savoir l’inspecteur - et reconnait l’intérêt d’un jugement interne, celui du chef d’établissement car il serait plus proche de l’enseignant.

Poursuivons par une ligne forte de la politique actuelle : l’individualisation des parcours des élèves et le traitement de la difficulté scolaire sont valorisés à travers des mesures comme l’aide individualisée au primaire et l’accompagnement personnalisé au lycée. Mais à l’inverse, contrainte budgétaire oblige, on supprime les RASED, ces brigades d’enseignants spécialisés dans le suivi personnalisé des élèves en échec scolaire au primaire ».
La transcription de la carte blanche

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Le 15/02, « J’ai retrouvé les écoles normales » ajoute Benoît Falaize

C’était donc il y a quelques jours. L’IUFM était très vide, peu de personnel, peu d’administratifs. Aucun étudiant non plus … d’un côté, un IUFM vidé, laminé, obsolète ; de l’autre une cour de récréation où jouaient des enfants de l’ancienne école d’application. Deux visions de la  formation des maîtres : une France de la IIIe République où existait un lien fort entre une vision politique et une volonté scolaire ; une masterisation sans élan, sans âme et sans perspective, avec une quasi-disparition de la dimension pédagogique.

« Derrière toutes les réformes des cinq dernières années, c’est le sens même de l’école et de la formation de ses enseignants qui est atteint, qui a été liquidé…
La seule question qui vaille aujourd’hui : est-ce seulement rattrapable ?
»
La transcription


Le 8/02, dans la seconde partie, écouter Luc Cédelle et Louise Tourret sur Philippe Meirieu, ciblé comme adversaire principal (et bouc-émissaire) par les tenants d'un retour à l'école des 400 coups (le film de Truffaut), celle qui menait à la maison de correction et à la prison. L'émission du 08/02 au format mp3 :
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/11192-08.02.2012-ITEMA_20343171-0.mp3

 

meirieu-cite

http://www.meirieu.com/

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17 février 2012

Le passé sulfureux du gourou

 

- Buisson, Le passé sulfureux d'un homme de l'ombre : le gourou du président a longtemps baigné dans les eaux troubles de l'extrême-droite. Il a fait l'éloge de l'antisémite Drumont ou des terroristes de l'OAS. Voir ses méthodes à Minute en mai 1987 (dernière colonne de l'article de Renaud Dély). dossier du Nouvel Obs
http://clioweb.free.fr/presse/1temp/no/
http://tempsreel.nouvelobs.com/dans-la-coulisse-de-la-presidentielle/20120216.OBS1579/quand-patrick-buisson-defendait-drumont-le-pen-et-l-oas.html

- La fabrique des sondages : trucs, astuces et impostures.
Alain Garrigou et ses collègues.
http://www.observatoire-des-sondages.org/


- Le nouveau réglement de l’école Sint-Pieters (Saint-Pierre) de Jette, une commune du Grand Bruxelles
prévoit des heures de colle, y compris en primaire, pour tout élève surpris à parler français dans la cour de récréation.
http://www.liberation.fr/monde/01012390254-en-flandre-belge-1-heure-de-colle-pour-qui-l-eleve-parle-francais


- Flamands en quête de terre en Normandie - Sur les docks 13/02/2012
"J'ai fini par utiliser la caméra comme un micro", le documentaire devenant une émission de radio ... Sonia Ringoot citée par Télérama. http://www.franceculture.fr/emission-sur-les-docks

 

17 février 2012

MDE : Concours et sélection

 

Dans les coulisses des concours - Le Monde de l'Education 16/02/2012
La France des concours est dans les starting-blocks. Quelque 100 000 candidats vont faire l'impossible ...
http://abonnes.lemonde.fr/education/

Au sommaire de ce numéro :
Etre sélectionné ou ne pas être... ,(...)
Mieux vaut être riche et bien né...
Les maths creusent les inégalités sociales
La mixité sociale statistiquement condamnée
Les banques de concours
Les langues, épreuve discriminante
Chez les ingénieurs, la culture fait la différence
Un bac et une école la même année
Des IEP de plus en plus sélectifs
Les six leçons des copies
A l'oral, le hasard n'a pas sa place
Des entretiens sous l'oeil de l'entreprise
La très professionnelle sélection des écoles d'arts
Artiste en herbe et déjà sans le sou ! 
" Les membres des jurys devraient être mieux préparés

« Avant, on cherchait une tête et le reste était noté entre 3 et 8. Aujourd'hui, la notation est relationnelle (sic) à l'ensemble des copies, et l'idée est plus de classer que de noter ».

« ces référentiels semblent dresser le portrait-robot du jeune idéal, alliant aisance, dynamisme, esprit d'équipe et générosité » … le risque un profil trop parfait pour être vrai…

« S'ils ont pour vocation de sélectionner les meilleurs, les oraux se déroulent toutefois avec une préoccupation constante de bienveillance (resic). Pas question d'en faire des interrogatoires ou de soumettre les candidats à un feu de questions déstabilisantes »
qq lignes plus loin, un conseil :
« Questions : Anticiper des questions un peu déstabilisantes »

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- Coût des études
Les grandes écoles prônent des frais de scolarité de 3 000 euros par an à payer une fois les études terminées.
http://www.liberation.fr/sites-du-jour/

- La tentation de l'exemple britannique :
Pour 2012, en Grande-Bretagne, 23 universités ont décidé de faire payer à leurs étudiants le maximum autorisé par la loi : 9000 livres sterling (soit 10 600 euros pour une année de master - post-graduate), entre 3000 et 4000 euros pour une année de licence (undergraduate).
http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2012/02/11/gratuite-des-facs-quen-pensent-nos-voisins/


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16 février 2012

L'Ecole selon François Hollande

 

Le discours de François Hollande sur l’Education
Orléans - jeudi 9 février 2012




Mesdames, Messieurs, chers amis,

Je suis venu ici à Orléans pour vous parler de la France, de ce qui la rassemble, et donc de l’Ecole, fondement de notre République.

J’ai mis la jeunesse au premier rang de mes engagements dans cette campagne présidentielle.

Parce que c’est l’atout de la France. Nous sommes le pays le plus jeune d’Europe. Notre jeunesse n’est pas une charge, un danger ou un risque. C’est une chance, un levier, une opportunité.

Parce que c’est la condition de notre redressement. La compétitivité, ce n’est pas seulement une comparaison entre des coûts, c’est la capacité technologique, c’est l’investissement humain, c’est le savoir-faire, c’est le niveau de formation d’une Nation. Notre jeunesse nous fournit les meilleures armes dans la mondialisation.

 Parce que c’est l’enjeu de notre cohésion nationale, notre jeunesse est diverse. Par ses origines, ses conditions, ses territoires. Elle porte des aspirations communes. Mais il est de notre devoir de l’unir autour des mêmes valeurs, celles de la République, de la laïcité, du civisme, de l’engagement.

C’est aussi la responsabilité de l’Ecole.

La campagne présidentielle est un moment majeur de notre vie démocratique. Elle est l’occasion pour les Français de désigner un chef de l’Etat pour les représenter, et conduire pendant cinq ans le destin de notre pays. C’est aussi le choix d’un projet. C’est-à-dire des orientations qui vont être autant d’engagements à respecter dans un contexte éminemment difficile. Une crise financière, économique, budgétaire et sociale. J’ai proposé le redressement dans la Justice. Mais cette élection est aussi une conception de la société française et même de la République.

Je veux vous livrer la mienne.

Nous sommes un grand pays, avec une longue histoire et qui ne se résout pas à n’être qu’une Nation parmi d’autres. Non par arrogance, mais par fidélité à notre message universel. Nous ne nous vivons pas comme une exception mais comme une construction qui peut s’inspirer de ce qui se fait ailleurs mais qui n’a pas vocation à l’alignement et encore moins à la soumission de la Finance, aux marchés ou à des disciplines sans perspective qui n’a pas besoin qu’on lui impose un modèle, même estimable.

Je sais que les doutes se sont installés sur la place de la France , son destin, son avenir. Comment en serait-il autrement quand le chômage est au plus haut, la croissance au plus bas, quand le déficit commercial atteint un niveau record et quand la Cour des Comptes annonce que la dette publique va atteindre près de 90% du PIB en 2012, contre 60% en 2002. Elle doit donc reprendre confiance en elle. Elle n’y parviendra que si au plus haut sommet de l’Etat, on lui parle de ses atouts, de ses forces, de ses capacités, et si on mobilise tous ses acteurs publics (Etat, collectivités locales), privés (entrepreneurs, salariés, chercheurs), dans un pacte productif qui n’appelle pas des bricolages fiscaux de dernière heure mais une stratégie cohérente autour de la transition technologique, numérique, énergétique, écologique.

Les Français n’adhéreront à des efforts que s’ils sont justes. Ils ne peuvent accepter le creusement des inégalités, l’indécence des rémunérations, la précarisation des plus fragiles (8 millions de pauvres) quand l’injustice fiscale vient s’ajouter à l’arrogance de l’argent, j’entends certains qui menacent de leur propre exil si des sacrifices leur étaient demandés.

Voilà pourquoi j’ai proposé une réforme fiscale qui s’attache à mettre de l’équité, de la transparence et de la simplicité dans nos prélèvements qui épargnent les plus modestes et les classes moyennes, lesquelles ont été victimes du quinquennat qui s’achève.

Voilà pourquoi si des économies sont à faire, elles ne peuvent pas porter sur l’Ecole et sur la préparation de l’avenir.

 Le redressement dans la Justice, mais aussi l’Espérance dans la République.

La République, c’est bien plus que des Institutions, qu’il conviendra d’ailleurs de rénover pour donner plus de pouvoir au Parlement, plus de libertés aux collectivités locales, plus d’indépendance à la Justice, plus de droits aux partenaires sociaux. Car la République, ce n’est pas le pouvoir d’un seul décidant de tout sur tout. Le pouvoir d’un seul parti qui devient vite un clan.

La République ce sont des valeurs qui nous permettent de vivre ensemble, qui nous élèvent autour d’un projet au service de l’intérêt commun.

La République c’est un combat. Elle nous unit autant qu’elle nous sépare, chacun a sa sensibilité. Elle nous permet, par le mouvement qu’elle imprime, par les valeurs qu’elle porte, de faire avancer la France. Elle exige de traduire ses valeurs proclamées : Liberté, Egalité, Fraternité, dans la réalité de chaque jour. Nous en sommes loin. Education, emploi, logement, santé, sécurité.

Elle suppose une volonté de progrès, de développement, de croissance. D’où l’enjeu du sursaut. Comme à d’autres époques de notre Histoire.

La République est rassembleuse. Je ne distingue pas les Français selon leur sensibilité ou leur vote. Je veux unir plutôt que séparer, apaiser plutôt que brutaliser. Chaque fois que la gauche a su se mettre à la hauteur de la France, elle l’a fait avancer.

Je m’adresse à ces Français négligés, abandonnés, angoissés pour eux-mêmes et surtout pour leurs enfants, soucieux de l’avenir de notre pays. Je leur dis : « Retrouvons ensemble le chemin des valeurs de la République et de notre Histoire qui nous rend si fiers ».

Le quinquennat qui s’achève aura été celui de la discorde, de la division, du désordre. Stigmatisation des populations les plus fragiles, les chômeurs, les assistés, les étrangers. Polémique blessante sur l’identité nationale, discours choquant sur la nationalité, déclarations provocatrices sur la hiérarchie entre les civilisations, opposition entre les Français, entre le public et le privé, entre les générations, entre les catégories sociales.

Mise en cause des rouages essentiels de l’Etat que sont les magistrats, les hauts fonctionnaires, les enseignants.

Voilà pourquoi notre pays aspire à retrouver confiance, sérénité, apaisement. Surtout avec cette crise qui mine les mécanismes de solidarité, qui appelle à des efforts et qui exige une mobilisation collective.

J’entends un candidat qui ne l’est pas encore et un président qui ne le sera peut-être plus dans quelques mois, évoquer des referendum sur de nombreux sujet, dans l’hypothèse où il serait reconduit. Pourquoi n’y a t-il pas pensé plus tôt, sur le paquet fiscal, sur les retraites, et même sur la TVA ? J’imagine la réponse que lui aurait adressée le peuple français. Mais je vais vous dire le fond de ma pensée sur la meilleur façon de consulter les citoyens sur leur avenir. Nous sommes à la veille de deux scrutins majeurs, l’élection présidentielle d’abord, les législatives ensuite. Que chaque candidat présente son projet, donne ses intentions, précise ses engagements, donne sa vision. Et que les Français choisissent. Le prochain referendum c’est l’élection présidentielle. Veut-on continuer la politique menée depuis cinq ans ou veut-on en changer ? Veut-on poursuivre avec le candidat sortant, ou veut-on changer de président ? Veut-on prolonger le présent ou changer d’avenir ? Alors venez voter le 22 avril puis le 6 mai.

Je veux renouer avec la promesse républicaine. Et la première promesse de la République, c’est l’Ecole.

Je veux que la France retrouve les chemins de l’avenir avec confiance, avec puissance, avec tranquillité.

Je veux le redressement de la France. C’est ce que je vous propose. Ce redressement, il est bien entendu économique, budgétaire, industriel, mais il est aussi et surtout moral et intellectuel. Tout se tient.

La connaissance, le savoir, l’Ecole, ce ne sont pas seulement des dépenses, ce sont des investissements. En termes économiques, la France n’a pas les résultats éducatifs lui permettant de préparer son avenir. De même qu’il y a une corrélation étroite entre la qualification et l’emploi, il y a une corrélation étroite entre les performances scolaires et le niveau de croissance.

Les dernières années n’ont pas été bonnes. Les classements internationaux sont inquiétants. Derrière ces chiffres, il y a une réalité humaine, et je la connais. Des parents inquiets, des élèves parfois en souffrance et trop souvent en difficultés, des professeurs fatigués qui ont le sentiment de ne pas être soutenus par la République. Des classes surchargées, des enfants encore trop souvent laissés sans enseignant, des manuels scolaires pas imprimés à temps, le manque d’équipements sportifs de proximité...

Et, surtout, l’échec scolaire, inacceptable, une forme de scandale, un incroyable et inadmissible gâchis national : 150000 jeunes qui sortent chaque année sans qualification ni diplôme, des inégalités sociales parmi les plus fortes des pays industrialisés, et qui s’accroissent, des performances en lecture et en mathématiques qui régressent, près de 40% des élèves qui arrivent au collège avec une trop faible maîtrise de la langue écrite.

Il y a là une grave injustice et une plaie pour notre démocratie : comment imaginer que tant de jeunes sortent du système éducatif avec ce que l’on a appelé un sentiment de « vaincus » sans que cela n’entame notre cohésion sociale, notre civisme, notre pacte républicain ? De surcroît, en faisant des économies sur l’école, en l’affaiblissant, on a amputé notre potentiel de croissance à moyen terme.

 Je ne peux l’accepter.

Non l’échec scolaire n’est pas une fatalité ! Non, la performance des uns ne se nourrit pas forcément du recul des autres ! On veut trop souvent nous faire croire que pour que les uns réussissent les autres devraient trébucher ! Les raisons de l’ampleur de l’échec scolaire en France sont ailleurs, dans cette “machine à trier” qu’est devenue notre Ecole. Il faut désormais lancer la bataille culturelle sur la question, pour faire évoluer les mentalités.

Pour être vraiment une Ecole de l’excellence, alors l’école française doit être plus égalitaire.

Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’avant, tout était parfait. Ce serait là un argument paresseux auquel je me refuse. Il ne s’agit pas pour moi d’entretenir une nostalgie, de cultiver l’illusion d’un âge d’or qui n’a jamais existé.

Je veux inventer du neuf. Je veux une refondation.

Ces cinq dernières années, la France a perdu beaucoup de temps et de force. Nous héritons d’une dette éducative au même titre que d’une dette financière, et de la même ampleur.

Chacun le sait : les premières années de la scolarité sont déterminantes. Lorsque des difficultés ne sont pas traitées dès les premiers apprentissages, il est très difficile de les corriger ensuite. Les élèves qui peinent à la fin du CP ou du CE1 éprouvent des difficultés tout au long de leur scolarité et leur insertion professionnelle sera la plus compromise.

Certes, la France dispose d’écoles maternelles qui nous sont enviées dans le monde entier. C’est une excellence française. Celle-ci a été attaquée. Le taux d’accueil des enfants de moins de trois ans est passé depuis 2000, de 35 à 13%. La formation initiale et continue, si nécessaire, et le respect dû aux maternelles, à leur personnel, à leur pédagogie, ont été aussi mis à mal.

Mais la France connaît un encadrement trop faible dans son enseignement primaire : 15% de moins en moyenne que les pays développés. Cette situation n’a pas été corrigée. Elle a même été aggravée.

S’ajoute à cela la suppression, en 2008, d’une demi-journée de classe en primaire, ce qui conduit à une année scolaire sans équivalent dans aucun autre pays, avec seulement 140 jours de classe par an. Mais des journées plus longues, auxquelles on a rajouté désormais des cours à la pause du déjeuner, en contradiction totale avec toutes les recommandations sur les rythmes d’apprentissage.

 C’est pourquoi j’ai décidé de faire de l’école maternelle et de l’enseignement primaire une priorité de mon action. Il faut commencer par le commencement. Il faut investir là où l’action éducative est la plus efficace.

Je remonterai le taux de scolarisation chez les enfants de moins de trois ans, en priorité dans les zones de grande difficulté scolaire.

 De manière à protéger l’école maternelle, qui ne doit plus jamais être une simple variable d’ajustement budgétaire, comme cela a malheureusement été le cas ces dernières années, je créerai une réelle obligation d’accueil pour le service public à partir de l’âge de trois ans et je la ferai respecter.

 L’encadrement scolaire doit être renforcé en particulier dans les écoles qui cumulent le plus de difficultés et aux moments-clés de la scolarité ; pour cela, je m’engage à ce que le principe dit “de plus d’enseignants que de classes” soit adopté et mis en oeuvre.

Je ferai en sorte que les enseignants des classes charnières et décisives pour les apprentissages fondamentaux soient les plus expérimentés.

Les rythmes scolaires devront être réformés pour donner aux élèves le temps d’apprendre, en allongeant le temps scolaire sur l’année et sur la semaine et en diminuant les surcharges journalières, sans diminuer le temps passé à l’école.

Les évaluations permanentes, qui aujourd’hui accablent les professeurs, les empêchent d’enseigner, angoissent les enfants et leurs parents, seront supprimées.

Je suis favorable à l’évaluation de l’Ecole, mais à une évaluation indépendante et incontestable ; c’est ce principe que je ferai adopté.

Les pédagogies doivent évoluer, le travail en équipes doit être encouragé, le recours aux exercices, à l’implication des élèves, le changement des modes d’évaluation, tout ce qui concourt à enseigner différemment, à favoriser l’épanouissement de chaque élève, à organiser la progression et la réussite de tous, tout cela sera développé. Je veux la coopération plutôt que la compétition. C’est ainsi que l’Ecole sera une Ecole de l’excellence.

Il existe désormais un socle commun de compétences et de connaissances, inscrit dans la loi. Nous ne reviendrons pas sur ce principe. Les programmes de l’école primaire et ceux du collège devront, en concertation avec les personnels, être revus afin d’être en cohérence avec ce nouveau socle qui devra lui-même être repensé.

Les systèmes éducatifs les plus performants sont ceux qui assurent une formation initiale et continue des professeurs de qualité. L’actuel gouvernement l’a presque entièrement détruite. Pour des raisons budgétaires, à l’évidence. Pour des raisons idéologiques aussi, n’en doutons pas. Mesurons la gravité de ce geste, et ce qu’il en coûte à la Nation. La Cour des Comptes vient d’en faire le procès.

 Je rétablirai donc une formation initiale et continue des professeurs digne de ce nom.

 Les universités conserveront la responsabilité de cette formation. Au sein de ces universités, les actuels IUFM se transformeront en Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education. Je souhaite que tous les professeurs, quels que soient leurs niveaux de recrutement, qu’ils se destinent à enseigner en maternelle ou à l’université, partagent un moment de formation commun dans ces nouvelles Ecoles Supérieures. C’est cela aussi, la République. Dans ces Ecoles, les enseignements théoriques et pratiques, mais aussi la recherche pédagogique, à laquelle nous donnerons de nouveaux moyens, seront réunis.

L’année de stages sera rétablie.

Pour remédier à la crise du recrutement, mais aussi pour redonner à l’Education nationale son rôle exemplaire de promotion sociale et républicaine, pour permettre aux étudiants de milieux modestes qui souhaitent devenir enseignants mais ne peuvent financer des études longue de le faire, une filière de prérecrutements sera mise en place. Dès la licence, les étudiants intéressés pourront se présenter à ces recrutements.

Le collège concentre, depuis longtemps, bien des difficultés. Mais il y a longtemps qu’il n’est pas, contrairement à ce que j’entends, un collège unique et uniforme où tous les élèves seraient passés à la toise.

Les difficultés, je l’ai dit, il faut les résoudre en amont : comment réussir le collège si 40% des élèves qui entrent en sixième sont déjà en difficulté ?

Ne rallumons pas de fausses oppositions qui ont fait tant de mal à l’Ecole, qui n’ont pas de justification, ni pratique ni théorique, qui trop souvent ne font que refléter le goût de la polémique et de la querelle.

 Il n’ y a pas d’un côté l’instruction, et de l’autre l’éducation ; il nous faut les deux, nous voulons les deux, parce que l’Ecole doit former tout à la fois un travailleur, un citoyen, un homme.

Il s’agit là d’un véritable choix de société.

Ce qui fait la force des systèmes éducatifs qui marchent le mieux, c’est l’importance et la durée du tronc commun. C’est pourquoi je refuse totalement les orientations précoces proposées par l’actuel gouvernement. Vouloir orienter les élèves dès la fin de la cinquième, c’est accentuer les défauts de notre système, c’est trier encore et plus tôt, c’est aggraver encore les inégalités, c’est abaisser le niveau général d’éducation, c’est faire le contraire de ce que font toutes les nations dont les écoles sont performantes et justes, c’est renoncer à la belle ambition que portait le collège unique, c’est revenir en arrière de près d’un demi-siècle. Bref, c’est entrer dans l’histoire à reculons.

Je m’y refuse.

Ce qu’il faut, ce que je veux, c’est l’inverse : permettre à chacun de construire ses choix positivement, lui donner la possibilité d’acquérir les moyens de sa culture, de sa citoyenneté, de sa liberté dans un collège qui réunit tous les enfants de la République, et faire de nos filières professionnelles des vraies filières d’excellence, avec des orientations positives et des débouchés assurés. Aujourd’hui ce n’est pas le cas.

C’est pourquoi je veux une réforme de l’orientation, qui puisse conduire à respecter le premier choix et à garantir le second, si nécessaire. Je veillerai à ce que les élèves de l’enseignement professionnel, ainsi que leurs enseignants trouvent le soutien et la reconnaissance d’une nation qui a besoin de développer ses capacités productives et qui a besoin d’eux. Du CAP au diplôme d’ingénieur, c’est bien une élite professionnelle que nous devons former avec énergie et enthousiasme.

Je veux que les lycées d’enseignement général, technologique, agricole et professionnel, se rapprochent et que les jeunesses se mêlent.

Je réserverai aux bacheliers des filières technologiques et professionnelles les formations du supérieur qui étaient prévues pour eux et qui aujourd’hui leur sont trop souvent fermées.

Jean Zay était ministre de l’Education, mais aussi des Beaux-Arts, car, et c’est bien ce que disaient les instructions de 1938, ce sont des travailleurs, des citoyens, des hommes complets qu’il convient de former dés l’enseignement primaire en leur donnant « (...)le goût de l’action et l’exaltante admiration des belles oeuvres ». Chaque élève doit y avoir accès, quel que soit son milieu social, le quartier ou la commune où il vit, quel que soit son degré et sa filière d’enseignement.

C’est ce que Jean ZAY nommait un « enseignement humaniste ». C’est bien dans cette tradition que nous devons inscrire notre action.

C’est pourquoi je lancerai un grand plan pour l’éducation artistique. Je le conçois comme fondé sur des partenariats entre tous les établissements scolaires et des institutions culturelles ou des artistes, comme dispensant un enseignement à l’histoire des arts intégrés aux programmes scolaire, avec un volet de formation des enseignants et des espaces dédiés à la pratique artistique dans les établissements scolaires.

C’est pourquoi je développerai la culture scientifique, qui ne doit pas être seulement un instrument de sélection mais une culture de l’expérience, de la recherche, de l’observation, de la créativité.

C’est pourquoi je favoriserai la pratique du sport et, pour cela, le développement d’équipements sportifs aujourd’hui en nombre très insuffisant.

C’est pourquoi je veux aussi un grand progrès et un grand effort pour les nouvelles technologies qui ne doit pas porter que sur les matériels mais sur leurs usages, leurs contenus, leurs ressources pédagogiques.

C’est pourquoi je demanderai aux collectivités locales, dont je rappelle le rôle précieux, que je conforterai, aux mouvements d’éducation populaire, dont les valeurs, la présence, l’engagement et les compétences sont indispensables, de s’engager à nos côtés dans cette oeuvre de refondation.

Artistes, savants, sportifs, toute la Nation doit participer à ce mouvement de redressement, de justice et d’espérance auquel je vous invite autour de notre jeunesse.

Enfin, je ne néglige pas le redressement moral.

Le savoir doit être valorisé. Personne ne doit être jugé indigne de lire “La Princesse de Clèves”.

Le mérite ne sera pas un héritage qui se transmet mais un effort qui sera encouragé et récompensé.

Le respect doit être exigé, de tous et partout. L’exemple doit être donné, surtout par ceux qui occupent les plus hautes fonctions.

L’Histoire ne doit pas être manipulée mais enseignée.
Je rétablirai l’enseignement de l’histoire en terminale scientifique.


L’autorité doit être restaurée. Une véritable autorité fondée sur les qualités morales et intellectuelles, reconnues, et sur l’exemplarité de celui qui la détient.

La sécurité doit être assurée. Malheureusement, et en dépit de trop de gesticulations, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Tirant la leçon de toutes les études dont nous disposons, j’ai proposé d’augmenter la présence des adultes dans les établissements, de permettre le nécessaire travail en équipe et surtout la stabilité de ces équipes, et enfin la création d’un nouveau métier chargé de la sécurité et de la prévention. Je traiterai cette question sans jamais céder à la démagogie ou à la facilité, mais avec la plus implacable intransigeance face à la violence.

La morale doit être enseignée, la même morale pour tous. Parce que chacun doit mesurer qu’il a des droits mais aussi des devoirs ; et qu’il appartient à tout citoyen de savoir concilier sa liberté avec celle de tous les autres. Pour enseigner cette morale commune, je fais confiance aux enseignants que je ne crois pas en cette matière inférieure aux hommes de religion.

La laïcité doit être expliquée, revendiquée, réfléchie. Une laïcité qui n’a pas besoin d’épithète. Mais qui s’applique dans les lieux scolaires. Pour préserver la liberté de chacun et assurer la protection de tous.

Mes chers amis,

Ce que je vous propose, c’est un nouveau contrat entre l’école et la Nation, un pacte éducatif.

Cela a un sens précis : l’Ecole est l’affaire de toute la Nation, parce qu’elle prépare la Nation de demain. Elle n’est pas une politique sectorielle, elle n’est pas un simple domaine d’action de l’Etat, elle n’est pas l’affaire des seuls professionnels.

 C’est pourquoi je veux qu’elle engage toute la Nation ; les professeurs bien entendu, les grands mouvements d’éducation populaire, les parents et les familles, les collectivités locales, les forces vives de la Nation.

Je veux la concertation, la concertation jusqu’au bout. Avec tout les personnels de l’école, avec les parents, avec les élèves aussi.

 Lorsque l’enseignant pénètre dans sa classe, il doit se souvenir que tout élève est éducable, que tout élève à son droit, et il doit, selon la magnifique formule d’Alain,« donner d’abord ».

Il n’y a pas ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas, il y a en chacun une puissance qu’il faut délivrer, une lumière qu’il faut allumer, un désir qu’il faut éveiller, un droit qu’il faut honorer, une dignité qu’il faut respecter.

La politique aussi est une pédagogie.

Je sais que tous les acteurs de l’Ecole mesurent aujourd’hui l’importance de ce que nous avons à faire, ensemble, pour notre patrie ; je sais aussi leurs préventions, leurs défiances, et comment pourrais-je ne pas les comprendre quand je vois toutes les attaques, parfois appelées réformes, qu’ils ont dû subir ? Je respecte tous les points de vue, toutes les expériences, et je propose à chacun d’entrer dans cette concertation sans exclusive et sans a priori.

 Mais de même que l’apprentissage consiste à abandonner son point de vue pour s’ouvrir à celui des autres, à voir les choses du plus grand nombre de point de vue possible, nous devons faire effort pour construire, à partir de là, une perspective commune.

 Notre seul guide doit être l’intérêt des élèves et l’intérêt de la Nation.

Viendra le moment, j’annonce une méthode : une large concertation puis une loi. J’ai fixé un calendrier. Négociations durant l’été, loi d’orientation et de programmation à l’automne. C’est le rythme que nous devrons tenir.

Je prendrai toutes mes responsabilités.

La belle tâche d’enseigner et d’éduquer notre jeunesse, nous la confions aux professeurs. C’est une tâche difficile et c’est une tâche importante.

Nous sommes et nous serons à leurs côtés. Et je demanderai aux Français de se tenir à leurs côtés.

Pour former des citoyens libres, il faut des professeurs libres, libérés de toutes les tutelles et de toutes les Eglises, des modes, de l’argent. Il faut, comme le disait déjà Jules FERRY, « que vous ayez autant de liberté que de responsabilité ».

Ce n’est pas là l’autonomie de la droite, celle des chefs d’établissement transformés en patrons, des écoles en entreprises, la concurrence s’installant entre professeurs, élèves, établissements.

Je leur donnerai aux enseignants la confiance qu’ils attendent avec la responsabilité qui est la leur. La confiance ne peut se restaurer en opposant les uns aux autres selon les niveaux en payant à la tâche.

 Elle ne peut revenir si, obsédé par le statut, on laisse ainsi entendre que les piètres résultats de notre système seraient liés à l’insuffisance d’engagement des professeurs. C’est inexact, et c’est injuste.

Quel avenir a un pays qui a tant maltraité ses professeurs qu’il se trouve incapable aujourd’hui d’en recruter suffisamment pour assurer ses besoins d’instruction et d’éducation ?

Refuser d’entrer dans la discussion du statut, ce n’est pas pour autant considérer que le métier ne doit pas évoluer, que ses missions ne doivent pas être discutées. Si nous voulons réformer les rythmes scolaires, si nous voulons permettre un meilleur travail en équipes, si nous voulons que les cycles, les transitions, l’orientation se passent mieux, si nous sommes prêts alors à reconstruire une formation des professeurs, initiale et continue digne de ce nom, alors pourquoi ne pas discuter aussi du métier d’enseignant pour le faire évoluer, le rendre plus attractif, plus heureux, plus efficace et qu’il puisse atteindre ses nouveaux objectifs ?

Je veux que cette discussion soit conduite franchement, dans la sincérité, le sérieux, la transparence, car elle est au coeur de la réussite que nous voulons construire ensemble. Notre capacité à améliorer les résultats de l’école, à vaincre l’échec scolaire, à corriger les effets de reproduction sociale, à améliorer nos performances dépendent d’abord des femmes et des hommes qui font vivre au jour le jour notre institution et de leurs pratiques.

Depuis longtemps, la France accumule sans cesse des réformes, bouleverse son école, mais la vision d’ensemble manque, et les progrès ne sont pas au rendez-vous. Les professeurs, les différents personnels sont fatigués de cette remise en cause permanente, de ces injonctions, de ces dispositifs, de cette accumulation d’obligations nouvelles sans grand dessein et qui finissent par donner l’impression de n’être là que pour habiller des renoncements et des manques.

C’est pourquoi j’ai fait le choix de la refondation. Les Français l’attendent. Ils y sont prêts. Je sais que les professeurs le sont aussi.

 On me dit : “Vous courez un risque”. Peut être, mais le risque pour la France, si nous ne faisons pas cette réforme, sera beaucoup plus grand. Peut-être, mais c’est un beau risque à courir.

J’ai annoncé que je rétablirai les postes supprimés ces cinq dernières années dans l’Education nationale : 60000 sur les 77000.

Cela a fait débat. Mais c’est la condition.

Comment rétablir une formation des enseignants, initiale et continue, comment mettre la priorité sur la lutte contre l’échec scolaire et en particulier dans les quartiers où se concentrent les plus grandes difficultés, sans rétablir les moyens nécessaires ?

 Il faudra relancer une politique d’éducation prioritaire sérieuse et dotée de moyens véritables : équipe pédagogique, temps de travail, affectation, déroulement de carrière et pérennité des équipes, coordination avec les autres institutions, formation continue spécifique....

Les réseaux d’aides aux enfants en difficulté ont été laminés. Je les rétablirai.

Les personnels nécessaires à l’accompagnement des élèves en situation de handicap n’ont pas été renouvelés. Des auxiliaires de vie scolaire seront nécessaires.

La médecine scolaire est laissée en jachère. Les postes ne sont pas pourvus, et la prévention ne peut faire son office.

Comment fera-t-on tout cela sans créer de postes ? Professeurs, personnels d’encadrement et de direction, médecins, psychologues, infirmières, auxiliaires de vie scolaire : nos enfants ont besoin d’eux.

Nous aurons besoin aussi de mieux organiser la transition entre nos lycées et notre enseignement supérieur. Trop d’élèves se retrouvent désorientés en entrant à l’Université et, finalement, abandonnent leurs études. Il n’est pas acceptable que nous ayons de moins en moins d’étudiants et un tel échec dans nos premiers cycles. J’accorderai une part de l’effort de la Nation à l’Université pour réussir cette transition.

Je suis prêt à tous les débats. Mais je refuserai toutes les hypocrisies.

La France a besoin de clarté, de raison et de justice. Elle a besoin de retrouver la volonté de progresser, de réussir.

En venant ici, à Orléans, honorer la mémoire de Jean ZAY, je ne suis pas venu seulement honorer une mémoire, même si elle le mérite ; je suis venu me ressourcer à une tradition, y puiser le sens et l’énergie de la tâche qui est la nôtre pour demain.

Je veux agir pour la France à cinq ans, à dix ans, à vingt ans. C’est le temps de la véritable action publique.

 Cette tâche je veux l’énoncer simplement, et je veux réunir l’ensemble des Français autour d’elle : c’est la promesse républicaine qu’il nous faut reprendre, c’est la priorité à la jeunesse, c’est la refondation de notre école et du pacte éducatif.

Je sais que tous les républicains de progrès peuvent se réunir autour de ce projet s’il est conduit avec rigueur, sincérité, obstination.

La France est un grand pays, qui a de grandes ressources ; elle peut surmonter la crise d’avenir qui la ronge et l’affaiblit. Il y faudra des efforts. Nous en ferons, ensemble.

Il y faudra de la constance. De la précision, de l’exigence, du respect aussi. Ils seront présents au rendez-vous. Pas besoin de bousculer les choses, pas besoin de déprécier les autres.

La France a besoin d’un vrai débat, et non de fausses querelles.

Je pense à ces déclarations brutales, prétendant briser les consensus en se présentant comme la voix du “bon sens”, et qui ne sont que des provocations semant la discorde et ternissant notre image nationale.

Et le courage, ce n’est pas l’injustice, alors qu’il n’est qu’agitation et virevolte.

Dans une tourmente financière qui déstabilise les Etats, devant une récession économique qui s’installe, face à une crise politique et morale, les manoeuvres visant à diviser, à opposer les Français les uns aux autres sont à la fois dérisoires et dangereuses.

Les Français ont besoin de rassemblement.

Le rassemblement, ce n’est pas l’union nationale ! Il y aura toujours des sensibilités, des histoires personnelles. Il y aura toujours des hiérarchies à établir dans les priorités d’une Nation. Il y aura toujours de grands choix à faire, quelle que soit la gravité de la situation, et des grands choix à faire en fonction de ses convictions, de la vision que l’on se fait de son pays et de son avenir. Il y aura toujours -et c’est tant mieux !- la gauche et la droite. Cela est nécessaire.

Le rassemblement, c’est le respect de ces différences, c’est l’écoute attentive de tous, c’est la volonté d’avancer ensemble, c’est l’affirmation tranquille de ses convictions, mais c’est d’abord la recherche obstinée de l’intérêt général, la reconnaissance de l’intérêt supérieur de la Nation.

Je veux, pour la France, l’unité, le rassemblement, la réconciliation, la concorde.

 Devant l’ampleur de la tâche à accomplir, face à la gravité des défis à relever ensemble, je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir pour ne jamais attiser d’inutiles dissensions.

Je m’engage, devant et pour les Français à toujours agir avec volonté, à travailler avec méthode.

Oui, avec méthode.

Commencer par le commencement, c’est la bonne méthode, quand d’autres veulent commencer par la fin.

Or le commencement, c’est l’Ecole.

En faisant de l’Ecole une priorité de mon action, je veux redonner à notre pays une ambition et une espérance.

Le moment est venu.

Vive la République ! Vive la France !

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