Internet rend-il méchant ?
un article d'Erwan Desplanques, Télérama 3196, 13 avril 2011
Extraits :
... « On les appelle les trolls. Ces internautes inondent les sites d'information de leurs commentaires acides, voire haineux ... »
Jean-François Kahn a enterré son blog l'été dernier, fatigué « des dynamiteurs, pollueurs, obsédés et allumés ». Sophie Rostain a fermé son blog sur Médiapart, perturbée... « par les cabales et les règlements de comptes. A côté, certains lecteurs demandaient à être mes « amis », comme si nous étions dans une cour de récré. Je voulais faire part de mon expertise, et voilà que je me retrouvais au centre d'une communauté de post-ados »...
« Personne ne naît troll, tout monde peut le devenir » (Antoine Casilli, Liaisons numériques)
Le nombre de commentaires a explosé. Les sites web font appel à des sociétés extérieures pour faire la chasse aux trolls et aux propos racistes. Rue 89 ferme l’espace de commentaires quatre jours après la diffusion de l’article. Des animateurs slaloment entre les trolls et les habitués qui papotent entre eux (à Rue 89, 80 % des commentaires sont rédigés par seulement 10 % des abonnés, voici aussi la nature des commentaires sur un blog comme la République des livres ), et repèrent les contributeurs efficaces, ceux qui font avancer l'information et le débat (et parfois corrigent des erreurs).
« Tel est le credo actuel des sites d'info : valoriser le lecteur, le responsabiliser tout en restant vigilant. L'internaute n'est donc pas un vrai méchant. Il est à la fois, potentiellement, le pire troll et le meilleur remède à l'anarchie ».
[ Les habitués du web savent d'expérience que l'écriture électronique aggrave les différends et les inimitiés ]
Dans La République des livres, c'est souvent de l'entre-soi, entre une poignée d'habitués de connivence.
Sur Libération ou Le Monde, à la suite de nombreux articles, les commentaires sont en théorie modérés. Pourtant les invectives y occupent une grande place, parfois sans lien avec le sujet abordé. De plus de nombreux propos pourraient figurer sur des sites de droite extrême ... Pour les sujets sensibles, plusieurs commentaires interrogent sur la source : les
Katyn
Ce soir, à 20 h 40, Arte diffuse Katyn, le film d'Andrzej Wajda (2007)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Katyn(film)
L'Etat démantelé
Le 6 avril, le Grain à moudre a opposé
Agnès Verdier-Molinié (Les fonctionnaires contre l'Etat)
et Willy Pelletier (L'Etat démantelé).
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10175-06.04.2011-ITEMA_20278159-0.mp3
Un débat très idéologique, où le représentant de la Fondation Copernic a subi les assauts répétés d'une passionaria de la privatisation intégrale. Pour ces intégristes, tout ce qui perturbe l'accumulation des profits et les salaires mirobolants de quelques-uns est à détruire. Pour eux, Il faudrait tout privatiser, sauf la police et l'armée (mais Bush en Irak ?). WP note que pour ces thatchériens, la protection sociale ne fait pas partie des fonctions normales d'un Etat moderne. Pour eux, l'Etat-policier ne peut servir qu'à protéger un ordre social profondément inégalitaire et injuste.
Dans ce credo qui fait passer l'intérêt de quelques-uns (grands patrons et actionnaires) avant l'existence du plus grand nombre, tout salaire (et tout salarié) modeste est le problème. Leur haine du secteur public est impressionnante, leur vocabulaire est parfaitement rôdé (on ne dit pas privatisation mais délégation (toujours au secteur privé, jamais en faveur d'une structure sans but lucratif), tout ce qui n'est pas encore précarisé est présenté comme rigide, etc...).
http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article301
Comment vendre à la découpe le service public :
http://clioweb.free.fr/debats/decoupe-public.htm
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Les frères Koch (Wichita) financiers du Tea-Party
En 2010, ils ont dépensé 40 millions de dollars en soutien électoral. Leur chiffre d'affaires (100 Mds $) se répartit entre raffinage pétrolier, gaz, minéraux, papier, chimie et produits financiers. Leur firme est classée parmi les plus grands industriels américains pollueurs ; ils combattent bien entendu «« le mythe dangereux »» du réchauffement climatique et toute forme d'intervention de l'Etat dans l'économie !!
« Les Koch contournent les lois, manipulent la politique » (...) écrit Charles Lewis (CPI) « Ils sont la Standard Oil de notre temps ».
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/04/12/