11 novembre 2010

MHF : Pierre Nora

A propos du projet de NS sur [b]une « Maison » de l'histoire de France,

 

Frédéric Mitterrand a demandé « des arguments dégagés de tout a priori et de toute idéologie ».
http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/11/10/lettre-ouverte-a-frederic-mitterrand-sur-la-maison-de-l-histoire-de-france_1438123_3232.html

Pierre Nora, historien et académicien lui répond dans [i]Le Monde[/i][/url][/b] :

extraits :

« L'argument le plus évident est que ce projet, nécessairement coûteux, est inutile…».

« ... Le second argument est peut-être plus grave.
Ce projet aura beaucoup de mal à se remettre de son origine impure et politicienne.
Nicolas Sarkozy l'a lancé en janvier 2009, en pleine remontée du Front national et pour renforcer l'identité nationale.
Il s'est trouvé pris dans la lumière, ou plutôt dans l'ombre de cette funeste enquête sur ladite identité.
C'est là son péché originel ».

... Une fois encore, on met la charrue avant les boeufs.
On a déjà vécu cela, il y a quelques années, avec la Grande Bibliothèque. Dans la foulée d'une fière annonce présidentielle, on se précipite pour trouver une implantation, une direction, des crédits, des devis, des architectes et des projets, avant de se demander ce que l'on veut faire et mettre dedans.

« Le contenant avant le contenu ». « [b]Décidément, Nicolas Sarkozy n'a pas de chance avec l'histoire et le passé de la France. Lui qui veut qu'une décision politique ne se juge qu'au résultat, toutes ses initiatives, dans cette direction, se sont révélées malheureuses[/b], avec pourtant parfois les meilleures intentions.

Il y a eu, le jour même de son intronisation, la lettre de Guy Môquet à faire lire en classe au début de l'année scolaire : elle a fait long feu. Il y a eu, au dîner du CRIF, et comme un cadeau à la communauté juive, la proposition que chaque enfant de CM2 adopte le fantôme d'un enfant assassiné pour le faire revivre : tollé général.

Il y a eu les discours du Latran et de Riyad sur la nouvelle laïcité et les supériorités du curé sur l'instituteur : échos négatifs.

Il y a eu le discours de Dakar et «  l'entrée tardive des Africains dans l'histoire » : discours aux propos courageux sur le colonialisme mais tellement maladroit dans le ton qu'il a été mal reçu de ceux qu'il voulait contenter.

Il y a eu, enfin, cette « brillante » enquête sur l'identité nationale, qui a fini en pétard mouillé. Et maintenant cette Maison de l'histoire de France qui n'en finit pas de chercher sa raison d'être.

C'est dommage, mais ce domaine ne lui réussit pas. En fait d'histoire et de rapport au passé national, peut-être Nicolas Sarkozy devrait-il se persuader que toute tentative d'utilisation instrumentale est vouée à l'échec. Il faut ou s'abstenir ou s'y prendre autrement ».

Sur la Maison-Musée, écouter ou réécouter le ton et l'argumentaire de
Guaino sur France-Inter
http://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10239-10.11.2010-ITEMA_20252163-0.mp3

ou la page Histoire, mémoires et politique
http://clioweb.canalblog.com/archives/2010/11/10/19567292.html

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La faute à l'Ecole

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Pourquoi les jeunes sont-ils descendus dans la rue, parfois très violemment ?
Pour manifester contre la réforme sarkozyste des retraites ?
Pour dénoncer une politique économique qui les contraint à la précarité ?
Les Echos  ?
Non pas.
Mais Le Monde de l'Education (10/11/2010, pas encore en ligne) qui a d'autres explications : « C'est en France, en Espagne et en Allemagne que les jeunes ont le moins le moral » selon la Fondation pour l'innovation politique (une source à situer politiquement..)

« Est-ce la faute de notre système éducatif ou universitaire ?
Sans doute un peu.
Même si les choses s'arrangent doucement. Ainsi, peu à peu, l'université s'intéresse à l'insertion des étudiants... »

L'école reste (trop ?) éloignée du monde du travail... « elle use les jeunes à la compétition ... elle stresse la jeunesse .. elle oriente par l'échec ... elle fige les inégalités de naissance... »

« L'Ecole n'offre aucun lieu de discussion...  « aujourd'hui, les jeunes n'ont plus d'espace pour discuter. Alors, ils descendent dans la rue se faire entendre », estime Thierry Lefebvre [? Paris-Diderot cinéma ?]. Selon l'universitaire, si « la confrontation des opinions avec la médiation d'un adulte » avait lieu dans l'école, [sur le modèle des débating cubs aux USA et au Royaume-uni] cela éviterait peut-être certaines descentes dans la rue. [n’est-ce pas une des missions de l’Education civique ?]

« La sacralisation du savoir cultivé se double de l'omnipotence du système scolaire public. C'est à lui, et à sa hiérarchie de valeurs, qu'a été confiée la formation professionnelle initiale, à la différence de l'Allemagne, où les entreprises jouent un rôle majeur... ».   

Le journal vante l'aide personnalisée, les stages pendant les vacances, les actions d'insertion professionnelle

L’article se termine par deux lignes qui nuancent fortement tout ce qui précède : « Ce qui repose la question de la conjoncture économique. Sans croissance, même avec la meilleure formation, tant académique que professionnelle, l'université ne pourra pas faire de miracle ».

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Une classe pour un dessinateur du Monde : 21 élèves...
à comparer avec la réalité aggravée par la réforme en cours...
Noter aussi la mise en page et la part du texte dans un journal de référence...


-  Crise économique ? crise sociale ? crise de l’école ?
Attali a les analyses et les solutions miraculeuses…

Extraits :
« Tous les pays qui savent utiliser les technologies de l'information et de la communication pour mettre en place cette société de la connaissance ont déjà une longueur d'avance sur les autres. Or la France est classée 24e sur 27 par la Commission européenne pour l'utilisation des technologies numériques à l'école ».

« ... quelque 15 % des enfants ont des difficultés lourdes à l’etnrée en 6eme et la moitié n'est pas assez autonome pour bien s'en sortir. Mais à ce moment-là il est déjà trop tard pour agir ».

« Il faut traiter le problème plus en amont. Mettons d'abord l'accent sur la formation des formateurs de la petite enfance. En France, seuls 40 % des personnels qui accueillent les très jeunes enfants ont reçu une formation qualifiante. En Finlande, pays dont on vante les résultats scolaires, tous ont l'équivalent d'une licence »

« En effet, il nous faut un projet éducatif radicalement différent. Il faut que le directeur de l'école soit un vrai patron qui choisisse ses maîtres, que les maîtres aient une obligation de présence plus large qu'aujourd'hui dans l'établissement, qu'ils soient mieux payés, aussi. Si le chef d'établissement voit qu'un enseignant a des soucis, il faut qu'il soit en capacité de l'envoyer en formation. Et si l'enseignant en a assez, il faut qu'il puisse se reconvertir.
L'enseignement doit pouvoir être le métier d'une demi-vie ».

« Par quoi commence-t-on ?
Par la valorisation de l'échec. Quand on aura compris dans ce pays qu'on apprend en se trompant, on reconstruira l'école différemment. Il faut que l'école soit le lieu où l'on apprend à apprendre ; le lieu où se révèle le point d'excellence de chaque élève ».

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Le retour de l'apport positif

dans Le Monde 10/11/2010, Gilles Manceron et François Gèze s'inquiètent du retour de "l'apport positif de la présence française outre-mer", et de la composition de la fondation pour la mémoire de la Guerre d'Algérie. On y trouve notamment quatre généraux qui semblent déplorer qu'une thèse ait pu porter sur L'Armée et la torture pendant la Guerre d'Algérie (Raphaëlle Branche)

une version de cette tribune est disponible sur le site de la LDH de Toulon

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