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Clioweb, le blog
7 septembre 2012

Laïcité et morale : des questions

 

Vincent Peillon veut enseigner la morale laïque à l'Ecole. Le Journal du Dimanche, 02.09.2012
http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Vincent-Peillon-veut-enseigner-la-morale-a-l-ecole-550018


L’annonce du ministre suggère de multiples questions, sur le fond et sur la forme.

S’agit-il d’une démarche politique, un hommage à Ferdinand Buisson et une volonté de prendre date dans un débat de longue haleine ? Un dirigeant de gauche peut vouloir utiliser sa fonction pour répondre aux cléricaux, ceux d'hier (cf le discours de Victor Hugo contre la loi Falloux en 1850) ou ceux d'aujourd'hui (NS à Rome **, en 2007, un discours écrit par une catholique intégriste ?). Etait-il vraiment indispensable de donner à l'ancien ministre un prétexte pour faire diversion et tenter de faire oublier la casse méthodique organisée dans l'Education ?

Cette annonce politique est-elle vraiment opportune ? N'y a-t-il pas de chantiers beaucoup plus urgents ?
Formation des enseignants, suppression de l’HG en Terminale S et déstructuration de l’histoire enseignée au lycée, programmes et examen imposés au forceps en SES, etc… Les attentes sont considérables, après cinq ans de démolition. L’annonce de la création d’une mission a enflammé les médias, visiblement plus prompts à entretenir la polémique qu’à analyser et affronter les défis majeurs auxquels l’Ecole d’aujourd’hui est confrontée.

S’agit-il de repenser l’éducation, en donnant davantage de place à la raison et à la formation du jugement ?
Dans ce cas, toutes les disciplines sont concernées, aussi bien scientifiques que littéraires ou sociales. Dans cette hypothèse, l’urgence ne serait-elle pas plutôt de relire les programmes scolaires souvent incohérents installés par le quinquennat précédent ? Ou s'agit-il d'une mesure habilement corporatiste, préparant la généralisation d'un enseignement de la philosophie du CP à la Terminale (et au master) ?


Plusieurs questions concernent la forme de communication choisie et les méthodes envisagées :

Pourquoi communiquer autant sur ce sujet, au risque de brouiller tout ce qui est en cours (concertation sur la refondation de l’école), et de donner l’impression de laisser peu de latitude à la mission qui sera chargée de la conception du projet ?

Cette annonce est révélatrice d’un travers trop fréquent dans l’Education.
Un ministre arrive avec une idée qu'il considère exceptionnelle, liée à une conviction personnelle ou à un lobbying efficace. Il demande à son service de communication de stigmatiser ce qui se fait déjà ou d’en ignorer l’existence.
Dans ce cas précis, cela donne
« La laïcité comme fait juridique, philosophique et historique n’est pas suffisamment étudiée »
ou « Je n’ai pas dit instruction civique mais bien morale laïque », « créneaux horaires réservés à l’instruction civique et morale utilisés par les enseignants pour rattraper le retard sur d’autres points du programme » …
Ensuite, il peut présenter son projet comme la solution à tous les problèmes existants.

L'Education civique au collège, l’ECJS (Education Civique Juridique et Sociale) en lycée ont été redéfinies voilà une décennie, après une relative déshérence. Ne suffirait-il pas d’en repenser les contenus et les méthodes pour tenir compte des évolutions de notre société et prendre en charge une partie du projet du ministre ?

Ne faudrait-il pas être prudent sur l'affirmation de grands principes, quand les évolutions de la société et de la technique suscitent des comportements qui contredisent gravement ces principes.


Depuis plusieurs années, le secondaire fait la différence entre les disciplines et les enseignements. Les premières disposent des moyens humains et matériels, les seconds sont n’ont ni enseignants spécifiques, ni moyens, et doivent obtenir des bribes de DHG pour pouvoir exister.
Cela conduit à un empilement invraisemblable au lycée : une classe de seconde de 36 élèves peut être concernée par plus d’une vingtaine de matières. Les emplois du temps, ceux des élèves et ceux des professeurs témoignent d’un système au bord de l’asphyxie par manque de souplesse.
Pourquoi vouloir ajouter un élément à une usine à gaz qui complique déjà la vie de tout le monde, avec parfois les meilleurs intentions.

Pourquoi envisager d’emblée un enseignement avec une note au bac ? L’enjeu a déjà été abordé au temps d’Allègre, lors de la mise en place de l’ECJS. On peut noter des savoirs ou des savoirs-faire. Peut-on vouloir noter des opinions personnelles ou des comportements, à l’école ou à l’extérieur ?

Ne faudrait-il pas éviter les sujets polémiques, et les mots qui font écran (la morale à l'école) et entretiennent des débats sans solution simple et rapide ?
La relecture des programmes actuels, le retour d’une formation repensée, la quête de solutions matérielles simples seraient bien plus utiles à la refondation de l’Ecole. Ne serait-il pas plus urgent de lui donner l’organisation et les moyens nécessaires pour affronter efficacement les défis d’aujourd’hui ?


- 08.09.2012 :  dans l'édito de Jacques Julliard (Marianne) :

« Enseignez aux élèves à lire la TV, à en décrypter les montages les menteries et les mensonges ... Laissez tomber la morale laïque de crainte d'être mal compris de tous les croyants ».

http://clioweb.free.fr/presse/1temp/mar/jj-reforme-edu.jpg


- 04.09.2012 - Education : Morale laïque ou Formule magique ?
lettre de FD, La Rochelle, lettre parue dans Le Monde du 5 septembre 2012

« Monsieur le Ministre, refermez tout de suite cette boîte maléfique, même s'il reste encore l'espérance au fond de celle-ci... »

http://mediateur.blog.lemonde.fr/2012/09/04/education-morale-laique-ou-formule-magique/

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