L'Ecole et les grands hommes 1814-1914
Christian Amalvi . L'exemple des grands hommes de l'histoire de France à l'école et au foyer (1814-1914).
In: Romantisme, 1998, n°100. pp. 91-103.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1998_num_28_100_3292
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Les grandes figures modèles du catholicisme de 1814 à 1914 : St Vincent de Paul, Le curé d'Ars, sainte Geneviève ...
Le Panthéon laïque, ou la « voie royale » de la Révolution : Voltaire, Rousseau, Hoche, Kléber, Lamartine, Gambetta ...
Le Panthéon national : Jeanne d'Arc, Henri IV, Bayard, du Guesclin, Turenne ...
« Jeanne d'Arc, avec 191 biographies, est, après Napoléon, la personnalité la plus importante de la littérature populaire et scolaire. On peut du reste se demander si la redécouverte tardive de Jeanne n'est pas parallèle au déclin rapide du culte du Petit Caporal dans la seconde moitié du XIXe siècle ».
« Jeanne appartient aux catholiques et aux royalistes ; Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, a demandé à Rome sa canonisation dès 1869 ».
« Pour la gauche, Jeanne reste la fille du peuple, l'héroïne de la nation, [la] martyre de son indépendance, [la] fondatrice de son unité, et bien sûr la victime emblématique de l'Église, sa mort constituant la preuve la plus accablante de l'imposture séculaire de cette institution hypocrite et barbare : « Oui, Jeanne appartient aux catholiques »
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« Comment ne pas revenir, après Mona Ozouf, à « cette inlassable division, spécialité de l'histoire française », appliquée cette fois non à un « lieu de mémoire » monumental, mais à l'imaginaire et à la culture historiques que chaque génération s'est forgée à partir de lectures scolaires et familiales, c'est-à-dire, au fond, à ce que chacun retient du passé quand il a tout oublié ? Loin d'échapper au feu des « passions françaises », la mise en scène conflictuelle du théâtre de l'histoire de France me paraît en avoir été, bien au contraire, du moins jusqu'en 1940, un brandon de poids pour l'entretenir, voire en amplifier la vigueur. Ces âpres combats pour la mémoire ne semblent s'atténuer que dans la seconde moitié du XXe siècle sous l'effet de trois phénomènes complémentaires : la réintroduction des catholiques dans la société française à l'issue de la Résistance, qui entraîne leur adhésion sincère et définitive à la République; la réconciliation de l'Église avec le monde moderne à l'occasion du Concile de Vatican II ; enfin et surtout la recomposition de la mémoire nationale, conséquence de la synthèse gaullienne — concrètement opérée à travers la Constitution de 1958 - entre l'Ancien Régime et la Révolution. En ces circonstances, l'homme du 18 Juin n'avait-t-il pas symboliquement répondu à ce que Malraux, dernier grand homme panthéonisé, a appelé « le besoin de marier Jeanne d'Arc à Saint- Just » ? »
Le Panthéon - Aux grands hommes la Patrie reconnaissante - Wikipedia
Manfred Heyde - mars 2008 - Wikimedia Commons