Jean Peyrot
L'hommage rendu par Hubert Tison :
Jean Peyrot, Président d’Honneur de l’APHG, est décédé
Nous avons la grande douleur de vous apprendre le décès brutal de Jean Peyrot survenu le samedi après-midi 28 novembre 2009. C’est dimanche en fin de matinée que nous avons appris de Mme Peyrot le décès de son mari. Il devait assister à l’Assemblée Générale de dimanche pour défendre le maintien d’un enseignement obligatoire de l’Histoire et de la Géographie et rappeler le sens d’un grand combat dont il avait été l’âme pendant les vingt ans de sa présidence. Son décès a semé la consternation et a suscité une grande émotion chez tous les participants de l’Assemblée Générale.
Jean Peyrot, Maître de Conférences honoraire à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, avait aussi enseigné dans le secondaire à Lyon ; il avait été un des premiers à enseigner dans les classes de sciences économiques et sociales et à préparer au bac international. C’était un grand professeur, un chercheur qui n’avait pu en raison de ses multiples activités mener à bien ses travaux sur l'histoire du textile sous l’Ancien régime, c'était un excellent pédagogue, attaché au savoir et à la manière de le transmettre.
C’était aussi un meneur d’homme. Président de la Régionale de Lyon, membre du Conseil de Gestion, il avait été élu Président de l’APHG en 1975. Il avait mené un grand combat contre la réforme Haby, mobilisant autour de l’APHG toutes les forces vives de la Nation attachée à la présence d’un enseignement d’Histoire-Géographie donnant des repères dans le temps et l‘espace à tous les élèves, permettant de comprendre le monde contemporain et ses complexités. Il avait été une cheville ouvrière de la grande Commission présidée par Jacques Le Goff et René Girault. Il avait toujours défendu brillamment avec une grande énergie, une grande éloquence et une grande plume la place de l’Histoire et de la Géographie dans le cursus scolaire depuis l’école primaire jusqu’au lycée et affirmé le principe que ces deux disciplines devaient figurer dans toutes les Terminales, des séries générales comme des séries techniques. Que tous les élèves issus des milieux défavorisés puissent y accéder. Attaché aux valeurs républicaines, il n’a cessé en particulier de prôner les valeurs de liberté et de laïcité dans le milieu enseignant et la société civile. Son engagement dans le Club Jean Moulin en était une illustration.
Jean Peyrot était un homme indépendant des pouvoirs. Il n’avait peur de rien : c’était un redoutable bretteur qui maniait superbement l’ironie. Il insufflait de l’énergie à toute l’APHG. Il avait contribué au rayonnement national et international de notre association par son action et par ses écrits. Tous les lecteurs d’«Historiens et Géographes » lisaient et savouraient ses éditoriaux, admiraient la force de sa pensée, sa clarté d’esprit, ses formules toujours percutantes et son style. Mais Jean Peyrot avait aussi contribué au développement des relations internationales. Les rencontres entre les associations de professeurs d’Histoire et de Géographie allemands et français, autour de l’Institut Georg Eckert de Braunschveig (RFA), avaient abouti à des recommandations à destination des autorités politiques, des éditeurs de manuels scolaires et de leurs auteurs. L’Europe était aussi une de ses préoccupations. Il a participé à Prague à la naissance d’Euroclio qui regroupe des associations de professeurs d’Histoire de chaque pays de l’Europe. Il avait noué des relations étroites avec les anciens déportés de l’Amicale d’Auschwitz et de Mauthausen. Il siégeait dans le jury du Prix Corrin qui récompense chaque année des travaux sur la Shoah et devait présenter en janvier 2010 à la Sorbonne un des deux dossiers retenus. Dans le cadre du Centenaire de l’APHG, à l’Assemblée nationale, Jean Peyrot devait exposer en novembre les grandes étapes de son histoire.
Jean Peyrot était un homme modeste, attaché à son terroir, à ses vignes, à sa famille, mais ouvert aux autres, à la connaissance de l’histoire nationale, de l’Europe et du monde. Homme d’une foi libre, il récusait tous les autoritarismes, les sectarismes, les replis dogmatiques, les refus de la modernité.
Nous avons perdu un grand président de l’APHG : homme d’honneur, de culture et d’action au service des autres, du service public en particulier de l’école, un homme de son temps profondément fraternel.
A son épouse, à sa grande famille, enfants et petits enfants, nous exprimons toute notre vive sympathie et notre soutien. Jean, tu resteras dans nos coeurs et dans nos esprits. Ta ligne d’action tracée dans les années 1980 et 1990 n’a rien perdu de sa vigueur et de sa vitalité. Ton exemple doit nous servir aujourd’hui pour de nouveaux combats.
Le Secrétaire Général
Hubert Tison
Voir également http://clioweb.canalblog.com/archives/2009/11/30/15979791.html