La hantise des origines
Les Origines de la France. Quand les historiens racontaient la nation,
Paris, Le Seuil, collection L’Univers Historique, 2013, 430 p
Le mythe de la nation française - La Vie des idées, 12.07.2013
Lecture de l'ouvrage de Sylvain Venayre par Anne-Marie Thiesse
http://www.laviedesidees.fr/Le-mythe-de-la-nation-francaise.html
« La monarchie française avait été pensée en instrument de la Providence... Le siècle post-révolutionnaire cultive intensément la recherche des origines (du langage, des nations, du christianisme, des espèces) qui doit éclairer - sur leur nature, leurs droits et leurs devoirs - des sociétés désormais vouées à la liberté ».
Pour vanter la nation, les monarchistes inventent « la fille aînée de l’église », les républicains lui opposent « la fille chérie de la nature » (cf la géographie).
« Un agrégat inconstitué de peuples désunis » : l’historiographie dégage des origines multiples pour la nation France, mais cette diversité est présentée comme ayant vocation à l’unité. Pour Michelet, la France est une personne, elle est « l’esprit de la liberté qui s’est incarné dans une nation auto-engendrée ». La raciologie est convoquée jusqu’en 1870 ; elle est ensuite récusée comme science allemande. Renan illustre ce revirement dans son célèbre discours de 1882 : « L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence de l'individu est une affirmation perpétuelle de vie ».
http://classiques.uqac.ca/classiques/renan_ernest/qu_est_ce_une_nation/qu_est_ce_une_nation.html
http://fr.wikisource.org/wiki/Qu'est-ce_qu'une_nation_?
http://mjp.univ-perp.fr/textes/renan1882.htm
« Bannie depuis longtemps des colloques et des thèses, la hantise des origines a bien prospéré en d’autres territoires. L'idole règne aujourd’hui sur un vaste et rentable marché de films, jeux, spectacles, publications de vulgarisation ». Face à la persistance des conceptions essentialistes, le métier de l’historien est la meilleure des réponses.
Egalement,
Edward Baring, The Young Derrida and French Philosophy, 1945-1968, Cambridge : Cambridge University Press, 2011, 326 pp.
http://www.laviedesidees.fr/Derrida-un-intellectuel-marginal.html
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