02 avril 2010

Toujours plus riches

Les riches toujours plus riches...
Les inégalités se sont creusées «par le haut» entre 2004 et 2007.

Selon l'INSEE, les personnes à très hauts revenus (1% de la population) perçoivent 5,5% des revenus d’activité, 32% des revenus du patrimoine et 48% des revenus exceptionnels déclarés (plus-values, levées d’options).

En 2007, huit millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté  ( 908 euros par mois )
http://www.liberation.fr/societe/0101628119-les-riches-toujours-plus-riches

- 31/03 : - Bouclier fiscal : Nicolas Sarkozy face à la fronde de la majorité - http://www.lemonde.fr
- 115 millions pour les 100 plus privilégiés - Libération, attendre 24 h
- Didier Migaud n'a cessé de détailler l'iniquité d'un bouclier qui prend en compte non pas les revenus réels des contribuables mais leurs revenus minorés, après utilisation des niches fiscales. Le Monde 2009  -  En pdf  -

Faisant état de 13 998 bénéficiaires en 2008, il soulignait, dans Le Monde du 19 mars 2009, « l'existence de 834 contribuables dotés d'un patrimoine supérieur à 15,5 millions d'euros [ayant] reçu un chèque moyen [de remboursement du fisc] de 368 000 euros. Ils se sont partagé 307 millions d'euros. Ils représentent 6 % des bénéficiaires, mais deux tiers du coût du bouclier »

- Le bouclier fiscal, ADN du sarkozysme ?

- « Le bouclier fiscal est un outil de justice et de compétitivité », la formule ne vient pas de l'aboyeur attitré de la majorité, mais du spécialiste des Auvergnats... (entretien dans Le Monde... un 1er avril...)

- 03/04/2010 - Le Monde : Impôts et bouclier fiscal : les pistes pour renflouer les caisses sans toucher au dogme

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La Nation et l'Ecole

Hier, à l'INRP (Lyon), un séminaire international avait lieu sur le thème L'Ecole et la Nation.

- Extrait de l'article de Véronique Soulé (Libération) :
« L’ordre est venu directement du «Château» - comprenez de l’Elysée : il faut organiser dans les meilleurs délais un séminaire, colloque ou autre réunion haut de gamme impliquant des intellectuels et où l’on parle de la nation, à défaut d’identité nationale, notion trop dévoyée. Le ministère de l’Education nationale s’est mis illico à plancher. Et il a trouvé l’idée d’un «séminaire de recherche sur les rapports entre l’école et la nation hier et aujourd’hui». La première séance se tenait hier à Lyon »

- « Ne pas rester dans une tour d’ivoire »
Olivier Loubes, historien, défend sa venue à un séminaire qu’il juge dégagé de l’agenda politique.
Le séminaire est ciblé sur l’école et la nation, et non pas sur l’identité nationale. Il va permettre de montrer que la nation est une construction historique, et non un invariant ... En effet, on ne naît pas français, on le devient...
Enfin ce séminaire est international et scientifique, avec un volet de deux jours à Barcelone

- « Une dimension très nauséabonde »
Nicolas Offenstadt, historien, dénonce un débat sur une notion que le gouvernement a d’emblée manipulé en la figeant dans le nom d’un ministère.
Faut-il refuser de parler de nation ?
« Il faut refuser de participer à définir une identité nationale dont le questionnement est défini d’avance, et dont on sait où le pouvoir veut aboutir… Il y a l’effet d’affichage et les conclusions que le gouvernement tirera de ce séminaire, qui risquent bien de masquer le travail savant ».

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- La vidéo du ministre est déjà en ligne. Suivront des interviews des intervenants, des actes en 2011, un numéro spécial de Histoire de l’éducation, une brochure pédagogique à destination des professeurs...

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- Comptes rendus sur le site du Café péda
Antoine Prost : "La Nation, c'est la Révolution..."

Le Roman scolaire de la nation : Le cas français
Annie Bruter : "la IIIe République s'inscrit dans les pas du Second Empire, mais supprime l'histoire sainte".
Olivier Loubes : "entre les deux guerres, le roman national bouge, du patriotique au pacifique"

Parenthèses et tournants
Rémi Handourtzel : "La Nation à l'Ecole sous Vichy"
Peter Carrier : "En Allemagne, un sentiment national ambigu, après la Shoah"
Joan Pagès Blanch : "L'histoire scolaire de l'Espagne et de la Catalogne"
Jürgen Helmchen : "Le terme "national" est-il définitif ?

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Internet, révolution culturelle

Internet, révolution culturelle (Le grand bouleversement, l'invention d'une culture, un rêve d'industriels)
Manière de voir 109, Le Monde diplomatique. Février-Mars 2010.
Plusieurs articles de ce dossier peuvent être consultés en ligne.
(ceci n'est pas un poisson :-):-) )

Quelques exemples :
Internet déstabilise tout l’édifice social. Le web est à l’origine d’un grand chambardement multiforme ; il modifie en profondeur les habitudes culturelles. Les anciens équilibres sont balayés :
La vente des disques CD s’effondre (150 millions en 2002, 90 en 2006), mais pas celle des dvd …
Le livre comme point d’ancrage d’une pensée cohérente et articulée est menacé,
La tyrannie de la réactivité aggrave la crise du journalisme de marché,
Facebook est un « laboratoire idéal pour tester les limites de la tolérance à la surveillance ».
Dans « Le monde selon Google » (P Lazuly), la réponse à une requête n’est pas la principale référence sur le sujet, mais son acceptation la plus largement référencée. http://www.monde-diplomatique.fr/2003/10/LAZULY/10471

Quelle est la source de ce chambardement selon les auteurs ?
Les mutations du capitalisme de la connaissance, un des pans du capitalisme financier.

Internet enfante les géants de l’après-crise. Selon Dan Schiller (article payant) « Internet constitue le moyen le plus vigoureux dont dispose le capitalisme pour diffuser ses modes de relations sociales » et pour « impulser une nouvelle course aux profits ». La domination américaine reste écrasante (19 entreprises sur les 25 premières sur le marché du logiciel et d’Internet) . http://www.monde-diplomatique.fr/2009/12/SCHILLER/18572

Pour Robert Darnton les industries culturelles vont tomber du « ciel des Lumières » et plonger dans « le marigot du capitalisme global ». Le Web sert  « d’outil de privatisation du savoir public ». Grâce à la numérisation, Google va « se retrouver en position de monopole ». http://www.monde-diplomatique.fr/2009/03/DARNTON/16871

H Le Crosnier analyse les « Mouvements tectoniques sur la Toile : Google, Yahoo et Microsoft à la recherche d’un modèle économique ». Il s'intéresse également à « L’ère de l’ informatique en nuages : une nouvelle division du travail numérique ». Il constate que dans cette « industrie lourde », en 2008, une ferme de serveurs consomme autant d'énergie et d'eau qu'une fonderie d'aluminium.
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/LE_CROSNIER/15673
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/LE_CROSNIER/16174
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/LE_CROSNIER/16175

La mise en concurrence des salariés crée de nouvelles précarités : cf le « Télétravail à prix bradés sur Internet » selon P Lazuly (centres d’appel, MTurk d’Amazon). http://www.monde-diplomatique.fr/2006/08/LAZULY/13745

« Aussi longtemps que l'accès à Internet et la capacité de monter un site ne seront pas plus équitablement distribués dans la société, le gouvernement électronique, les forums de quartier et les blogs pourraient bien, à l'inverse de ce qu'escomptent leurs artisans, aggraver la fracture sociale » E Klinenberg, Une révolution en trompe-l'oeil, 2007 (ou Ce rêve envolé d’une information égalitaire : Les bénéficiaires inattendus du miracle Internet). http://www.monde-diplomatique.fr/2007/01/KLINENBERG/14333

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Le tableau d'ensemble dressé par Le Monde diplomatique depuis plus de dix ans paraît bien sombre. « Pour pertinents qu’ils soient, il est frappant de constater à quel point ces arguments de gauche s’inscrivent dans une longue tradition de critique de la culture de masse ».

Toujours selon ces auteurs, les innovations permises par l’irruption des réseaux restent tâtonnantes et peu organisées : La seconde partie (L’invention d’une culture) s'intéresse au sort de l'intérêt général, à l'avenir des « biens communs » de l'humanité. Joost Smiers interroge le durcissement des règles du droit d'auteur. Pour lui, « les créateurs comme le public auraient tout à gagner d'une remise à plat du système actuel, résultat d'une philosophie dévoyée ».
Les autres articles évoquent la libération de la parole, l’essor sans précédent du travail coopératif (logiciels libres), la chasse menée par les hackers aux dérives et aux atteintes aux droits de l’homme, la diffusion de la culture numérique.
Modeste consolation, même un censeur de Wikipedia se prend à imaginer la transposition sur le terrain politique de la coordination des enthousiasmes individuels. http://www.monde-diplomatique.fr/2009/04/O_NEIL/16985

L’informatique a-t-elle un sexe ? « La persistance des clichés et la rareté des modèles identificatoires amènent trop souvent les filles à penser que ce métier n’est pas pour elles ». Isabelle Collet interroge l'application du genre à Internet (elle a publié L’informatique a-t-elle un sexe ? Hackers, mythes et réalités, L’Harmattan, Paris, 2006).
http://www.monde-diplomatique.fr/2007/06/COLLET/14834

Pour La Science a publié L'ère d'Internet - Les enjeux du réseau global - lire le sommaire en ligne

rappel : Internet, l'effroi (28 mars 2010)