Rencontres Normandie Demain
Les premières " Rencontres Normandie Demain " organisées par la MRSH et Ouest-France ont eu lieu à Caen le 14 mars 2012 - http://www.normandiedemain.fr/
Les 4 tables rondes ont été filmées, et devraient arriver en ligne dans un mois sur le site de La Forge numérique (U de Caen). http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/forge
Rappel - les tables rondes
1 : Les défis de l'agriculture et de la mer
2 : Les nouvelles voies économiques
3 : Les connexions demain
4 : La culture une ressource ?
« Il faut que la Normandie se décomplexe ! ».
Un article de Ouest-France (14.03.2012) propose une synthèse dans un exercice qui combine représentations des acteurs et anticipations possibles (à distinguer de la géographie virtuelle qui semble très présente dans beaucoup de manuels) : « Terre et mer, nouvelles connections, économie, culture... Les premières Rencontres Normandie demain, hier à Caen, ont exhorté les Normands à croire dans les atouts de leur région ».
http://www.entreprises.ouest-france.fr/dossier/normandie-demain-14-03-2012-48318
qq observations :
- dans tous les cas, les options politiques étaient sous-jacentes.
Pour les pro-UMP, la région Normandie est en déclin irrémédiable : normal, les 2 conseils régionaux leur échappent depuis 2 mandats. :-) En face, la LGV ump Neuilly-Le Havre annoncée par NS a été critiquée : pour l'opposition actuelle, c'est une décision qui ressemble à un coup politique, au fait du prince. De plus, les débats organisés par l'administration n'abordaient au départ que des enjeux locaux ; les géographes ont fait leur possible pour y introduire la multiplicité des échelles, du local au national et à l'européen.
Les discours sur la compétition entre les territoires l'emportent nettement sur la stabilité de l'emploi, la qualité de la vie ou la coopération. On ne parle plus d'égalité, sauf à gauche, mais d'équité, voire de coop-compétition :-):-)
- Les géographes ont déjà mené un long combat pour déconstruire les clichés.
Naguère, Robert Hérina déconstruit l'association habituelle Normandie occidentale - vaches laitières. Il a rappelé le passé industriel de la région (pas au sens d'un bassin minier, mais dans le Bocage normand, ou la SMN à Caen), et souligné le rôle essentiel des emplois tertiaires ;
Pascal Buléon (MRSH) a publié un Atlas de la Basse-Normandie chez Autrement. Il attire l'attention sur l'importance du littoral et des liaisons maritimes, ou sur la place de la culture (cf Normandie impressionniste).
http://clioweb.free.fr/dossiers/normand/bnorm.htm
Lors des Rencontres, les géographes n'étaient pas majoritaires.
M Brocard (U. Le Havre) a évoqué le déclin relatif du port du Havre, au profit de Rotterdam et d'Anvers. Selon elle, l'Ouest est négligé par la politique européenne des transports. Les grandes villes doivent accepter de travailler ensemble, même quand leurs couleurs politiques sont opposées.
A Brennetot (U. Rouen) souhaite une réflexion sur la mobilité, la mise en place d'outils de régulation (SCOT élargis ?). Selon lui, l'intégration de l'économie dans la globalisation ne devrait pas faire oublier l'importance du cadre de vie.
La vision des patrons, des communicants, des responsables de la culture a son intérêt. Mais là où certains patrons insistent plutôt sur les infrastructures, leur fond de commerce, les géographes mettent davantage l'accent sur l'aspect humain et social. Noter l'absence des historiens de métier.
- La planète nomade, c'était un thème de St Dié. « La mobilité est devenue un élément essentiel de notre société, un facteur d'intégration » écrit un manuel de 1ere chatel, en évitant de s'interroger sur le coût humain et environnemental de ces migrations pendulaires souvent forcées.
Cette vision à la mode chez les géographes a été questionnée par la responsable du magazine Esprit de village, installé à La Carneille, dans l'Orne. Selon elle, la mobilité sur une échelle large, du local au global, touche moins de 10 % des actifs, ceux qui combinent au quotidien avion, LGV et internet mobile.
Pour 90 % des salariés, la mobilité est plus restreinte : de 10 à 50 km à parcourir en auto pour aller bosser, par tous les temps, dans une mobilité qui est souvent plus subie que choisie. La perspective du carburant à 2 euros le litre pèse de plus en plus lourd, sous la forme d'un impôt difficile à esquiver.
http://www.village.tm.fr/
http://lacarneille.blogspot.fr/
- Un vendeur de tuyaux a d'autant mieux convaincu qu'il n'a pas cherché à théoriser et à conceptualiser les flux et les réseaux. Il a pris comme exemple sa bio et son parcours professionnel personnel, de la Bretagne à la Picardie en passant par la Normandie (Le Calvados a accepté de financer un équipement en fibre optique ...). Il a comparé les temps de transport en train : Amiens-Paris en 66 mn, c'est nettement mieux que 110 mn entre Caen et Paris. Mais le risque, c'est de transformer une ville du Bassin Parisien en simple cité dortoir.
- Le marketing était très présent : comment faire des Arts florissants une vitrine du théâtre de Caen ? comment vanter Jazz sous les pommiers ? Comment célébrer le succès de Normandie impressionniste
- Quelle géographie ? Une géographie sociale ou une étude des infrastructures ? Une géographie en prise sur le réel ou une géographie virtuelle ? La géo comme constat et explication d'une situation en 2012, ou la géo comme anticipation des choix qu''il serait possible de faire ou qu'il faudrait financer, en n'oubliant pas de les habiller des atours du développement durable ?
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Camus : le manifeste censuré
Albert Camus, le manifeste censuré
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/18/les-devoirs-du-journaliste-selon-albert-camus_1669779_3212.html
Le Monde publie un article d'Albert Camus, conservé aux Archives d'outre-mer, à Aix-en-Provence. Il aurait dû paraître le 25 novembre 1939 dans Le Soir républicain, une feuille d'information quotidienne vendue uniquement à Alger, dont Camus était le rédacteur en chef et quasiment l'unique collaborateur avec Pascal Pia. Mais l'article a été censuré.
Extraits :
« … il nous plairait de définir ici les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination ».
La lucidité et le refus - « … pour peu qu'on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s'assurer de l'authenticité d'une nouvelle. C'est à cela qu'un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s'il ne peut dire tout ce qu'il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu'il ne pense pas ou qu'il croit faux. Et c'est ainsi qu'un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas ».
« l'ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants ».
« … il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L'obstination est ici vertu cardinale ».
« Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de la servitude. Et après ? dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu'il croit vrai et juste, s'il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l'abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot ».