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Clioweb, le blog
9 juin 2012

Québec : Les enjeux


Au Québec, les raisons d'un soulèvement
- double page dans Le Monde Opinions - 07.06.2012
http://www.lemonde.fr/idees/2012/06/07/au-quebec-les-raisons


- L’accès à l'université, un acquis fragile et menacé


Pour Normand Baillargeon « si la hausse des frais d'inscription décrétée par le gouvernement Charest (Parti libéral) a pu susciter une résistance si passionnée, c'est d'abord que cette hausse s'en prend à ce qui est, au Québec, un acquis récent, précieux et qui demeure très fragile : l'accessibilité à des études supérieures ».

« Sur fond de martèlement de casseroles des citoyens qui se sont joints aux plus de 150 000 étudiants toujours en grève, ce Printemps Erable est donc révélateur de profondes tensions sociales depuis longtemps larvées et témoigne de l'affrontement entre deux visions antagonistes de l'éducation et de la société. Le vocabulaire employé pour décrire la crise actuelle est à cet égard éloquent :

. Pour les partisans de la hausse - le gouvernement, les recteurs, une certaine élite intellectuelle et médiatique, etc. -, on parle volontiers en des termes individualistes et économiques, qui sont ceux d'une relation marchande : les étudiants "boycottent" leurs cours, refusent de s'acquitter de leurs "droits" de scolarité et de payer leur "juste part".

. Pour les adversaires de la hausse, il s'agit plutôt d'une "grève", menée au nom du "bien commun" et par laquelle on refuse de payer des "frais de scolarité" en exigeant leur gel, voire la gratuité scolaire.

On peut raisonnablement le penser : cette crise laissera de profondes et peut-être douloureuses marques dans la société québécoise. Elle aura en tout cas permis à une génération de faire un véritable apprentissage de la vie politique et de ses combats et remis à l'ordre du jour des questions fondamentales dont on a pu un temps craindre qu'elles aient été oubliées ».
Normand Baillargeon suggère la tenue d’Etats Généraux de l’enseignement supérieur.


- Les autres lectures politiques sont à la limite de la caricature tant ils sont prévisibles :

. Une minorité boycotte les cours - Charest, le politicien conservateur à l’origine de la crise, affirme que sa « position est juste et équitable ». La loi 78 ? Il prétend qu'elle veut « protéger le droit de manifester » (sic).

. « Sous le bruit des casseroles, Louise Beaudoin (Parti Québécois) veut entendre la voix de l'indépendance ».

. « On prend aux jeunes l'argent nécessaire à la conquête du Nord » affirme Richard Desjardins, le vice-président de l'Action boréale.


- Au Québec, le pouvoir libéral de Jean Charest est usé.
Le texte de Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE n'est disponible que sur Internet.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2012/06/07/ce-qui-se-passe-au-quebec_1713962_3222.html

copie du point de vue étudiant :

« Le dictionnaire des synonyme a déjà été retourné plusieurs fois pour décrire la mobilisation ayant actuellement cours au Québec. Une grève étudiante sans précédent, qui s'est transformée au fil des semaines en mobilisation citoyenne historique, en grande partie grâce à l'intransigeance du gouvernement de Jean Charest. Depuis les dernières semaines, les médias internationaux se sont emparés de l'affaire. Les images de manifestations et d'affrontements font les manchettes partout à travers le monde. Que se passe-t-il au Québec ?

Les premières traces de la lutte actuelle sont à rechercher dès 2010. À la fin mars, le ministre des Finances du Québec Raymond Bachand dépose un budget qu'il qualifie lui-même dans les journaux de "révolution culturelle". Il n'aurait pas pu mieux dire: le budget est historique. Il contient une série de mesures de tarification et de privatisation des services publics : la hausse des frais d'inscription à l'université y est annoncée (75% en 5 ans), ainsi que l'instauration d'une "taxe-santé" annuelle de 200 dollars pour avoir accès au système de santé public et universel québécois et une augmentation de 30% des tarifs d'électricité. Déjà, on le voit: la hausse des frais de scolarité s'inscrit dans une vague beaucoup plus large de mesures d'austérité néolibérales.

C'est à partir du dépôt de ce budget incendiaire que la mobilisation s'ébranle, en crescendo jusqu'au 13 février dernier, où 11 000 étudiants et étudiantes déclenchent une grève générale illimitée. Rapidement, ce nombre gonflera, pour atteindre 300 000 grévistes le 22 mars, dont au moins 200 000 dans les rues de Montréal. Un moment clé de la grève : les étudiants et les étudiantes prennent conscience de l'ampleur et du potentiel de leur propre mobilisation. La lutte commence à s'élargir : les expressions "Printemps québécois" et "Printemps érable" naissent sur la bouche des manifestants. Cela se traduit aussi dans la rue. Les citoyens sont de plus en plus nombreux dans les rues. Des collectifs de poésie apparaissent. De nombreux événements de prise de parole sont organisés. Un mois plus tard, au jour de la Terre, les Québécois sont 250 000 dans les rues pour défendre le bien commun. L'ébullition politique est sociale est à son maximum. Chaque soir, des milliers de personnes descendent dans les rues, majoritairement les étudiants et les étudiantes.

Lorsque le gouvernement de Jean Charest adopte sous bâillon parlementaire la loi spéciale 78 qui suspend les sessions universitaires et encadre sévèrement le droit de manifester. C'en était trop : la marmite saute. La colère accumulée contre le gouvernement Charest en plus de 10 ans se traduit enfin dans la rue. Par dizaines de milliers, des familles québécoises descendent spontanément dans les rues casseroles à la main, et plus seulement à Montréal. Depuis, le tintamarre se fait entendre chaque soir, à 20 heures dans toutes les villes du Québec.

Le pouvoir libéral est usé. La montée de lait actuelle s'inscrit dans une escalade de l'insatisfaction qui s'étire sur plusieurs années : corruption, scandale des gaz de schiste, favoritisme envers le milieu des affaires, saccage de l'héritage social-démocrate du Québec, gestion déficiente des ressources naturelles. Quelle que soit l'issue de la grève étudiante, la vague de changement qui s'est ébranlé ce printemps ne s'arrêtera pas de si tôt. Contre tous les préjugés, la jeunesse québécoise a accepté de jouer son rôle historique : défendre la justice sociale. Et nous sommes des centaines de milliers. Difficile de ne pas être optimiste ».


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