La plan Hollande, un IPT bis ?
Bon anniversaire, monsieur numérique et madame informatique à l’école !
http://www.brunodevauchelle.com/blog/?p=1680
Bruno Devauchelle fait le parallèle entre le plan numérique annoncé par François Hollande et le plan Informatique pour tous de 1985, avec la répétition du « triptyque habituel : équipement (des tablettes pour tous d’ici 2020), ressources en manuels scolaires numériques, formation des enseignants ».
« Les entreprises qui font pression sur l’Etat, via des instances diverses, sont dans leur logique légitime. Le monde scolaire est aussi dans sa logique quand il défend sa forme traditionnelle…Les familles sont dans leur logique quand [au nom de l’avenir de leurs enfants elles s’endettent pour les équiper…] .
Pour lui, cette initiative étatique risque de connaître le sort des précédentes, faute de poser la question essentielle : quelle Ecole voulons-nous pour nos enfants ? Pourquoi ne prend-on pas le temps d’analyser les composantes des plans antérieurs ?
Aujourd'hui, smartphones et tablettes sont partout. L’Ecole est désarmée devant les usages sociaux qui les accompagnent. Comment changer l'organisation de l'Ecole pour qu'elle puisse tirer parti du numérique et faire évoluer ses méthodes de travail ?
Il est habituel de cogner contre les occasions manquées des années 1980. Le plan informatique pour tous a eu des défauts, mais il faut le remettre en contexte. Est-il possible de rappeler que les ordinateurs personnels étaient alors très chers - un clone IBM coûtait plus de 10 000 F - 1500 euros - mais peu évolués (Informatique pour tous, c'était les MO5 en terminaux de nanoréseaux, après les premiers Goupil et les léanord SilZ. Au temps des premiers Apple ou des premiers compatibles IBM).Ces ordis étaient loin d'avoir la puissance de calcul et d'affichage des smartphones actuels : impossible d’éditer des cartes de géo en haute définition sur des écrans non grahiques qui affichaient 40 colonnes (cf. le logiciel Cartax).
La formation s’occupait beaucoup à apprendre à programmer des tris en tous genres, sans réelle relation avec les contenus enseignés par les disciplines scolaires. http://clioweb.free.fr/clio/egotechnohistoire.htm
Mais longtemps avant l’invention du web 1.0, ces initiatives ont sensibilisé les enseignants aux évolutions prévisibles. Elles ont disposé à supporter les balbutiements de l’Internet, quand la connexion aléatoire et coûteuse se faisait à 56 ou 64 ko. Elles ont permis de questionner les pratiques du métier de prof. Elles ont parfois permis des changements de carrière.
Ce mouvement a été brutalement interrompu par la politique menée par Claude Allègre : obsédé par la logique « un prof devant une classe », il a détruit la formation continue, oubliant que la formation est un élément-clé de toute réforme réussie.
Dix ans plus tard, le ministre Chatel a supprimé l'HG en Terminale S. Dans les instructions officielles réécrites dans l'urgence, l’usage de l’ordinateur est devenue une injonction obligée. Pour de bonnes raisons (ne pas accroître le nombre des disciplines), tout nouvel enseignement doit se faire une place sans moyens. Le Ministère demande aussi aux lycéens de connaître des savoir-faire qu'il a négligé de leur faire enseigner.
Du coup, les obstacles majeurs demeurent : dans une classe à 36 lycéens, il est difficile d'échapper au cours magistral (dialogué). Dans les salles informatiques, les ordinateurs ont vieilli, et l’accès à un réseau est souvent un vrai parcours du combattant (essayez de vous connecter au wifi public et gratuit dans une université !).
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