Jérémie Zimmermann (La Quadrature du Net) était l’invité de Place de la Toile (19/06/2010).
- Hadopi 2 a inversé la charge de la preuve.
- L’affaire de l'offre logicielle d'Orange.
Podcaster en version mp3
Transcription d'après l'émission (à partir de la 43e minute) :
« Avec la loi Hadopi, l'objectif des industries et du gvt, c'était de s'affranchir de la « lourdeur » de la justice : elle impose une audience contradictoire ; c'est l’accusation qui doit apporter la
charge de la preuve et démontrer le préjudice liée au partage de
fichiers. A la place, pour créer une justice administrative accélérée, on a imaginé un mécano
juridique improbable : au lieu d'accuser l’internaute et le poursuivre
pour contrefaçon, on l’accuse de ne pas avoir sécurisé son accès
Internet contre les usages à des fins de contrefaçon. Au lieu de poursuivre pour un délit
pénal, on veut réprimer le manquement à une obligation administrative ...
Une justice administrative expéditive, cela ne va pas : Hadopi 2 a inversé la charge de la preuve.
Les technos de la rue de Valois n'ont rien compris. On a tenté de leur expliquer... sans succès que la sécurisation, c'est un fantasme. On se sécurise contre qui ? contre soi-même ? personne n'est capable de répondre chez les politiques. On se sécurise comment ? en mettant une 2e box ? des logiciels ? des logiciels libres ?
L'édifice Hadopi est totalement moisi.
Se protéger contre des attaques, là on est dans le contrôle à distance, on n'est plus dans la sécurisation. Empêcher des 0 et 1 de circuler contre le gré de l'utilisateur, c'est techniquement impossible (cf Wikileax et l’armée américaine). La mutation en cours, c’est le passage au contrôle à distance. En fait, il s'agit surtout de faire peur, de brandir la menace du gendarme qui va lever son bâton... Or c'est impossible tant que les décrets ne statuent pas sur les dispositifs imposés. Il est impossible de décrire des spécifications fonctionnelles de tels outils de sécurisation. Si le gvt avait un peu de bon sens, il chercherait une porte de sortie honorable.
.
L’affaire de l'offre logicielle d'Orange
Un article sur Hadopi repère jeudi dernier (11/06/2010) une offre commerciale d’Orange : pour 2 euros par mois, l’opérateur propose de sécuriser votre ordinateur contre le téléchargement illégal ; visiblement, le marché est juteux, un deal entre entreprises et politiciens n’est pas à exclure.
Cette offre ne marche qu’avec Windows.
Les hackers sont allés tester la technique Orange : pour mettre à jour la liste des logiciels interdits, la connexion utilisait par défaut pour login et mot de passe « admin » ! Ils ont pu ainsi récupérer les IP des 2000 premiers abonnés ! Ensuite, en interne, le logiciel était truffé de failles énormes de sécurité !
Orange s’est dépêché de retirer son offre.
On est dans un délire techno-sécuritaire ; on veut faire croire que la techno va tout résoudre ; en fait, on veut faire acheter des logiciels qui vont créer plus de problèmes qu’ils ne vont en résoudre ! C'est une pantalonnade ! »
La vigilance des hackers ? Le 10 juin 2009, le Conseil constitutionnel a retoqué Hadopi 1 et
rappelé que l'accès individuel à Internet est essentiel à la liberté
individuelle et à la liberté d'expression.
« Ce que démontre l’histoire de l’Hadopi, la bataille de l’Hadopi, c’est l’importance de l’accès Internet dans nos sociétés, pour nos vies de tous les jours et pour l’exercice de nos libertés fondamentales. Donc quand on va venir toucher à nos libertés, et bien on va juste se défendre. »
La Quadrature du Net, dossier Hadopi
http://www.laquadrature.net/HADOPI
Le wiki de La Quadrature du Net.
http://www.laquadrature.net/wiki/Accueil
InternetActu.net
http://www.internetactu.net/
Wikileaks
http://www.wikileaks.org/
Article du New Yorker : http://www.newyorker.com/
Winael ‘s blog