Sykes-Picot : la légende noire

- Il y a eu une légende noire des accords Sykes-Picot - Henry Laurens, Le Monde 23.12.2016
http://www.lemonde.fr/international/article/2016/12/23/henry-laurens

« Dès 1918, les Britannique ont utilisé l’appellation Sykes-Picot pour en diminuer la valeur juridique en rabaissant le niveau [des négociateurs]. Sykes-Picot est une invention britannique : les accords de mai 1916 ont en fait été signés par Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres, et par Edward Grey, secrétaire au Foreign Office, et devraient donc s’appeler « les accords Cambon-Grey ».
En 1920, une rencontre au sommet a lieu à Londres entre Lloyd George et Clemenceau. Lyod George exige le contrôle de Mossoul (et le pétrole), et Jérusalem (cf. la déclaration Balfour)
« Excepté le cas du Liban, les frontières étatiques ont été calquées sur les découpages administratifs ottomans. Si les Français et les Britanniques ont dessiné la carte, on peut dire que les Arabes l’ont « coloriée » »

- Comment l’Empire ottoman fut dépecé, Henry Laurens, LMD 04.2003
http://www.monde-diplomatique.fr/2003/04/LAURENS/10102

Entre 1916 et 1922, l’empire ottoman et ses marches firent l’objet d’intenses tractations entre Français et Britanniques. Après 1918, les Etats-Unis se posèrent en arbitres, au nom du « droit des peuples ». Pourtant, à aucun moment, les populations locales ne furent réellement consultées. Le partage territorial en fut durablement fragilisé.

En 1919, Wilson se pose en défenseur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Lloyd George manoeuvre habilement introduit discrètement les provinces arabes de l’Empire ottoman dans la SDN (Mandats dits A). Wilson accepte (janvier 1919). Mais le Sénat américain rejette la SDN et laisse Britanniques et Français face à face. Les principaux intéressés ne seront pas consultés. Les élites locales sont dépossédées de leur destin

On peut considérer qu’en 1920, toutes les élites arabes issues de l’Empire ottoman avaient à peu près les mêmes références et la même culture. Depuis, celles-ci n’ont cessé de diverger.


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