L'Histoire-Géo victime de la réforme
Fillon à Reims 19/11/2009 : Prison avec sursis pour 3 étudiants manifestants
France 3 Lorraine-Champagne-Ardenne
Dans les commentaires, l'exemple d'un étudiant en histoire condamné en comparution immédiate
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La réforme des lycées selon le site du MEN
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Pour l’HG, la réforme annoncée, c’est
- La disparition de l’histoire-géo comme discipline obligatoire en Term S.
- La suppression des modules en seconde, donc de la possibilité de travailler en groupe, et de faire utiliser les ordinateurs par les élèves en classe. (dans les 2 cas, la réalité est plus complexe, mais la gestion au cas par cas dans chaque lycée, dans un contexte de pénurie, n'incite pas à l'optimisme).
- Une refonte des programmes, la seconde allant jusqu’en 1914, la première de 1914 à 1989. Avec une réelle incertitude sur le contenu des programmes en Term ES et L.
- Un bac avancé à la fin de la première pour la 1ere S.
L'histoire-géo victime de la réforme du lycée de Luc Chatel écrit Chloé Leprince dans Rue 89
« La hausse des heures d'histoire-géo en première annoncée la semaine dernière masquait leur suppression en terminale S ».
Pourquoi une telle mesure ? Pour complaire à certains matheux qui mènent campagne depuis de
longues années pour écarter de S tout ce qui n'est pas mathématique ? Pour régler des comptes avec des historiens qui n'ont pas obéi docilement à l'injonction d'un conseiller sur Guy Moquet ? Par souci de récupérer par ce moyen quelques centaines de postes parmi les 80 000 à supprimer ?
Jacques Sapir : Non à la suppression de l’histoire et de la géographie en terminale scientifique
http://culturevisuelle.org/icones/154/comment-page-1
Exclusif: Chatel veut supprimer l'histoire-géo en terminale S - Jacques Sapir dans Marianne 2
Les réactions des profs suggèrent au moins 3 camps : ceux qui veulent trouver du positif à cette réforme, ceux qui redoutent les dégâts une fois qu'elle aura été mise en oeuvre dans chaque établissement, ceux qui sont indifférents ou ont d’autres priorités. Entre les 2 premiers, cela conduit à une différence de lecture intéressante : les premiers se félicitent de passer de 2 h 30 à 4 h en 1ere S, les seconds voient plutôt la réduction d’horaire (passage de 5 heures élèves (5 h 30 prof (2 h + 3 h)) à 4 h prof pour la 1ere S et la Term S). Une option HG est bien évoquée pour la Term S, mais rien ne garantit qu’elle aura les moyens de fonctionner.
Parmi les questions concrètes, dans une communication où le flou l'emporte :
- Le programme redeviendrait le même dans les 3 classes de première. Quelles seront les épreuves de bac (en 1ere pour les S ? en Term pour les ES et L ?) Quel sera le contenu du programme de Term ES et Term L ?
- L’aide individualisée fait partie des services des profs de français et de maths. Un bilan objectif en a-t-il été fait ? Le travail en groupes (modules) n’a-t-il pas d’autres avantages décisifs ? Les modules, ce n'est pas seulement de la souplesse (du confort diront les financiers), l'accompagnement individualisé ne remplace pas le travail en petit groupe (notamment pour ceux qui pensent qu'un ordi peut servir à qq chose).
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Sur un forum de profs d’HG, une collègue syndiquée dresse ce double tableau :
« l'aide personnalisée sera une variable d'ajustement des services et certainement pas pour l'HG (et pas pour un prof de la classe en plus).
Quant à l'amélioration qualitative, l'existence d'un tronc commun et la possibilité de mélanger les élèves de plusieurs séries dans ce tronc commun va aboutir à des classes de 35 pour l'HG (on peut faire des économies intéressantes : une première L à 24 puis 3 premières Es de 24/24 et 32 égale 4 classes actuellement. Avec le système du tronc commun, cela fait 3 classes à 35 élèves: donc on économise 4 h. Rien n'empêche - bien au contraire pour faciliter les réorientations... - de mélanger Es/S et Es qui ensuite partent vers leurs spécialités en Lettres, SES ou sciences....).
D'un point de vue purement égoïste : j'ai commencé ma carrière avec des classes de ES et L à 6 h prof (modules) des S à 3 h et des SMS à 2 h. Insidieusement, ma charge de travail a augmenté en 15 ans ».
Elle poursuit : « Il n'y a pas qu'une question d'horaires et de contenus dans cette réforme, mais :
- « Plus d'autonomie est donnée aux établissements et au conseil pédagogique (désigné !) qui décidera ce qui sera présenté au CA (élu !) concernant les dédoublements (les classes qui y auront droit ou pas). A terme, une fois qu'on remet en cause les horaires nationaux, on sait ce que cela veut dire pour les examens (contrôle continu) et peut-être même les programmes (remplacés d'ici là par les compétences avec la bénédiction du SE et du SGEN ?) ».
- « La réforme était destinée à revaloriser les filières ES et L : quels sont les parents qui mettront leurs enfants en L alors que les maths sont supprimés ? Quels sont les lycéens qui ne se diront pas « tiens, j'irai bien tenter ma chance en S puisqu'on peut changer en cours d'année » (en plus, il y a moins d'heures de sciences qu'avant) ? »
- « Quelle conception a t-on de notre métier et de notre enseignement quand on dit qu'un « sas » (stage) permet en quelques jours de rattraper des disciplines pour changer de série ?
Que veut-on faire de nos statuts quand on prévoit de faire appel à des profs (volontaires pour l'instant) pour ces stages pendant les vacances (qui sont les vacances des élèves nous rappelle le recteur régulièrement avec un air lourd de menaces sur nos « privilèges ») ? »
En 1992, le projet de programme de Jean-Clément Martin introduisait une coupure entre seconde et 1ere-Term. La seconde terminait le survol chronologique (l’histoire du XXeme disparaissant de la classe de 3e). Une histoire plus thématique prenait la suite jusqu'au bac. Les profs ont dit leur opposition à une organisation qui pouvait conduire par la suite à la mise en option de l'HG en 1ere et en Term, par souci d'économies budgétaires.
Il me semble aussi qu'au delà des horaires et des postes, l'organisation des contenus va peser très lourd sur le sort de l'histoire (et de la géo ?). Un changement de programme devrait combiner un bilan objectif de l'application du programme précédent et un état des avancées de la recherche. Or ce bilan est rarement établi et pris en compte, et les choix des nouveaux contenus sont souvent déterminés par les modes politiques. Repli sur l'identité nationale ? Maintien d'une histoire à échelle multiple (France, Europe, Monde en Terminale par exemple) ?
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La réaction des Régionales de l'APHG a été vive, et les termes employés par nos collègues sont directs.
Le communiqué de l'APHG : http://aphgcaen.free.fr/aphgn/aphg2011.pdf
En 2009, la défense et illustration de l'HG s’annonce cependant moins favorable que celles des SES en 2008 : le combat des profs de SES profitait d’un refus global de la réforme Darcos. Ils ont manifesté dans la rue à plusieurs reprises, mais jamais seuls. Ils ont su intégrer Internet à leur mobilisation. Juste avant que Darcos ne diffère sa réforme, ils avaient même obtenu gain de cause, les SES devenant matière obligatoire dans toutes les classes de seconde...
Pour info :
Le point de vue de l'APSES
Un communiqué de l'APMEP