Guardian : La presse et le numérique
Médias. Comment le numérique a ébranlé notre rapport à la vérité
Courrier international 08.09.2016
La version française d'un article en anglais prend pour cible les médias sociaux,
leur reprochant de diffuser surtout des rumeurs et de brouiller l’information.
« Des mensonges du Brexit à la campagne outrancière d’un Donald Trump, les médias traditionnels ont perdu leur rôle de garde-fou dans l’espace public en laissant trop souvent rumeurs et approximations se propager sur Facebook, Twitter, Instagram ou Snapchat, déplore The Guardian. Au point qu’aujourd’hui, la viralité d’une information importe plus que la vérité ».
« Que se passe-t-il quand les faits ne comptent plus, quand les électeurs n’ont plus confiance dans les médias, et quand chacun croit en sa vérité ? La rédactrice en chef du Guardian, Katharine Viner, explique comment la technologie et les réseaux sociaux ont bouleversé notre rapport aux faits ».
dans les encarts :
. 40 % des Français s'informent via les medias sociaux.
. Les gens relaient les opinions des autres même s'il s'agit ... de mensonges
. C'est l'information en cascade
. L'important, ce n'est pas que l'histoire soit vraie, c'est que les gens cliquent
. Aujourd'hui, les medias sont incapables de poser des limites à ce qu'il est acceptable de dire.
How Technology disrupted the Truth,
Katharine Viner, The Guardian 12.07.2016
http://www.theguardian.com/media/2016/jul/12/how-technology-disrupted-the-truth
Dans l'article source, en anglais, Katharine Viner, la patronne du Guardian 12.07.2016 détaille des exemples de dérives. (L'article a été suivi de 1585 commentaires au 14.09.2016) :
. Un ragot sur une obscénité supposée de David Cameron (pig-gate)
. Les allégations d’un rédacteur en chef sur les 96 morts du stade d’Hillsborough (Sheffield) en 1989
. Les mensonges du Brexit
. L’investiture de Trump par le parti républicain...
Aucune des manipulations citées ne provient des seuls médias sociaux.
Ainsi, le premier figure dans une biographie dont les auteurs n’ont pas jugé utile de vérifier leur source.
Les secondes tiennent au travail de la presse, les autres sont des choix de politiciens.
KV constate l’affaiblissement de la notion de vérité.
Selon elle, l’imprimé renforçait l’impression de lire des « vérités sûres et établies »
(sic, au moins jusqu’au démenti suivant).
Avec le numérique, selon elle, les faits comptent moins que les opinions,
et les rumeurs circulent à très grande vitesse.
Elle ajoute le fait que les algorithmes des communautés fermées comme Facebook ou Google ne s’intéressent pas vraiment à la vérité, mais fournissent des réponses qui prolongent nos recherches précédentes et confortent nos convictions.
La presse en tant qu’activité commerciale est fragilisée aujourd'hui.
Certains patrons font le choix de titres racoleurs dans l’espoir vain de récupérer des miettes des revenus publicitaires (début 2016, FB et Google perçoivent 85 cents sur chaque dollar dépensé en pub en ligne).
Le numérique offre de nouvelles sources, permet de raconter autrement, de chercher de nouveaux lecteurs.
KV conclut :
« I believe that a strong journalistic culture is worth fighting for. So is a business model that serves and rewards media organisations that put the search for truth at the heart of everything – building an informed, active public that scrutinises the powerful, not an ill-informed, reactionary gang that attacks the vulnerable. Traditional news values must be embraced and celebrated: reporting, verifying, gathering together eyewitness statements, making a serious attempt to discover what really happened ».
« ...Technology and media do not exist in isolation – they help shape society, just as they are shaped by it in turn. That means engaging with people as civic actors, citizens, equals. It is about holding power to account, fighting for a public space, and taking responsibility for creating the kind of world we want to live in ».
« Les médias et les technologies n'existent pas en vase clos, ils contribuent à façonner notre société autant qu'ils sont influencés par celle-ci...Il s'agit de rendre les puissants comptables de leurs actes, de se battre pour le maintien d'un espace public et d'assumer nos responsabilités pour créer le monde dans lequel nous voulons vivre ».
Katharine Viner, article de Wikipedia
http://en.wikipedia.org/wiki/Katharine_Viner
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