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L'atelier de photographie d'Alphonse Bertillon à la préfecture de police - 1890
http://criminocorpus.revues.org/2716


Martine Kaluszynski, « Alphonse Bertillon et l’anthropométrie judiciaire. L’identification au cœur de l’ordre républicain » http://criminocorpus.revues.org/2716 (avec bibliographie)

Pierre Piazza, Alphonse Bertillon et l’identification des personnes, 1880-1914 *
http://criminocorpus.org/fr/musee/alphonse-bertillon/


Pour identifier des personnes, Bertillon mobilise 4 techniques :
- l’anthropométrie, enrichie par des typologies nouvelles de l’oreille, du nez ou de l’iris ;
- le signalement descriptif de plus en plus détaillé, assimilé à un « portrait parlé » du visage et du corps ;
- le relevé des marques particulières sur le corps (cicatrices, tatouages...)
- la photographie, avec la mise en place d'un protocole contraignant (vues de face et de profil)
La photographie géométrique (ou métrique) permet d’archiver l’état des lieux lors des premières constatations après un crime ou un délit.

Les résultats alimentent un fichier central géré par le Service de l’identité judiciaire (créé en 1893).
En France, le casier judiciaire a été organisé par la circulaire du 6 novembre 1890, légalisé par les lois du 5 août 1899 et du 11 juillet 1901.
« Le bertillonnage a contribué à pourvoir de structures techniques et scientifiques un Service de l’Identité judiciaire qui, par la rigueur de son savoir et la sensibilité de ses instruments, porte à son point de perfection l’art de constater, d’identifier et de comparer ».

En théorie, le fichage par cet appareillage policier ne concerne que les seuls récidivistes.
Dans la pratique, le fichage a été progressivement élargi.
Il a servi en Indochine, pour tenter de contrôler la population colonisée et les migrations en cours.
En 1912, il a été utilisé pour le carnet anthropométrique des nomades


« L’historiographie récente a mis en lumière la diversité de ses innovations et son influence dans la constitution de procédés nouveaux d’identification entre 1882 et 1914. L’anthropométrie judiciaire, le relevé des marques corporelles, le « portrait parlé », la photographie signalétique et l’ensemble des techniques réunies sous le terme de bertillonnage ont contribué à la répression de la criminalité mais, plus encore, participé à la mise en place d’une organisation et d’une bureaucratie policière nationale et internationale... Bien que destiné à l’origine aux récidivistes, le bertillonnage est donc caractéristique d’une vraie technique républicaine de gouvernement qui s’adresse à l’ensemble de la société ».


photo-nomades

Le bertillonnage est mis au service de l'encartement des « Bohémiens » :
il prend en compte implicitement les  « signes de race »
dans le « carnet anthropométrique d’identité des nomades » établi par la loi du 16 juillet 1912
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20111018.OBS2711/photos-fichage-une-si-longue-histoire.html


« Malgré des résultats probants, la méthode anthropométrique n’est pas d’emblée officiellement reconnue. Une petite partie de l’opinion publique commence à s’émouvoir des dérives engendrées par l’extension de sa mise en œuvre, en pointant notamment l’atteinte à l’intimité et à la pudeur faite aux personnes que l’on déshabille pour être mensurées ». D'autres dénoncent la logique préventive, avant toute comparution en justice. On reproche parfois au bertillonnage de prendre la suite de la marque infamante au fer rouge supprimée en 1832.


À peine savourée, tout juste atteinte, la suprématie du bertillonnage fut remise en cause par une méthode d’identification cette fois-ci infaillible : l'étude des empreintes digitales... Elle a été introduite dans le district de Hooghly au Bengale par William Herschel qui en était l’administrateur. Sir Francis Galton (dir. du labo d’anthropologie de Londres) se sert de cette initiative pour l'appliquer en Angleterre.


La logique de l'identification, née au XIXe siècle, a depuis constamment alimenté les discours nationalistes, avec des prolongements xénophobes, voire racistes. Aujourd’hui, d’autres techniques ou technologies (biométrie, vidéosurveillance, etc.) s’inscrivent dans cette filiation. Ce phénomène... « amène à s’interroger sur les conséquences qu’induisent la tendance à promouvoir toujours plus le développement de technologies qui troublent les frontières, pourtant classiques, entre sécurité et liberté, entre police et justice ou entre répression et surveillance ».

 

En 2010, Criminocorpus a mis en place le projet Bertillon, avec la mise en ligne d'une partie de l'oeuvre de Bertillon.
http://criminocorpus.hypotheses.org/1724
http://criminocorpus.hypotheses.org/tag/alphonse-bertillon

Bertillonnage, bibliothèque de Criminocorpus
http://criminocorpus.org/fr/bibliotheque/collections/police-scientifique-bertillonnage/

Pierre Piazza a coordonné l'ouvrage Bertillon, bertillonnage et polices d'identification
(avec des articles sur l'Indochine et le monde colonial, sur la Guyane), Criminocorpus 2014
http://criminocorpus.revues.org/341

* Pierre Piazza, Alphonse Bertillon et l’identification des personnes, 1880-1914
Alphonse Bertillon (1853-1914)
La loi de 1885 sur les récividistes
L'anthropométrie judiciaire
Le service photographique de la préfecture de police de Paris
Identification anthropométrique dans les prisons
La méthode du  « portrait parlé »
Les empreintes digitales face à l'anthropométrie
Le développement international d'une police d'identification
L'identification anthropométrique des morts
Le carnet anthropométrique des « nomades » (1912)
Bertillonnage et identification civile des populations
L'anthropométrie dans l'espace colonial français
Bertillon au regard de la presse
L'identité judiciaire, un phénomène culturel
http://criminocorpus.org/fr/musee/alphonse-bertillon/


1914 -2014 Bertillon, aux origines de la police scientifique,
une expo a été présentée aux Arts et Métiers en mai 2014
http://criminocorpus.hypotheses.org/7432


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