21 mars 2011

Japon : Fukushima, et après ? - 10

fuku_zonessource : Sylvestre Huet


De quelle quantité de radioactivité parle-t-on ?
Quels dangers pour le personnel de la centrale ?
Quelle menace pour la population japonaise ?
Quels risques pour les aliments ?
Et dans le reste du monde ?

Plusieurs questions abordées par Sylvestre Huet dans le blog Sciences2

 

- Plusieurs articles à lire sur la plateforme Culture visuellehttp://culturevisuelle.org/blog/8165

. Le tsunami, l’atome et les cerisiersAugustin Berque, 19/03/2011, article rédigé pour Marianne, mais non publié.
http://culturevisuelle.org/catastrophes/2011/03/19/

 

Japon, l’absence de morts (dans les images),
Yoann Moreau, Culture visuelle 20/03/2011 - Le Temps 19/03/2011

Commentaire personnel en réponse à Yoann Moreau :

La série noire qui vient de frapper le nord d’Honshu est révélatrice du fonctionnement des médias, où les discours occupent autant de place que les images (cf les titres des quotidiens).

La couverture récente pourrait sans aucun doute compléter le bétisier habituel : Fukushima ramenée à une “nuance” (par rapport à 1995), oubli fréquent de la géo (surtout chez des économistes médiatiques pour qui Sendai et Osaka, ce serait la même chose, vu de très très loin). Le jour du séisme, TF1 semble avoir ignoré la subduction, une réalité pourtant simple à mettre en image et à expliquer.

Les corps sont absents écrivez-vous. 
Qui pose la question ? des spécialistes de l’image ? des spectateurs ?
A voir ce qui reste des maisons basses dans les villes côtières, est-ce vraiment nécessaire de montrer en plus les (20 000 ?) cadavres ? Des morgues improvisées ont été montrées, le journal de Denver montre des cercueils …

De plus, les vivants de Sendai sont-ils beaucoup plus présents dans les reportages de ces derniers jours ? Est-ce dû au fait que les journalistes étrangers sont plutôt hébergés à Tokyo ou à Osaka ?

 

Le spectateur moyen garde probablement en mémoire les images du tsunami de 2004. 
Il subit, au moment du repas familial, la violence de certains JT ; 
la course à l’audience légitime une brutalisation plus ou moins consentie. 
De plus, depuis plusieurs années, il faut y ajouter le rapport au cadavre imposé par les séries TV américaines (cf Experts, Bones et qq autres …) . L’autopsie y fait souvent partie de la mise en scène, à la suite de crimes barbares filmés parfois avec une quasi complaisance.

Dans le cas du Japon, la course au spectaculaire et à l’émotion aurait-elle imposé de filmer une noyade en direct (avec caméra de surveillance ?). La TV sait faire, cf la jeune fille d’Arnero en 1985 (capter l’émotion pour faire de l’audience et vendre de la pub).

Les morts de la Nigéria ne répondent-ils pas à un autre enjeu : s’il s’agit bien des enfants du Biafra en 1970, la volonté n’était-elle pas de sensibiliser à un tragédie, au risque de créer la sidération).

Pour la couverture médiatique de Fukushima-Daiichi,
c’est la course à l’instantané qui ne marche plus.
Lire plutôt Sciences2, le blog de Sylvestre Huet (Libération).
Là encore, qui se souciait, ces derniers mois,
des gens qui continuent de vivre à faible distance de Tchernobyl ?

Un dernier mot, à propos du Japon, et des excès de certaines lectures culturalistes :
En 2008, Le Monde avait prétendu avoir retrouvé les cadavres d’Hiroshima.
En fait, le chercheur américain de Stanford (Hoover institute) avait confondu Hiroshima et Tokyo 1923.
Google Images montre peu les cadavres de 1923.
Pourtant Wikimedia Commons les connaît, et Wikipedia parle des violences contre les Coréens
http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:1923_Great_Kant%C5%8D_earthquake

Dans ce cas, pourquoi mettre sur le dos d’une culture nationale supposée une lecture paresseuse de la société que l’histoire récente semble contredire ?

 

 

 

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Japon : L'icône de Tadashi Okubo - 1


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Tadashi Okubo, Yomiuri Shimbun - 12 mars 2011
A woman wrapped up in a blanket stands in the middle of rubble,
looking at the city submerged under water in Ishinomaki in Miyagi Prefecture March 13.
http://photogallery.thestar.com/953100

« Elle est debout, les pieds joints, au milieu des décombres, emmitouflée dans un couverture beige avec un regard perdu derrière sa frange : la photo de cette jeune femme (anonyme qq jours) rescapée du séisme a fait le tour du monde » 

« Tadashi Okubo, photographe pour le Yomiuri Shimbun, un des grands quotidiens japonais. La photo a été prise samedi 12 mars à Ishinomaki où 10.000 habitants sur les 16.000 ont été portés disparus ».
Noter l'homme à gauche et le groupe de sauveteurs à droite ; un sac coloré est en partie masqué par la couverture claire.
7
 sur 7 commente la photo de Tadashi Okubo qui a fait la une de plusieurs magazines (en France Le Nouvel Obs, Le Point, Le pèlerin, Paris-Match...). Noter l'importance des recadrages et des retouches, la place du rouge dans ces couvertures, et les titres des sujets annexes jugés également vendeurs ( de l'échec scolaire au Tourisme en Italie). Le magazine australien évoque le nuclear timebomb et appelle à la levée de fonds.


Le site du Yomiuri Shimbun (journal conservateur) en anglais http://www.yomiuri.co.jp/dy/national/
(titres récents :
Morgues, crematoriums overwhelmed - Mar.19), Guarding against radiation health risks - Mar.18),


7 sur 7
titre également : Le bilan s'alourdit: 8.133 morts et 12.272 disparus
 

La photo de Tadashi Okubo est analysée par :

Laurent Houssay pour l'AFP via Facebook 
http://www.facebook.com/notes/agence-france-presse/

- Michel Puech sur un blog de Médiapart 
« Le temps où Paris Match achetait l’exclusivité de certaines photographies est terminé ». La photo a été achetée par trois grandes agences, l'AFP aurait payé 300 euros !

- Dans L'Atelier des icônes (Culture Visuelle), André Gunthert titre son article
La pleureuse d’Ishinomaki ou l’esthétique du désastre

Dans cette « madone des décombres » ( Gilles Klein, Arrêt sur images ), il voit une antique figure de la pleureuse,
avec l'opposition entre la brutalité du chaos et la figure de la victime par excellence. Il évoque les images non retenues par les patrons des magazines (l'amas des conteneurs). Il conclut en disant sa préférence personnelle pour « la modestie de l’image télévisée ».

- Mardi 21/03 :  La Japonaise qui a fait le tour du monde.
Laurent Abadjian (Télérama) parle de compassion et d'identification. La fonction [ de l'image ] est d'informer, bien sûr, mais aussi de séduire. L’image [la photo ?] de Tadashi Okubo remplit pleinement ces deux fonctions.
http://www.telerama.fr/monde/la-japonaise-qui-a-fait-le-tour-du-monde

.
[ un article du Yomiuri Shimbun  le 16 avril 2011 (cité par André Gunthert le 2 juillet) met cette photo en contexte, et donne un nom à la jeune femme : Yuko Sugimoto ].
http://clioweb.canalblog.com/archives/2011/08/02/21719833.html

 

- Lundi 21/03, 21 h : Après la madone, le vieil homme à la Une - Arrêt sur images

 

ishinomaki

Ishinomaki - source : Google Maps 

Posté par clioweb à 08:00 - Commentaires [0] - Permalien [#]
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