L'unité italienne en manuels
La Fabrique vient de consacrer une semaine à l'unité italienne, en terminant pas un débat sur "l'identité nationale ", entre Dieu et le Roi. Ou comment transformer un fiasco politicien en passage obligé de la radio et des historiens universitaires ( « italianité », « britishness », « francité » ?)...
Dans ce débat, pas ou peu de classes sociales (cf Le Guépard et la Sicile), peu d'émigration massive, peu d'opposition Nord-Sud ...
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Le débat au format mp3
L'occasion d'un détour par les manuels et l'histoire scolaire.
Les images sont disponibles en taille d'origine dans le répertoire
http://clioweb.free.fr/manuels/1temp/
Nathan 1962, collection Monnier
Au temps de l'histoire événementielle, en 1962, l'unité italienne occupait 14 pages dans le Nathan de 1ere (coll Monnier). On y parlait de Cavour, de l'Autriche, de Plombières, de guerre, d'annexions, de plébiscites, de Pie IX qui enferme l'Eglise catholique (et romaine) dans le refus de la modernité et le libéralisme (pour un siècle) ... Pas encore de Mezzogiorno, de Guépard ou d'émigration italienne. Au moins une carte ou une caricature par double page, et 4 textes en fin de chapitre.
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Pas d'extrait de texte dans ce manuel de 3e (Bordas 1971), mais une double page illustrée avec VE II, Cavour, Garibaldi et Solferino, dans un chapitre en 8 pages sur les mouvements libéraux et nationaux de 1815 à 1971 (aspirations 1815-1848, révolutions de 1848, unité italienne, unité allemande).
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En 1985, en seconde (Hachette), environ 30 pages sur les mouvements nationaux de 1848 à 1880, dont 4 pages sur l'unité italienne et 6 pages de synthèse sur le nationalisme comme arme et comme culture (on traite de nation et de nationalité, des sources du nationalisme - 1789, le passé mythifié, l'industrialisation et l'équilibre européen). Une double page de documents présente Napoléon III, Cavour et Bismarck.
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En 1997, 33 pages sur Nations et Nationalismes (1848-1914), 2 pages sur l'unité italienne où on se contente de survol en évoquant le joug autrichien, l'unité, les frustrations...
La gestion récente de la chronologie a parfois des résultats surprenants. En 1985, la rupture était placée vers 1880 ; en 2010, elle est en théorie revenue vers 1850 (mais le premier chapitre sur les migrants européens traite de la période 1850-1914 !!!). Cela conduit à casser l'étude du phénomène national et du rôle de l'Etat-nation, alors qu'une vision de longue durée aurait été davantage pertinente, ne serait-ce que pour distinguer nationalités et nationalismes pathologiques. Dans les futurs manuels de première, en septembre 2011, le second XIXe sera vraisemblablement éclipsé par un XXe survolé au pas de course, de la brutalisation consentie à la destruction des tours du World Trade Center.
Pour la place de l'histoire italienne, il ne faudra donc pas être trop exigeant...