Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Clioweb, le blog
26 janvier 2013

Le croquis de géo, quel avenir ?

 

"Introduire la cartographie numérique dans l'épreuve de cartographie au bac : mission vraiment impossible ?"
http://didageo.blogspot.fr/2013/01/introduire-la-cartographie-numerique.html
L'auteur, Sylvain Genevois est MdC, Didactique de la géo et TICE, Université de Cergy-Pontoise / IUFM de Versailles


Merci à Sylvain de revisiter une nouvelle fois un débat décennal et d’aborder des questions pertinentes, à condition de ne pas oublier les enjeux et les contextes.

- L'émission de Sylvain Kahn a porté sur un seul aspect de la géo numérique, celui de l'aide technique à la localisation.
Les anamorphoses avaient été évoquées auparavant, lors des élections et dans les émissions sur Territoires 2040. Lire aussi les 2 pages de Cécile Marin dans le dernier Carto, ou les critiques faites à Worldmapper dans Mappemonde.
L’évolution de la carto scolaire et de la carto statistique (cf Geoclip) n’étaient pas au programme.
De plus, Plantin y a sans doute inversé la chronologie : les profs ont d'abord utilisé Google Earth (relire ce que SG a écrit à ce sujet) avant de s'intéresser parfois à G Maps (GE vers 2006 sur H-Français, GM plutôt vers 2008. SG a dit fortement ses réserves sur l'usage de GE en classe : http://tinyurl.com/ar5dznb )

- La géo scolaire est une cible commode :
jamais assez spatiale pour les uns, jamais assez active ou trop abstraite ou philosophe pour d’autres.
Un fardeau pour qq géographes de l'université ou des ex-iufm.

- La question est au moins double : quelle géo enseigner ? quelles modalités pour les épreuves de bac ?
La première est fréquemment débattue, la réponse signée par Peillon (la relecture des programmes, les 4h30 en série S) ne satisfait pas.

Sur le second point, faisons un détour par l'histoire scolaire.
L'épreuve sur documents a connu au moins 3 ou 4 avatars, depuis le commentaire composé jusqu'à la version actuelle.
Sans oublier l'étape où la présentation des documents occupait beaucoup plus de place dans les copies que l’exploitation du sujet abordé (le tableau, la partie rédigée). Dans ce cas, bcp de candidats se contentaient de recopier les indications fournies au bas des documents dans les sujets.
Au moins 2 défauts à ce type d'épreuve :
. elle déshabille les élèves, et les conduit à oublier les connaissances qu'ils auraient su mobiliser pour rédiger une dissert/compo.
. elle ne permet pas de distinguer entre les élèves qui ont bossé dans l'année et ceux qui ne savent que paraphraser.
Mais désarçonner le correcteur et compacter toutes les notes autour de 10, n'est-ce pas une des finalités officielles de ce type d'épreuve ?
Tout ceci pour dire que toute épreuve, même la plus intelligemment pensée, produira des dérives contre lesquels l'énergie des profs risque de s'user inutilement. Surtout si les sujets sont le simple décalque d’une géographie institutionnelle imposée d’en haut (cf l’EDD)


Alors le croquis de géo en terminale ?
Il n'a jamais trouvé grâce auprès des didacticiens. Surtout ceux qui n'ont pas réussi à imposer les chorèmes dans le secondaire. Relire Mappemonde en 4-1999 ou Mappemonde en mars 2006.
Dénigrer le travail des profs, en fonction des commandes passées par le MEN, ne serait-ce pas aussi une forme de légitimation de la présence d'intermédiaires entre savants et profs ?

Ne serait-il pas possible de penser un bilan plus équilibré de cette épreuve, en ne masquant pas son intérêt, en ne niant pas l'importance du travail accompli, par les profs et les élèves (j’en ai témoigné dans la Chronique internet, pointé aussi des dérives : cf le croquis sur l’Asie orientale présentée par un collègue comme une création personnelle alors qu’il s’agissait d’un simple recopie d’un manuel ? le plagiat ne serait donc pas limité aux seuls lycéens ?

2 exemples :
. L'épreuve a sans doute permis d'interroger la sémiologie, mieux que les habituelles pages litanies de certains manuels du supérieur.
. Donner au graphisme un rôle important dans l’expression des idées, en quoi cela serait-il choquant ? Bien sûr le coup de crayon est discriminant. Philippe Rekacewicz aurait sûrement de meilleures notes que certains lycéens. détail : le jaune du crayon de couleur n’est pas celui de l’imprimeur ou de l'ordi.

La réflexion sur l'élaboration de la légende a autant de valeur que la mise au point d'un plan détaillé d’une dissert/compo. Il apprend à réfléchir aux différents facteurs d'explication à mobiliser (la nature ? l’histoire ? les hommes ? les capitaux ?) et à les classer par ordre d'importance. Tant pis si les moins enthousiastes recopient les choix faits par les auteurs du Hatier.

Le détour par les manuels devrait surtout inciter à davantage de modestie :
voir la manière dont la Normandie occidentale est traitée, quand elle existe dans ces manuels (en profiter pour revoir ou découvrir les croquis régionaux de Chabot, ou les cartes du Nathan...)
La Normandie occidentale en cartes dans les manuels de lycée.
http://controv.free.fr/carto/bn/bn.htm


Une épreuve de croquis à partir d'un dossier documentaire a déjà été envisagé. Elle existe dans les épreuves de géo en Angleterre. Ici, il est probable que le coût d'une reproduction (couleur ?) a été dissuasif.
De plus, l'objectivité n'est pas assurée dans le choix des documents à étudier. Quand un sujet comporte une carte de Sc Humaines (1997) localisant 3 grands constructeurs auto dans le monde, qu'attend-on des élèves ? Qu'ils écrivent qu'ils se sont aperçus que le cartographe s'est planté en oubliant que Toyota produisait aussi des autos au Japon ?
Dans le cas des cartes du commerce mondial, les candidats se contentent trop souvent de recopier les chiffres qui accompagnent les flèches.
Rien n’interdirait, même en noir et blanc, de faire analyser et commenter des cartes qui ne soient pas une simplification caricaturale d’une réalité.

3 remarques pour finir :

. d'où vient-on ?
Les profs d'HG les plus anciens ont subi au Capes et à l’Agreg le règne sans partage du commentaire de la carte topo (le 1/50 000) et la domination écrasante de la géomorpho.
En quoi des historiens d’aujourd’hui ne seraient-ils pas armés pour enseigner la Géohistoire chère à Vincent et à C. Grataloup ?
En quoi ne pourraient-ils comprendre les outils utilisés par les services de l'Etat et les collectivités, dans la gestion informatisée des réseaux ?

. L'objectivité contenue dans les données ? ? Quel géographe oserait négliger que ces données sont construites, qu'elles dépendent du service qui les a commandées, de ses finalités et des cadres conceptuels du moment.
Tous éléments qui auraient leur place dans une géo critique, si le temps nécessaire était donné aux enseignants.

. Les pratiques sociales de référence ?
Elles sont déjà présentes dans la géo scolaire (cf les achats obligés dans des périphéries moches et sans âme), tout comme les articles de presse qui anticipent sur le Grand Paris, sans se soucier du financement et de la réalisation effective (ou non) des chantiers.

Alors la réflexion voulue par Sylvain est nécessaire.
Tout comme le serait une expérimentation des solutions qui émergeraient de cette réflexion à laquelle seraient associés des profs « ordinaires ».
Pour ne pas avoir à subir pendant plusieurs années les dérives souvent prévisibles d’une formule, présentée pour nouvelle ou comme retour vers le passé.


.

Publicité
Publicité
Commentaires
Clioweb, le blog
Publicité
Archives
Publicité