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Clioweb, le blog
11 janvier 2011

Bavardages et réflexion approfondie

dans le dernier Place de la Toile, la lecture de Xavier de la Porte, vers 30 mn 50 s :
l'émission en version mp3

How Tweets and Texts Nurture In-Depth Analysis
« Comment les tweets et les textos nourrissent l’analyse approfondie ».
Clive Thompson - Wired  27/12/2010
http://www.wired.com/magazine/2010/12/st_thompson_short_long/

adaptation française :
Du bavardage à la réflexion profonde
http://www.internetactu.net/2011/01/10/du-bavardage-a-la-reflexion-profonde/

version avec qq modifications :

On dit souvent que l’Internet aurait détruit la patience nécessaire aux gens pour les échanges longs et approfondis (Cf. le fameux « Google nous rend-il encore plus stupides ? »). La forme de discussion contemporaine ne consisterait qu’en textos, tweets et autres messages instantanés. Et la popularité de ces déversoirs d’énoncés adolescents signifierait que nous avons perdu notre appétence à la réflexion lente et raisonnée.

Mais tout ceci est-il vrai ? se demande Clive Thompson.

Je n’en suis pas certain, poursuit-il. Je pense que ce qui a lieu est beaucoup plus complexe, et beaucoup plus intéressant. Ce torrent de pensées à court terme est en fait un catalyseur pour une méditation à plus long terme.

Quand il se passe aujourd’hui quelque chose d’important dans le monde, on est assailli par une tempête de mises à jour de statut. Ce ne sont que des instantanés, ils sont souvent imprécis, fruits de la rumeur, et pas forcément vrais. Mais ça n’est pas grave ; l’expression prudente n’est pas leur vocation première. Les internautes ne font que remâcher l’événement, dessinant une première impression des interprétations possibles.

Le temps long, c’est l’exact opposé : l'analyse approfondie peut prendre des semaines, des mois, voire des années. Auparavant, seuls les médias traditionnels, comme les magazines, les documentaires ou les livres, proposaient cette vision à long terme. Mais aujourd’hui, la plupart des analyses en profondeur lit Clive Thompson proviennent des chercheurs ou d’entrepreneurs qui tiennent des blogs : les fans de Dexter qui rédigent des exégèses de plus de 5000 mots sur la série ou des associations à but non lucratif comme le Pew Charitable Trusts qui produit des rapports très fouillés sur la vie des Américains.

Le temps long prospère aussi avec la Longue Traîne. Alors qu’un tweet devient obsolète en quelques minutes, une vision à long terme peut garder de la valeur pendant des années. Dans les années 90, les articles que je publiais dans les magazines, dit Thompson, s’évaporaient quand le numéro disparaissait des kiosques. Mais maintenant que ces articles sont en ligne, les lecteurs m’envoient chaque semaine des mails me disant qu’ils sont tombés sur l’un d’entre eux datant de plusieurs années.

Le perdant, c’est le moyen terme. C’était, historiquement, la valeur ajoutée d’hebdomadaires comme Time ou Newsweek : ces magazines publiaient des reportages ou des articles produits quelques jours après un événement majeur, avec un peu d’analyse saupoudrée sur le dessus. Ils ne sont pas assez rapides pour être conversationnels, et pas assez lents pour à être vraiment profonds. L’internet a essentiellement démontré à quel point ce type de pensée était peu satisfaisant.

Cette tendance a d’ores et déjà changé la manière dont on blogue. Il y a dix ans, mes blogueurs préférés, explique Thompson, écrivaient dans ce moyen terme – un lien avec quelques phrases de commentaire – et ils faisaient quelques mises à jour chaque 24 heures. Depuis que Twitter est arrivé, ils bloguent moins souvent, mais avec des posts beaucoup plus longs, beaucoup plus fouillés.
Pourquoi ?

« Je diffuse l’anecdotique sur Twitter et je ne blogue que quand j’ai quelque chose de vraiment important à dire » explique le blogueur Anil Dash. Il s’avère que les lecteurs préfèrent cela : une étude montre que les posts de blogs les plus populaires aujourd’hui sont les plus longs, 1 600 mots en moyenne (entre 8 et 9 000 signes).

Même nos outils de lecture se modifient pour s’accommoder à cette montée du long terme. Et Thompson de citer trois exemples : Readability, une application qui donne aux textes des sites internet la forme d’une colonne propre, sans publicité, au centre de l’écran – une forme parfaite pour une lecture sans distraction -, une application qui a eu tant de succès que Apple l’a implémentée dans la dernière version de Safari. Deuxième exemple donné par Thompson, l’Ipad : il a été critiqué comme un outil dédié à la seule consommation. Mais c’est là selon Thompson tout son intérêt : c’est un outil magnifique pour la lecture de ces formes longues. Dernier exemple, Instapaper, une application qui sert à mettre de côté du matériel en ligne pour une lecture ultérieure, une application qui a séduit un million d’utilisateurs sans aucune promotion publicitaire.

Conclusion de Clive Thompson : « Nous surfons et nous bavardons beaucoup, certes. Mais nous savons aussi explorer les profondeurs ».

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