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23 juillet 2017

Paul Nicolle (1884-1952)

 

Paul Nicolle (1884-1952)

René Jouanne. Paul Nicolle. In: Annales de Normandie, 2ᵉ année, n°1, 1952. pp. 84-85;
http://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1952_num_2_1_5606

Les Annales de Normandie, ne sauraient passer soins silence la disparition de l'historien normand Paul Nicolle, décédé à Paris le 6 Mars 1951. Né à Mézidon, le 10 août 1884, il fit de solides études au collège de Vire, fut nommé, le 14 octobre 1906, répétiteur au collège de Bernay, où il prépara la licence d'histoire. Reçu licencié à la Faculté de Caen, Le 13 novembre 1908, il obtenait son diplôme d'étudiés supérieures en juin 1909. Répétiteur au collège de Saint-Lô, au mois d'octobre 1909, il occupa ensuite les chaires de professeur d'histoire aux collèges de Sées (1910) et de Vire (1913).

Il prit part à la première guerre mondiale comme volontaire, s'y conduisit vaillamment, fut blessé et cité (trente ans plus tard son comportement patriotique devait attirer sur lui l'attention de la Gestapo et l'obliger à quitter temporairement Paris pour se réfugier dans l'Orne, à Bellou-en-Houlme) . Rentré dans ses foyers, il consacra désormais les loisirs que lui laissait l'enseignement, à une thèse sur L'Histoire de Vire pendant la Révolution (1789-1800), qui lui valut le titre de docteur es lettres, avec la mention « très honorable », le 25 juin 1923. Il avait dédié cet important ouvrage au professeur Aulard et à ses maîtres de la Faculté des Lettres de l'Université de Caen.

[Le jury était composé de
MM. Prentout, professeur d'histoire de Normandie à la Faculté des Lettres ;
Bridrey, professeur à la Faculté de Droit, auteur de l'édition si estimée des Cahiers de doléances du bailliage du Cotentin ;
Weill, professeur d'histoire moderne et contemporaine ;
Barbeau, Rainaud et Besnier, professeurs à la Faculté des Lettres]

Sa thèse complémentaire, sur La vente des Biens nationaux à Vire et dans les communes voisines, fut publiée par le Comité du Calvados des documents relatifs à la Vie économique de la Révolution française qui, en 1927, édita la suite de cette remarquable étude (anciens cantons de Vire et de Pontfarcy).
La table des matières des 2 volumes
http://clioweb.free.fr/dossiers/revo/pnvbn.pdf


Le professeur Henri Prentout, qui faisait partie du jury de la Faculté de Caen, loua particulièrement le « travail en profondeur » d'un érudit qui, dans le détail, était parvenu à une véritable (perfection, « grâce à un certain goût de la minutie, doublé d'une forte dose d'abnégation » (P. Nicolle n'avait-il pas dépouillé 150 années de registres d'état civil ?) ; et il lui décernait cet éloge : « Je crois qu'il sait de la Révolution, à Vire, tout ce que l'on en peut savoir. » Quant à son étude sur la vente des biens nationaux, il la considérait comme un « travail minutieux, précis, sûr, - qualité exceptionnellement rare en cette matière, - extrêmement neuf en sa méthode et en ses résultats ».

Ce brillant succès universitaire devait conduire son auteur au lycée d'Alençon, où il enseigna de 1926 à 1937. Appelé au bureau du Comité départemental de l'Orne pour la recherche et la publication des documents économiques de la Révolution, que nous avions réorganisé en 1926, il donnait à notre bulletin de janvier-juin 1929 un article sur L’utilisation des Archives communales pour l'Histoire de la propriété foncière à la fin du XVIII° siècle, suivi d'une étude sur La répartition de la Propriété foncière à Condé-sur-Sarthe en 1791-1792 (n° de juillet-décembre).

Une circulaire du 13 octobre 1930 ayant invité les membres du Comité à dresser le bilan des ressources relatives à l'étude des cahiers de doléances pour les Etats généraux de 1789, il y répondit par un long article, - auquel il nous demanda de collaborer, - sur les Cahiers de Doléances en 1789 dans la Région ornaise (juillet-décembre 1930, janvier-juin 1931 et 1935). Enfin il entreprenait la publication de la curieuse Correspondance reçue par le Représentant du Peuple Fourmy, député de l’Orne à la Convention (bulletins de 1931 à 1938).

Entre temps il s'était intéressé à un autre conventionnel ornais, le Girondin Valazé. Publié en 1933 chez Félix Alcan, le livre qu'il lui consacra, et dont l’élaboration avait été suivie par Albert Mathiez, fut préfacé par M. Georges Lefebvre. L'année suivante, il donnait aux Annules historiques de la Révolution française un. article sur Les meurtres politiques d'Août et Septembre dans le Département de l'Orne (n° de mars-juin 1934). Appelé à Paris en 1937, au lycée Claude-Bernard où il termina sa carrière en 1948, et devenu le secrétaire adjoint du Comité directeur des Etudes Robespierristes, il continua sa collaboration aux Annales : Le Mouvement fédéraliste dans l'Orne en 1793 (no de janvier-octobre 1938) ; La Fille d'Hébert (octobre-décembre 1947) ; Note sur J. C. Marquât, le dernier imprimeur du Père Duchesne (janvier-mars 1948).

Ajoutons enfin que Paul Nicolle avait obtenu le prix Alphonse Peyrat pour l'ensemble de sa contribution à l'histoire de la Révolution et qu'à La Barre-de-Semilly (Manche), où il s'était retiré, il mettait la dernière main à une biographie de l'Alençonnais Hébert, quand la mort interrompit ses travaux historiques. Souhaitons que ce précieux manuscrit, auquel il attachait une importance particulière, trouve prochainement un éditeur.

Paul Nicolle était un maître dans toute l'acception du terme. Ses anciens élèves, devenus et demeurés ses amis, n'ont perdu ni le souvenir ni le profit de son enseignement direct, objectif, précis et vivant, puisé aux sources mêmes d'une érudition qui ne fut jamais rebutante. Ils n'ont pas compris que cet universitaire, qui figura pendant tant d'années sur la liste d'aptitude à l'enseignement supérieur, n'ait pas été appelé à une chaire de Faculté. Ils se sont également étonnés de ce qu'à côté de la croix de guerre et de la rosette de l'Instruction publique, une autre distinction méritée, mais que sa modestie lui interdisait de solliciter, n'ait pas souligné, en fin de carrière, la valeur exceptionnelle du professeur et de l'historien. On nous permettra de partager leur étonnement et leurs regrets.


voir aussi Au Pays Virois
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54911463/texteBrut

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