Normandie 1944 : civils et libérateurs
Ce week-end à Caen, un festival / « salon » du livre où les intermittents ont donné de la voix.
Les dessinateurs ont beaucoup de succès,
mais les choix techniques sont toujours surprenants : P. Assouline avait droit à un amphi en dur,
mais les trois tables rondes avaient lieu au milieu d'un voile bleu,
et ajoutaient au brouhaha général, comme dans un (coûteux) hall de gare.
Un table ronde abordait le rapport des civils à leurs libérateurs :
Andrew Knapp (U. Reading) a publié « les Français sous les bombardements alliés 1940-1945 », Tallandier
Alice Mills (retraitée, U. Caen) a enquêté sur les « Soldats noirs américains, Normandie 1944 ».
Le débat a été révélateur.
Une intervenante a reproché à l'ancien maire de ne pas avoir porté jusqu'au staff d'Obama le souvenir d'un Antillais qui a participé au débarquement. Un autre a réagi sur les bombardements (« inutiles et meurtriers » selon lui), les viols et les exécutions.
Les clichés ont la vie dure (cf l'opposition supposée entre bombardements anglais (« précis ») et américains).
Une tentation serait de mettre en cause la place faite à l'histoire de la 2GM depuis Chatel.
L'âge des débatteurs ne le permet pas ; il s'agissait plutôt d'un rejeu de la récente campagne des municipales.
La vraie difficulté tient sans doute à des lectures victimaires, partielles et partiales et à l'oubli des contextes.
Des lectures qui minorent le poids de l'occupation et de la répression nazies.
Pour les soldats noirs, la réalité du racisme aux USA a été évoquée (sans le mot semble-t-il), le poids d'une éducation colonialiste en France a été passé sous silence.
Pour les bombardements, la propagande de Vichy a laissé des traces : pour 1944, revoir l'Oeil de Vichy
ou le dessin animé "Nimbus libéré" (Raymond Jeannin sur "les libérateurs qui apportent la guerre et la mort" :-) ), prolongeant ainsi un discours de Pétain à Nancy en mai (en substance, "la guerre revient, ne vous en mêlez pas").
http://clioweb.free.fr/dossiers/39-45/roffat.htm