Grading the Digital School : Technology in Schools Faces Questions on Value
Matt Richtel, New York Times - September 4, 2011
http://www.nytimes.com/2011/09/04/technology/technology-in-schools-faces-questions-on-value.html
cité par Pierre Mounier - http://twitter.com/#!/piotrr70
http://www.nytimes.com/pages/education/
Un article récent du New York Times permet de revisiter
ce que Serge Pouts-Lajus a qualifié naguère de « question impossible » :
comment prouver l’intérêt pédagogique des usages de l’ordinateur en classe ?
http://clioweb.free.fr/peda/impossible-spl.htm
En 2005, dans le district de Kyrene (Arizona) les autorités ont convaincu les électeurs de soutenir un plan ambitieux d’équipement des écoles : « classrooms are decked out with laptops, big interactive screens and software that drills students on every basic subject ». Le plan septennal n’est pas encore achevé, mais les responsables ont décidé d’anticiper et de consulter à nouveau les habitants sur l’opportunité de poursuivre cet effort.
Matt Richtel a mené une enquête approfondie et interrogé de nombreux acteurs. Il mentionne des exemples d’applications en classe : écriture d’un blog accompagnant l’étude d’une pièce de Shakespeare, analyse des 14 points de Wilson, leçon sur la Guerre de Sécession, et pour les plus jeunes pratique du calcul mental ou de la lecture sur TNI. L’article s’intéresse à l’évaluation des usages, au choc des argumentaires, à la communication mise en oeuvre.
Pour tenter de mesurer les acquis des élèves, une approche simpliste consiste à faire appel aux tests standardisés. Or à Kyrene, les résultats récents sont médiocres : « since 2005, scores in reading and math have stagnated in Kyrene, even as statewide scores have risen ».
Les tenants du numérique les relativisent : dans ce district, les résultats aux tests étaient déjà élevés en 2005. Ils préfèrent questionner l’opportunité et la nature des tests : « l’obsession évaluative » est un aspect de la gestion néo-libérale de l’école ; les critères retenus portent sur l’école du siècle dernier, ils ignorent les compétences nouvelles : « We cannot keep educating kids for the efficiencies of 1914 (when the multiple choice test was invented) » écrit Cathy Davidson (Duke University) sur son blog.
Une étude menée dans l’état du Maine suggère que des progrès en écriture et en maths ont suivi un effort d’équipement ; mails elle ne permet pas de distinguer ce qui tient aux machines de ce qui revient aux professeurs et à la pédagogie. D’autres études menées sur des territoires plus restreints existent mais elles peuvent alimenter des lectures opposées, et les conclusions ne sont pas généralisables.
Faute d’étude sérieuse permettant de trancher avec certitude, le débat se résume souvent au choc des opinions chez les différents acteurs, avec deux positions antagonistes : certains exaltent la coopération, d’autres font de la compétition (« la concurrence ») le dogme unique.
Pour les technophiles, le choix de la modernité est essentiel : il est impensable de former les élèves d’aujourd’hui avec les méthodes d’hier, mais il faut tenter d’anticiper les évolutions prévisibles.
Selon eux, le recours aux technologies éducatives peut aider à développer la curiosité, le goût du travail en équipe, le sens de l’autonomie, le regard critique sur les médias. Pour les plus engagés, le numérique peut changer radicalement le rôle de l’enseignant : « teachers should go from being “a sage on the stage to a guide on the side ».
Pour une génération née au milieu des écrans, de la TV ou des jeux vidéo, une enseignante estime que « computers play an important role in helping students get their ideas down more easily, edit their work so they can see instant improvement, and share it with the class ».
« We are not responsible as educators unless we are teaching not just with technology but through it, about it, because of it. We need to make kids understand its power, its potential, its dangers, its use. That isn't just an investment worth making but one that it would be irresponsible to avoid » poursuit Cathy Davidson.
« Do we need technology to learn ? » A l’opposé, les réfractaires estiment que « the push for technology is to the benefit of one group : technology companies ». Ils craignent que la course permanente à la nouveauté ne soit épuisante et coûteuse à l’excès. Ils estiment que les machines perturbent l’attention, qu’elles sont davantage source de distraction que d’instruction. Selon eux, les technologies absorbent une énergie qui serait mieux appliquée à l’apprentissage des « fondamentaux ».
Les conséquences de la crise économique et la politique de la chasse aux impôts renforcent leur analyse. Dans plusieurs états, dont le Texas, le financement de l’éducation est mis en cause : les effectifs des classes gonflent, des enseignants sont licenciés et le salaire des autres est gelé. « We have Smart Boards in every classroom but not enough money to buy copy paper, pencils and hand sanitizer » constate une mère de famille.
La technologie sert la communication de deux groupes : les industriels et les politiques.
Les premiers sont attirés par un marché très lucratif : « I joke I should have an office here, I’m here so often » dit un vendeur de vidéoprojecteurs. Les industriels suscitent des effets de mode et exploitent l’obsolescence du matériel : ordinateur portable à un euro par jour, netbooks, tablettes numériques. Mais pour eux comme pour certains médias, la pédagogie se résume souvent à la seule dimension ludique (cf l’edutainment, le croisement de l’éducation et de l’industrie du divertissement).
Pour certains politiques, la technologie devrait servir à imposer « une transformation révolutionnaire de l’école ». Aux Etats-Unis, en 1997 un comité mis en place par Bill Clinton a incité les écoles à s’équiper d’urgence, sans attendre les résultats des premières expérimentations. En 2010, le National Education Technology Plan vante le numérique qui peut « enable, motivate and inspire all students ».
La technologie sert également de vitrine. C’était une des dimensions de l’opération « Un collégien, un ordinateur portable » dans les Landes. Ou de la promotion du Tout Numérique dans les Yvelines : une plaquette de mai 2008 vante l’exemple d’Elancourt (78), une commune dont le député-maire a, par la suite, été chargé d’une mission sur la modernisation de l’école par la technologie.
A Kyrene, dans un contexte démographique défavorable, l’équipement a permis d’attirer de nouveaux élèves et d’obtenir une dotation plus importante. L’expérience a attiré l’attention : en 2008, une centaine d’éducateurs venant de 17 états sont venus observer sur place les mutations opérées.
Quel choix feront les électeurs et contribuables du district de Kyrene ? Une société sans numérique et sans impôts ou un futur technologique maîtrisé dès l'Ecole ?
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- Stagnant Future, Stagnant Tests: Pointed Response to NY Times "Grading the Digital School"
Dans la version en français pour InternetActu le21/09/2011 Hubert Guillaud cite Cathy Davidson pour sa critique d'une école qui se mettrait à la remorque des tests standardisés et des QCM, comme au temps de la Ford T : « We cannot keep educating kids for the efficiencies of 1914 (when the multiple choice test was invented) ».
« We are not responsible as educators unless we are teaching not just with technology but through it, about it, because of it. We need to make kids understand its power, its potential, its dangers, its use. That isn't just an investment worth making but one that It would be irresponsible to avoid » répond Cathy Davidson (Duke U, Caroline du N)
La fondatrice de Hastag a publié :
The Future of Thinking: Learning Institutions for a Digital Age
Now You See It: How the Brain Science of Attention Will Transform the Way We Live, Work, and Learn
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A lire également sur le New York Times - Education ou Technology
What Will School Look Like in 10 Years?
5 points de vue :
Karen Cator, director of educational technology, United States Department of Education
Tom Vander Ark, managing partner, Learn Capital
Larry Cuban, emeritus professor, Stanford University School of Education
Eileen Lento, education strategist, Intel
David Silvernail, director, Center for Education Policy, Applied Research and Education
http://bits.blogs.nytimes.com/2011/09/03/what-will-school-look-like-in-10-years/
Teaching as a Second, or Even Third, Career
http://www.nytimes.com/pages/education/
Digg Introduces Genre-Specific Newsrooms
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