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Clioweb, le blog
5 août 2015

La nuit du 4 août 1789

 

assemblee-4aout

Assemblée Nationale - Abandon de tous les privilèges, à Versailles, séance de la nuit du 4 au 5 août 1789
BNF Gallica -   https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6943987x.item



- « Art.1er - L'Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal.
Elle décrète que, dans les droits et les devoirs tant féodaux que censuels, ceux qui tiennent à la main-morte réelle ou personnelle, et à la servitude personnelle, et ceux qui les représentent, sont abolis sans indemnité ; et tous les autres sont déclarés rachetables, et le prix et le mode de rachat seront fixés par l'Assemblée nationale. Ceux desdits droits qui ne sont points supprimés par ce décret continueront néanmoins d'être perçus jusqu'au remboursement ».
Assemblée nationale, Décret relatif à l'abolition des privilèges, 11 août 1789, premier des 18 articles
http://fr.wikisource.org/wiki/Décret_relatif_à_l’abolition_des_privilèges


Jean-Pierre Hirsch, La Nuit du 4 août, coll. Archives-Julliard »,‎ 1978
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_août_1789
http://en.wikipedia.org/wiki/Abolition_of_feudalism_in_France

 

4-lib

Liberté de la France : séance du 4 août 1789... : estampe / non identifié
BNF Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84108055/f1.item.zoom


La nuit du 4 août vue par Michelet : « La nuit était avancée, il était deux heures. Elle emportait, cette nuit, l'immense et pénible songe des mille ans du Moyen-âge. L'aube, qui commença bientôt, était celle de la liberté ».
http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/MNO/Michelet/Revolution_Francaise/T1/T1_24.htm


grandepeur

La Grande Peur, in Michel Vovelle, La chute de la monarchie, 1787-1792, Points Histoire 1972 p129
http://www.archives18.fr/article.php?laref=131


La Nuit du 4 août est une réponse politique à la Grande Peur. En juillet, les paysans se soulèvent : ils brûlent des châteaux, ils détruisent les terriers. Avec l'abolition des privilèges personnels ou des droits dits réels, l'Assemblée nationale espère mettre fin à l'insurrection rurale.

Georges Lefebvre, La Grande Peur de 1789, 1937 reed. 1970
Georges Lefebvre au travail. journée d’étude IHRF, La Révolution française 2.2010
http://lrf.revues.org/146

 

- La Nuit du 4 août, entretien avec Michel Biard, 17.03.2012
http://agentsdentretiens.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=217:entretien-avec-michel-biard-la-revolution-francaise

La Grande Peur, qui commence le 20 juillet déferle sur deux tiers à trois quarts du pays, villes et campagnes.
Les ruraux dénoncent le régime seigneurial et ses excès.
« Lors de la Nuit du 4 août, pour calmer ces fureurs rurales, la Constituante décrète l’abolition des privilèges et d’une partie des droits des seigneurs. Toutefois, des décrets ultérieurs distinguent avec le plus grand soin des droits abolis purement et simplement (pour l’essentiel les droits seigneuriaux) et d’autres droits que les ruraux doivent racheter (les droits féodaux). Racheter, cela signifie que, pour être libérés de ces droits et donc obtenir enfin une propriété pleine et entière, ils doivent verser au seigneur des montants représentant 20 à 25 fois les paiements annuels, le tout devant être réglé en une seule fois et sans le moindre système de crédit. Dès l’automne 1789, au moment où justement les agents des seigneurs prélèvent une partie des droits, nombre de départements s’enflamment à nouveau et les luttes rurales ne vont plus cesser jusqu’en 1792-1793. Il faut, en effet, attendre le 17 juillet 1793 pour que la Convention nationale vote un décret abolissant pleinement et définitivement tous droits des seigneurs ».

- L’abolition des droits féodaux en France
Jean-Jacques Clere, Cahiers d'histoire 94-95 2005
http://chrhc.revues.org/1227

« Œuvre de compromis, les décrets des 4, 6, 7, 8 et 11 août 1789 reposaient sur une contradiction insurmontable : ils faisaient la promesse de détruire entièrement le régime féodal en même temps qu’ils garantissaient aux seigneurs le maintien d’un certain nombre d’autres droits. Cette contradiction ne cessa de s’amplifier pendant toute la durée de la Constituante ».

« La Législative hérite de la question... La loi du 28 août 1792 marque la fin d’une distinction juridique essentielle depuis le Moyen Age : la distinction entre la propriété éminente du seigneur et la propriété utile du tenancier. Le droit de propriété parvenait à l’unité. Incompatible avec le nouveau régime, le droit féodal était moribond ».

« La Convention décide l’abolition définitive du régime féodal
le décret du 29 floréal an II dans lequel la Convention décide : « Toute redevance ou rente entachée originairement de la plus légère marque de féodalité est supprimée sans indemnité quelle que soit sa dénomination, quand même elle aurait été déclarée rachetable par les lois antérieures »

 



4delire

Nuit du 4 au 5 août 1789
ou le délire patriotique - BNF Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69439979
(sur le web, en 2015, la nuit du 4 août est surtout revendiquée par les ennemis de la démocratie)



Voir également
Archives numériques de la Révolution française - FRDA
Environ 20 Images indexées à partir du vidéodisque de 1989 mis en ligne à Stanford

- dans Google (images) copier coller le titre, sans modifier la transcription, ajouter Gallica à la recherche.
un exemple : - N.o 32 4 aout, la nuit mémorable de l'abolition de tous les privilèges... : [estampe] [entre 1795 et 1798]
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84956146

- Nuit du 4 au 5 août 1789 ou le délire patriotique [estampe] [1789]
- L' Aristocratie interdite, lisant contr-elle tant d'arrets dans son dépit cherche médite contre nous les plus noirs projets : [estampe] [1789 ou 1790]
- [Evénement des seize et dix-sept août 1789] [dessin] [ca 1789]
- Evénements des 16 et 17 août 1789 M. Walche appaise des furieux, qui veulent ravager son chateau de Chassenon, en leur faisant préparer un repas : [estampe] [1789-1791]
- Retablissement de legalité entre les differentes conditions dame aristocrate, pompeusement califourchonée sur sa noblesse et trouvant mauvais que la canaille l'arrête dans sa marche : [estampe] [ca 1789]
- Souffrez, soumettez vous, pervers aristocrate au joug de la raison, à la loi démocrate : l'univers couroucé, vous voit avec mepris, il n'a pour vos plaintes, qu'un dédaigneux souris : [estampe] [1789 ou 1790]
- ABANDON DE TOUS LES PRIVILÉGES ASSEMBLÉE NATIONALE // IV. AOUT // MDCCLXXXIX [1789]
- Dame aristocrate califourchonée sur sa noblesse et trouvant mauvais que la canaille l'arrête dans sa marche [estampe] [ca 1789]
- Liberté de la France séance du 4 août 1789... : [estampe] [ca 1789]
- Désespoir des pensionnaires [estampe] [1790]
- Dédié à la noblesse savonnée la marque des sots... : [estampe] [1790]
- Assemblée Nationale abandon de tous les privilèges, à Versailles, séance de la nuit du 4 au 5 aout 1789 [présentée et dédiée à l'Assemblée nationale, le 19 octobre 1790, par Helman,...] : [estampe] [1790]
- Mr Necker, ne pouvant se resoudre d'abandonner son ecusson, et protestant contre le décret qui le suprime [estampe] [1790]
- Seance du 19 juin 1790 l'Assemblé nationale décrete que la noblesse héréditaire est pour toujours abolie, qu'en conséquence, les titres de prince, duc, comte, marquis, viconte, vidame, baron, chevalier, messire, ecuyer, noble et tous autres titres semblables, ne seront pris par qui que ce soit, ni donnés à personne, que tous les citoyens ne pourront prendre que le vrai nom de leur famille... : [estampe] [1790]
- Ma finte Monsieur, je crois que vot habit d'officier m'irois ben [estampe] [1790]
- [Aristocrate arrêté dans sa fuite par le peuple armé] [estampe] [1790]
- Le Tems donnant les cendres au clergé et a la noblesse [dessin] [ca 1790]
- L' Abolition des titres de noblesses par le decret de l'Assemblée nationale en juin 1790 [estampe] [1790]
- Dédié à la noblesse savonnée la marque des sots... : [estampe] [1790]



La nuit du 4 août. Michel Vovelle, La chute de la monarchie 17887-1792, Points Histoire 1972, pages 132-133

« L'historiographie romantique nous a transmis le souvenir d’une commotion collective, d'un mouvement d’enthousiasme quasi imprévisible, élément d’une histoire du miracle où l’effusion généreuse des élites nanties répondrait à la grande peur des pauvres. Ce miracle avait été bien préparé. Le 3 août, le Comité des rapports ne savait encore que proposer un rétablissement de l'ordre par la force. Dans la nuit du 3 août, des concertations entre les leaders du parti patriote, réunis au sein du « club breton », aboutissent à la mise au point d'un scénario où l’initiative est habilement laissée à des membres de la noblesse libérale, pour proposer une transaction. Dans la séance de nuit du 4 août 1789, la parole est prise d'abord par le vicomte de Noailles, puis par le duc d'Aiguillon qui se rencontrent pour formuler une offre, d’une générosité mesurée. Établir l'égalité, et tout d’abord l’égalité devant l’impôt. mais au-delà, détruire les privilèges qui constituent le régime « féodal » ; les uns, qui pèsent sur la personne, seront abolis sans contrepartie ainsi la corvée ou la mainmorte; les autres « droits réels », qui pèsent sur la terre, représentent une propriété, contre-partie d'une concession puis d'un contrat initial supposés, à ce titre, on offre de les déclarer rachetables. Il en va ainsi pour les champarts et plus largement pour tous les droits les plus onéreux au paysan. Habile distinction, assurant le succès d’un projet qui déchaîne l'enthousiasme. On ne s'en tient pas là : nobles et prélats, dans un climat d'effusion croissante, proposent l’égalité des peines, l'abolition de la vénalité des charges et l'égale admission à tous les emplois, puis l'abolition des justices seigneuriales puis la suppression des droits de chasse, de garenne et de colombiers. Par contact, la renonciation s’étend à tous les domaines privilégiés de ce qui devient dès lors l’ « Ancien Régime », chacun, les mauvaises langues le notent, s'empressant à sacrifier les privilèges du voisin. Le clergé y perd la dîme et le casuel, les provinces et les villes leurs exemptions, états et franchises.

L’apparente table rase s’achève dans l’enthousiasme d’une nuit blanche. Au matin on fit les comptes, et du 5 au 11 août c'est dans le cadre d’un âpre marchandage que furent rédigés les décrets définitifs. On ne revient pas sur le principe puisqu'on déclare d’entrée : « L’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal ». Mais dans la fixation des modalités d’application, les aristocrates trouvent chez certaines têtes du parti patriote (Sieyès ou Mirabeau) des appuis apparemment inattendus. Les clauses du rachat des droits réels ne sont pas faites pour le faciliter : le seigneur n’a pas à faire la preuve de ses titres, l’unanimité doit être réalisée chez tous les membres de la communauté paysanne pour que l’émancipation ait lieu... Puis le clergé défend âprement la. dîme, sans succès d'ailleurs, enfin, la suppression des corporations, prématurément proposée, disparaît de la rédaction définitive

La déception la plus lourde affecte les paysans : marché de dupes, penseront-ils, que cette abolition qui se solde par un rachat onéreux. voire impraticable. Mais la pratique commence à corriger l'inachèvement du nouveau droit et dès lors se dessine un mouvement de refus collectif d’acquitter les prestations anciennes.
Quelles que soient les limites de sa portée, la nuit du 4 août conserve une importance majeure dans le déroulement de la Révolution et plus largement dans l'histoire de la France moderne. Dans leur complexité, les stratifications institutionnelles qui faisaient de la France une nation incomplète inachevée, s’effacent d'un coup. L’ancien régime social d’une société d’ordres fait place à l’égalité civile appelée par la philosophie des Lumières ».


- Fabio Freddi, « La presse parisienne et la nuit du 4 août », in Annales historiques de la Révolution française, 1985
Deux thèmes sont très présents dans la presse : la crainte de l’anarchie populaire, le combat contre le despotisme royal. Marat s’intéresse davantage au fossé entre l’aristocratie de l’argent et le petit peuple
http://www.persee.fr/articleAsPDF/ahrf_0003-4436_1985_num_259_1_1099/article_ahrf_0003-4436_1985_num_259_1_1099.pdf

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4 août 2015

Sa triviale image sur le métal



Quand on interdisait les appareils photo sur les plages, Andréa Fradin Rue89 03.08.2015
http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/03/quand-interdisait-les-appareils-photo-les-plages-260494

Narcissisme inculte, images volées au détriment de la vie privée, dévalorisation de l’art :
plus d’un siècle avant les selfies et les médias sociaux, la photographie essuyait déjà une pluie de reproches.
Dans Rue 89, série de l’été sur les catastrophes technos qui n’ont pas (toujours) eu lieu


extrait :
« Depuis 1900, des millions et des millions de personnes figent leur famille, leurs enfants, leurs vacances sur papier – ou écran. Et mettent en scène leur vie, autant qu’ils le font aujourd’hui sur Instagram ou Facebook. Comme le rappelle The Smithsonian, les mariages et les diners ont vite été pensés pour bien paraître aux yeux du monde.
La seule différence, c’est que personne, ou pas grand monde, n’avait accès à ces milliards de clichés. Quelques amis ; trois, quatre, membres de la famille demandant à parcourir l’album photo qui trônait alors dans le salon. Et pas davantage.
Désormais, c’est potentiellement le monde entier qui voit vos clichés intimes... »

Les critiques accompagnent toute l’histoire de la photo :
« La société immonde se rua, comme un seul Narcisse, pour contempler sa triviale image sur le métal » écrit Baudelaire qui se fait tirer le portrait à de nombreuses reprises par Nadar ou Carjat.
Pour La Revue des deux mondes, les photographes s’étendent « longuement et complaisamment sur les brindilles », dans « une exactitude indiscrète et cancanière sur les détails dont on n’a que faire ».
Aujourd’hui, le selfie concentre les récriminations. « Le phénomène en lui-même est moins important que son accompagnement médiatique ». Pour André Gunthert, c'est à la fois le signe d'un trouble dans notre échelle de valeurs et l'indication que l'image, longtemps méprisée par les lettrés, est devenue quelque chose d'important.


baud-carjat

Baudelaire photoraphié (Carjat, Nadar...) - Google Images
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Baudelaire


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3 août 2015

Besançon 1943 : les Fusillés de la citadelle

 

Le 26 septembre 1943, 16 résistants sont fusillés à la citadelle de Besançon
après jugement par le Tribunal militaire allemand. Parmi ceux-ci :

- 4 membres du groupe FTP Marius Vallet (du nom du premier fusillé de la citadelle) : Jean Compagnon, Balthazar Robledo (fondateur du groupe), Saturnino Trabado et Paul Paqueriaud. Ce dernier faisait le lien avec les :

- 12 membres du groupe FTP Guy Mocquet (mal orthographié, du nom de Guy Môquet) : Raymond Aymonnin, Henri Fertet (Compagnon de la Libération), Philippe Gladoux, Jean-Paul Grappin, René Paillard, Léon Puget, Roger Puget, Marcel Reddet, Gaston Retrouvey, Georges Rothamer, René Roussey et Marcel Simon, le chef du groupe.

Une stèle leur rend hommage en forêt d'Aveney. Elle a été inaugurée le dimanche 18 mai 1947. (source C. Vast + internet)


Les exécutions :
http://mairie-chouzelot.fr/histoire_1914_18_39_45.html
7h36
René Paillard (né le 13 avril 1925), lettre à ses parents, à Léon son camarade, à l'abbé Vernerey, curé d’Avanne, à Louis Vauthier son oncle
Gaston Retrouvey (né le 20 novembre 1924),  à ses parents
Henri Fertet (né le 27 octobre 1926), à ses parents
Marcel Reddet (né le 17 mars 1926), à ses parents, à sa soeur, à ses oncles et tantes, à son beau-père, au curé de Pugey
7h56
Philippe Gladoux, (né le 10 janvier 1926), à sa mère et son frère, à ses oncle et tante
Jean Grappin (né le 8 mai 1922), à ses parents
Raymond Aymonin (né le 7 janvier 1923), à ses parents
Jean Compagnon (né le 24 décembre1922), à ses parents
8h10
Marcellin Puget (né le 6 février 1914), à ses parents
Roger Puget (né le 23 janvier 1921, à ses parents
René Roussey
Georges Rothamer (né le 16 mars 1919), à ses parents et à sa femme
8h25
Saturnino Trabado
Balthazar Robledo
Paul Paquériaud (le 12 mars 1908), à sa femme et ses enfants
Marcel Simon (né le 27 février 1920), lettre à ses parents, au curé de Pugey, à son frère et à sa sœur, à André Ligier, son cousin, à son parrain Armand Butter
http://museedelaresistanceenligne.org/media4235-DerniA
http://lesamitiesdelaresistance.fr/lien23/045-besancon.pdf


- Besançon : Leur grand-père, ce héros, L’Est républicain 16.02.2015
http://www.estrepublicain.fr/doubs/2015/02/16/leur-grand-pere-ce-heros

La famille d’un résistant espagnol fusillé à la Citadelle en 1943, Saturnino Trabado, a ignoré ses faits d’armes pendant plus de 70 ans. Ses petites-filles étaient reçues hier à Besançon


« De leur grand-père, elles ne savaient que peu de choses. Qu’il avait fui le franquisme et quitté sa Galice natale en 1939, en laissant derrière lui sa femme et son petit garçon de 3 ans. Qu’il était employé en France, à Larnod dans le Doubs, aux établissements de travaux publics Carmille. Et qu’il était mort, quelque part dans le chaos du conflit ».

« A l’automne dernier, en effectuant des recherches sur internet, Mercè et Nùria tombent sur le blog de Jean-Jacques Compagnon, neveu de Jean Compagnon, l’un des fusillés ».

Twitter : Merces et Nuria Trabado, accueillies à la @CitadelBesancon où leur grand-père Saturnino a été exécuté en 1943
http://twitter.com/cecilevast/status/566999536640753665


La répression de la Résistance en Franche-Comté, CNRD 2010
http://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00146.pdf


vast-fusilles

Cécile Vast, « Je vais être fusillé ce matin... »
La citadelle de Besançon sous l’Occupation :
lieu et symbole de la répression de la Résistance en Franche-Comté (1941-1944)

L’ouvrage est consacré aux cent résistants fusillés à la citadelle de Besançon entre 1941 et 1944.
http://www.citadelle.com/images/FicheFusillesMRD_v3.pdf


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2 août 2015

Besançon 1943 : Henri Fertet, résistant

fertet

>> Twitter : Inscriptions nazies et xénophobes au collège Henri Fertet de Sancey-le-Grand
http://www.macommune.info/article/inscriptions-nazies-et-xenophobes-au-college-henri-fertet-de-sancey-le-grand-127548

05.06.2019 :  Lettre lue à Portsmouth par le président de la République)


Henri Fertet (1926-1943) est un des 16 résistants fusillés par les nazis
à la citadelle de Besançon le 26 septembre 1943.
Il participait au groupe de résistance « Guy Mocquet »
dirigé par Marcel Simon à proximité de Besançon. (source C. Vast + internet)


La dernière lettre écrite par Henri Fertet à ses parents (26.09.1943)
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/fertet.pdf

« Chers parents,

Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n'en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.

Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, ce que j'ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis, et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait.
Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd'hui car, avant, je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l'amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être après la guerre, un camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J'espère qu'il ne faillira pas à cette mission sacrée.

Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis ; dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands parents, mes oncles tantes et cousins, Henriette. Donnez une bonne poignée de main chez M. Duvernet ; dites un petit mot à chacun. Dites à M. le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu'il m'a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant, mes camarades de lycée. A ce propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez " Le Comte de Monte-Cristo " à Emourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice André, de la Maltournée, 40 grammes de tabac que je lui dois.

Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa,
mes collections à ma chère petite maman, mais qu'elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d'épée gaulois.


Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux.
Non pas une France orgueilleuse, première nation du monde,
mais une France travailleuse, laborieuse et honnête.
Que les Français soient heureux, voila l'essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur.

Pour moi, ne vous faites pas de soucis. je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout,
et je chanterai Sambre et Meuse parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me l'as apprise.

Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N'admettez pas de négligence.
Il doit se montrer digne de moi. Sur trois enfants, il en reste un. Il doit réussir.


Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée ; mais c'est parce que j'ai un petit crayon.
Je n'ai pas peur de la mort ; j'ai la conscience tellement tranquille.

Papa, je t'en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ?
Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre, bientôt au Ciel.
« Qu'est-ce que cent ans ? "

Maman, rappelle-toi :

« Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs
qui, après leur mort, auront des successeurs. »

Adieu, la mort m'appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché.
Je vous embrasse tous. C'est dur quand même de mourir.

Mille baisers. Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans - H. Fertet

Excusez les fautes d'orthographe, pas le temps de relire »



Le 9 décembre 1943, au micro de la BBC, Maurice Schumann rend hommage aux fusillés.
La lettre a été reproduite dans des journaux clandestins nationaux.
François Marcot a retrouvé une vingtaine de copies de la lettre.
Elle a été diffusée sous forme de tract par le Front National,
le mouvement de résistance proche des communistes

copie du tract dans le fichier
+ Lettres de fusillés (Besançon pages 51-52) :
http://lesamitiesdelaresistance.fr/lien23/045-besancon.pdf

La vie à en mourir. Lettres de fusillés 1941-1944
Musée de la Résistance et de la déportatoin Limoges 2017

 


A propos de Guy Möquet :
François Marcot, Historiens & Géographes 2007
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/gmmarcot.pdf


- Le destin d’Henri Fertet

Maitron des Fusillés -
http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/spip.php?article49958

biographie, source : http://lesamitiesdelaresistance.fr/lien23/045-besancon.pdf

« Fils d’instituteurs, Henri Fertet est né dans le Doubs, à Seloncourt, le 27 octobre 1926 ; ses parents y enseignent. Après des études primaires dans sa commune natale, il gagne le Lycée Victor Hugo de Besançon en 1937. Cet élève intelligent et appliqué se passionne pour l’Histoire et l’archéologie. Au cours des vacances d’été 1942, le jeune homme intègre un groupe de résistance dirigé par un agriculteur de 22 ans, Marcel Simon, secrétaire de la Jeunesse Agricole Chrétienne (JAC) locale, à Larnod (à quelques kilomètres de la citée bisontine).

En février 1943, le groupe désormais formé d’une trentaine de membres intègre l’organisation des Franc-Tireurs et Partisans (FTP) sous le nom de Groupe-Franc Guy Mocquet (en hommage rendu au plus jeune des fusillés de Châteaubriant, en octobre 1941) qui se structure rapidement dans l’objectif de la lutte clandestine.

Henri Fertet (enregistré sous le pseudonyme de Émile, matricule 702) participe comme chef d’équipe à trois opérations. C’est tout d’abord l’attaque du poste de garde du Fort de Montfaucon, le 16 avril 1943, dans l’intention de s’emparer d’un dépôt d’explosifs ; l’opération entraîne la mort d’une sentinelle allemande. Le 7 mai suivant, il intervient ensuite à proximité de Besançon dans la destruction d’un pylône haute tension.
Le 12 juin 1943 enfin, sur la route Besançon-Quingey, il prend part à l’attaque du commissaire des douanes allemand, Rothe, dans le but de lui subtiliser arme, uniforme et papiers. Henri Fertet tire sur le commissaire, le blesse mortellement. L’arrivée inopinée d’une moto l’empêche de se saisir des documents.

Activement recherché, le groupe subit rapidement de plein fouet une vague d’arrestations successives. Les nazis s’emparent de sa personne le 3 juillet suivant, à trois heures du matin, alors qu’il se trouve chez ses parents à l’école de Besançon-Velotte. Henri est enfermé à la prison bisontine de la Butte. Jugé par un tribunal de guerre allemand, le 18 septembre, il est le plus jeune des prévenus, ce qui ne l’empêche évidemment pas de se voir condamné à mort en même temps que quinze autres de ses vingt-trois co-inculpés ; sept autres seront déportés (seuls trois survivent à l’enfer). Le 26 septembre 1943, après 87 jours d’emprisonnement et de torture, Henri Fertet est fusillé à la Citadelle Vauban avec quinze camarades ».

Par décret du 7 juillet 1945, Henri Fertet est fait compagnon de la Libération à titre posthume
http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/342.html

L'article de Wikipedia fait allusion au suicide de sa mère et de son frère cadet en 1980.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Fertet


- Le musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon a recueilli l’ensemble des archives de la famille Fertet en septembre 2014, de la part de sa nièce. Trois établissements scolaires portent le nom de Fertet dans l’académie : l’école de Velotte à Besançon, dont le père d’Henri Fertet était l’instituteur, le collège de Sancey-le-Grand et le lycée professionnel de Gray en Haute-Saône.


- Les fusillés de la Citadelle, 26 septembre 1943 - 26 septembre 2013

http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/spip/spip.php?article1293
les fichiers ne sont plus en ligne. Dommage.

Le site académique propose une étude (Lettres Histoire) de la lettre d’Henri Fertet
proposition de corrigé

. Ce que dit la lettre :
Les conditions de détention
Le discours de « l’enfant adolescent »
De l’amour filial à l’amour de la Patrie
Comparer les champs lexicaux des paragraphes 2 et 4
Qualités morales mises en avant et valeurs défendues
L’évocation de la mort dans les 3 derniers paragraphes

. Ce que ne dit pas la lettre :
sur les actions menées par les résistants, sur la postérité de cette lettre

8 mars 2004, Appel des Résistants aux jeunes générations
http://clioweb.canalblog.com/tag/appel2004

 

en substance, les marchés financiers mettent en cause les conquêtes sociales de la Libération.
Se mobiliser pour faire vivre l’héritage de la Résistance et ses idéaux de démocratie économique, sociale et culturelle.

 


2007 - « Qu'avons-nous fait de leur idéal de solidarité ? »
François Marcot, Historiens & Géographes,
lors de la controverse soulevée par N. Sarkozy
http://www.fondationresistance.org/pages/rech_doc/guy-moquet_portrait11.htm


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1 août 2015

Régions : le choix de Hollande

 

regions-libe


Les régions choisies par F. Hollande selon Libération



- Quelles sont les capitales des nouvelles régions ? Libération 31.07.2015, 13h04
http://www.liberation.fr/politiques/2015/07/31/regionales-la-liste-des-capitales-devoilees_1356821
[une carte à lire avec prudence : Aix serait un rectorat de référence pour la Région, Nice un rectorat ordinaire]
extrait :
« En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, par exemple, si Toulouse obtient la préfecture de région, Montpellier peut se consoler avec la chambre régionale des comptes, le rectorat coordinateur, l’Agence régionale de la santé (ARS), la Direction régionale des affaires culturelles et celle de la jeunesse et des sports.
Rouen, notamment sous l’impulsion de l’homme fort de la ville, Laurent Fabius, obtient la préfecture de région, Caen obtient des compensations. Le rectorat de région, l’ARS ou la direction régionale des affaires culturelles seront basés à Caen ».


- Régions : et les nouvelles capitales sont... Le Monde 31.07.2015, 12h30
http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/07/31/manuel-valls-choisit-les-nouvelles-capitales-regionales_4706302_823448.html

[ Les questions ne manquent pas sur l'intérêt de la conjonction de la politique (nationale et locale) et de la technocratie.
En quoi la taille d'une unité administrative serait-elle essentielle : cf. en Allemagne la Bavière et Brême, ou aux USA la Californie ou le Maine.
Et les salariés de l'Etat ou des Régions peuvent légitimement s'inquiéter sur les mutations qui leur seront imposées, à moyen ou long terme.
Quant aux citoyens, ils verront les décisions concernant leur destin leur échapper chaque jour un peu plus... ]



- Côté académies : Caen, Montpellier Aix Besançon Nancy
un commentaire sur Twitter
http://twitter.com/hashtag/shadokacademy?src=hash



fig-flou-regions

Le grand flou de la réforme territoriale. Le Figaro 01.08.2015
.. des questions demeurent, notamment sur les économies engendrées.

Qu'écrivait Le Figaro lors du rapport Balladur ?
Que disait le PS des modifications proposées alors par la droite ?


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