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Clioweb, le blog
26 septembre 2018

Ida Grinspan (1929-2018)

 

 ida-cercle


Ida Grinspan, 14 récits d’Auschwitz - 2005
http://www.youtube.com/watch?v=z3R3ZFGsBqE


Ida a pu être dans les longs entretiens de l'INA pour la FMS
une copie est peut-être là :
http://www.youtube.com/watch?v=WNSaEr6WtLA

 


« Une peine immense nous étreint. Notre camarade Ida Grinspan est partie.
Très grande figure du témoignage sur Auschwitz,
inlassablement, elle a semé des graines de tolérance et d'amitié.
Des dizaines de milliers d'élèves s'en souviennent ».
Union des Déportés d'Auschwitz‏ @UnionAuschwitz
http://memoiresdesdeportations.org/fr/personne/grinspan-ida


De nombreux messages de condoléances sur Twitter,
à la suite d'un tweet de Delphine Batho.
http://twitter.com/search?l=&q=%22Ida%20Grinspan%22%20since%3A2018-09-23%20until%3A2018-09-26&src=typd

 

Un blog : http://idagrinspan.over-blog.fr/

Ida Grinspan, témoignage 2006 (+ 2009 l’affaire de Parthenay) – Cercleshoah
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article60
http://www.cercleshoah.org/spip.php?article703

Ida Grinspan, choix de liens sur le blog Clioweb
http://clioweb.canalblog.com/tag/ida

 
Ida Grinspan, « Après Auschwitz » (en Suisse grâce à l’ADIR) - source CV
Voix et Visages, n•247, nov-déc. 1995. http://www.citadelle.com/images/Dossier_CNRD_2015_MRD_compressé.compressed.pdf

 

Témoignage recueilli en 2004
par le Mémorial de la Shoah et la Mairie de Paris
(1 h 46 mn)
http://www.youtube.com/watch?v=WNSaEr6WtLA

Ida Grinspan, l’arrestation


Ida Grinspan [Fensterszab] est née en1929 à Paris, de parents juifs polonais. Sa mère a été déportée le 27 juillet 1942, son père a été déporté le 31 juillet 1944. Tous deux ont été assassinés par les nazis.

De 1940 à 1944, elle vit à Lié, en Poitou.
Elle raconte son arrestation par 3 gendarmes français en janvier 1944 :

« Un dimanche soir, à minuit passé, 3 gendarmes arrivent où j'habite et disent à ma nourrice : « on vient arrêter la petite juive qui vit chez vous ». Tel quel. Aussi longtemps qu'elle a vécu, ma nourrice m'a raconté ce dialogue que je connais par cœur. Alors elle répond, « mais ce n'est pas possible, vous n'allez tout même pas arrêter cette gamine ! ». J'ai à ce moment-là 14 ans et 2 mois. Alors le brigadier lui répond sèchement : « nous on a des ordres, si on la trouve pas, on prend votre mari ».

Elle vient dans ma chambre ; j'ai entendu du bruit, je ne sais pas exactement ce qui se passe, j'ai un peu peur que ce soit cela mais je n'ai pas de certitude. Elle arrive dans ma chambre, elle vient m'expliquer, elle me dit : « les gendarmes sont là, ils viennent t'arrêter, et ils ont dit que si on te trouvait pas, on emmenait Paul ». Alors le temps d'un éclair, j'ai réalisé que nous sommes au rez-de-chaussée, je peux passer par la porte fenêtre, je peux me sauver, à l'insu des gendarmes, je peux aller chez n'importe quel voisin, ils m'ouvriront parce qu'ils m'aiment bien, mais quand elle me dit qu'on menace d'emmener son mari, je ne peux pas envisager de partir et de faire arrêter son mari à ma place.

Elle ne s'en tient pas là. C'est elle qui va réveiller les voisins. Parmi les proches voisins, il y a l'adjoint au maire. Il arrive, il commence à discuter avec les gendarmes, il essaie de les convaincre de dire qu'on ne m'a pas trouvée. Ce n'est pas pour rien que le capitaine a envoyé trois gendarmes : chacun a peur des deux autres. Ils n'ont rien voulu savoir, ils m'ont embarquée. Ces mêmes gendarmes m'ont emmenée dans un dépôt à Niort où on avait regroupé des juifs de tous âges. D'après les archives, on sait qu'on était 58. On nous a fait dormir dans un grand dépôt, sur des lits de camp.

Le lendemain après-midi, ma nourrice est arrivée. Un gendarme qui gardait le dépôt l'a laissée passer. Ma nourrice pleurait encore. Elle m'a raconté ce qui s'était passé : dès le matin, elle est allée voir le curé du village, elle lui a raconté mon arrestation. Sans hésitation le curé lui a fait un faux certificat de baptême.

Avec ce faux certificat, elle est allée à la Kommandantur de Niort. Elle a été reçue par le chef. Elle lui a expliqué qu'elle hébergeait une petite d'origine juive qui maintenant était convertie, qu'elle avait été arrêtée probablement par erreur. Le chef l'a écoutée, il ne l'a pas interrompue. Et puis, il lui a dit, avec un sourire narquois : « Ah oui, d'accord Madame, mais par qui a-t-elle été arrêtée ? » Elle a bien été obligée de dire que c'était par la gendarmerie française. Alors il s'est moqué franchement d'elle : « mais Madame, vous comprendrez très bien que si c'est la gendarmerie française qui l'a arrêtée, je ne puisse pas intervenir »

« Interrogée à Niort pour lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle est transférée à Drancy, qu'elle quitte pleine d'espoir : on lui dit que "ceux qui ont de la famille déportée vont la rejoindre".

Après un voyage en train dans la promiscuité et la puanteur, elle arrive à Birkenau, le 13 février 1944. Débarrassée deux ans plus tôt de ses nattes, Ida paraît plus âgée que ses 14 ans, et évite ainsi la chambre à gaz, où étaient envoyés d’office les moins de 15 ans. Elle comprend qu'elle ne retrouvera pas sa mère.
Affectée à un commando des pierres, puis des pommes de terre, elle travaille ensuite dans une usine d’armement. En janvier 1945, les Allemands évacuent Auschwitz, et une terrible « marche de la mort » emmène Ida jusqu’à Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne), puis à Ravensbrück. Malade du typhus, elle est envoyée dans une annexe du camp, à Neustadt, où elle est soignée par Wanda, une infirmière polonaise déportée pour résistance. "Je l’ai cherchée pendant cinquante-six ans." Mais lorsque Ida la retrouve enfin à Varsovie, elle est dans le coma depuis deux jours.
En mai 1945, c’est en brouette que les soldats soviétiques l’évacuent vers un hôpital militaire. Rapatriée au Bourget en avion, elle apprend que son père, déporté mi-1944, ne reviendra pas ».

Depuis les années 1980. Ida témoigne régulièrement dans les écoles.

Ida Grinspan : « J'ai pas pleuré » - 1 h 43 en 18 séquences
Le Monde.fr 25.07.2005 : les derniers témoins racontent ( vidéo non disponible en 2018)
http://www.lemonde.fr/shoah-les-derniers-temoins-racontent/visuel/2005/07/25/ida-grinspan-j-ai-pas-pleure_668597_641295.html

En 2002, Ida Grinspan a publié « J'ai pas pleuré » , écrit avec Bertrand Poirot-Delpech (Robert Laffont).
En 2003, Marceline Loridan-Ivens a réalisé La Petite Prairie aux bouleaux (traduction du polonais Brezinka, Birkenau en allemand)
http://www.lemonde.fr:80/web/vi/0,47-0@2-641295,54-668597@51-672973,0.html


(Pas) Le temps de dire merci

A quelques heures près, le destin n'a pas permis qu'une ancienne déportée juive, Ida Grinspan, puisse remercier Wanda Ossowska, l'infirmière polonaise qui lui avait sauvé la vie, au camp de Neuestadt, en 1945.
Au lendemain de la journée annuelle de la déportation (dimanche 29 avril 2005), ce rendez-vous manqué illustre la nouvelle ère de mémoire qui va s'ouvrir avec la disparition des derniers témoins directs. Le temps de l'ouï-dire commence. Bertrand Poirot-Delpech raconte.
http://www.lemonde.fr/shoah-les-derniers-temoins-racontent/article/2005/07/25/le-temps-de-dire-merci_674531_641295.html

Wanda évoquée par Ida dans Mémoires des déportations
http://memoiresdesdeportations.org/fr/video/wanda?temoin=100
Ida Grinspan

http://memoiresdesdeportations.org/fr/personne/grinspan-ida

 

 

ida-obs

 

 ida-paspleure



En 2010, un maire-adjoint (ancien gendarme) de Parthenay a tenté (en vain) de la censurer.

Le texte de la lettre publiée dans Après Auschwitz

http://www.cercleshoah.org/spip.php?article60




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