Lycée : la réforme relance la guerre des programmes d’économie (en fait de Sciences Economiques et Sociales). La Tribune 02/02/2010
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Chatel a sévèrement amputé l'horaire prévu pour les SES en seconde (1 h 30 au lieu de 3 h) ; son cabinet a imposé un programme d'économie ""classique""
(10 questions obligatoires, contre 2 de sciences sociales en option) ;
il met en concurrence les SES et l'Eco-Gestion (PFeG) avec deux
programmes de tonalité voisine.
- La presse patronale met en avant l'économie vue sous l'angle de la seule entreprise, rarement la société dans son ensemble, et se fait "la tribune" et "les échos" d'un ministre markerteur ... Arnaud Parienty dans le journal, Gilles Raveaud sur son blog répondent au " florilège d'arguments nuls" de l'éditorialiste de la Tribune.
Plusieurs textes pour prolonger cet affrontement sévère :
- Les articles retenus dans la revue de presse de l'APSES : http://www.apses.org/debats-enjeux/
- Philippe Watrelot - Le programme de SES de 2nde et ses enjeux expliqués à mes collègues, aux parents et aux élèves...
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- En 2008, le rapport Guesnerie menait déjà la charge contre nos collègues de SES.
- Dans SOS SES ! - Jean Gadrey voit dans cette réforme le résultat d'une campagne menée par « le Medef et ses lobbies - dont le très actif
IDE, Institut de l’entreprise, présidé par Michel Pébereau, qui a proposé
sa vision d'un programme scolaire -, mais aussi d’une fraction des économistes ».
« ... Je n’ai pas le moindre doute sur le fait que cette offensive
vise non seulement à dénaturer un enseignement assez remarquable, mais
aussi à le détruire progressivement. La désaffection qui se produira si
de telles réformes sont adoptées est délibérément souhaitée par leurs
instigateurs. Il faut de larges alliances pour stopper cette (contre)révolution
conservatrice et anti-pédagogique ». Voir en annexe de l'article la comparaison des thèmes et notions avant et après la tornade néo-libérale
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- En 2005, André Orléan analysait la faillite du modèle interdisciplinaire traditionnel dans les sciences sociales, et l'effort de certains économistes pour « naturaliser » et autonomiser leur domaine spécifique.
La sociologie économique et la question de l’unité des sciences sociales
http://www.pse.ens.fr/orlean/depot/publi/ART2005tSOCI.pdf
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08/02/2010 :
Lycée : Eco sans Socio n'est que ruine de l'âme (Libération)
Stéphane Beaud évoque ses débuts au lycée Carnot à Dijon. Selon lui, « les sciences sociales ont cette vertu, indispensable en démocratie, de donner à voir la réalité sociale telle qu’elle l’est et non pas telle que le pouvoir, ou les pouvoirs, souhaiteraient qu’elle soit ». « La réforme concoctée ces dernières semaines, sans la moindre concertation » menace une série qui « parlait aux enfants de la démocratisation scolaire ... en les ouvrant sur le monde ».
L'ironie de l'histoire, c'est que cette « réforme » survient dans une période de faillite des dogmes de l'orthodoxie économique. « Elle s’inscrit dans un dispositif plus global de disqualification de la formation à l’esprit critique. Elle fait peser, comme d’autres réformes au lycée (la diminution de l’horaire d’histoire en terminale S) un grave danger sur le débat démocratique ».
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De la véritable culture économique
Jean Gadrey et Gilles Raveaud contestent que l'existence d'un « langage commun » aux économistes (en fait, il est commun à une fraction de la profession). Cette « nouvelle grammaire », essentiellement spéculative et mathématique, fait l'impasse sur la compréhension du réel et sur la motivation des lycéens. Il est en rupture totale avec la complémentarité de l'économie et de la sociologie, enrichies par l'histoire, voulue par les fondateurs de la série ES.
« Il y a fort à craindre qu'une telle réforme ne serve en rien la culture économique de la jeunesse. Elle risque, au contraire, de l'en détourner ».
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- 09/02/2010 : Proposition de programme de l'APSES
1- Ménages et consommation
2. Les entreprises et les marchés
3- Formation et emploi
4. Famille et socialisation
- Taire la crise économique aux lycéens ? - Mediapart
Le futur programme de SES oublie le social, la société et la sociologie pour ne laisser subsister que la théorie économique néo-classique. Trente enseignants, chercheurs, économistes... s’insurgent.
- Quand la blogosphère se mêle des nouveaux programmes de SES - IDIES