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Clioweb, le blog
18 novembre 2009

Gougol et les éditeurs

Google est la cible majeure d’articles publiés par Le Monde.
Un article de Maxime Robin (Marianne 07/11/2009) permet de relativiser les attaques.

Dans « l’avenir numérique du livre » (27/10/2009) l’historien Roger Chartier réagit « au lancement spectaculaire de Google Edition », « la librairie numérique payante » annoncée à la Foire du livre de Francfort. L’enjeu semble moins le sort d’Amazon qu’une dénonciation multiforme du géant américain. Trois jours plus tard, le 30, le quotidien a fourni une longue tribune à plusieurs acteurs du monde de l'édition (Le livre survivra-t-il à Internet ?).
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Résumons les arguments utilisés contre Gougol par Roger Chartier :

- « L'appropriation privée d'un patrimoine public, mis à disposition d'une entreprise commerciale, peut apparaître comme choquante ». L’entreprise californienne « proclame ses bonnes intentions ». En fait son projet ne vise pas à démocratiser le savoir, en construisant « une bibliothèque universelle à la disposition de l'humanité » mais à tirer profit de l’ensemble des informations disponibles sous forme numérique.

- Les « prouesses techniques » donnent à l’entreprise un quasi-monopole de la numérisation industrielle. Ce qui n’empêche pas des erreurs « de datation, de classification et d'identification ».

- Google a mis la main sur « cinq millions de livres orphelins, toujours protégés par le copyright, mais dont les éditeurs ou ayants droit ont disparu… »

- La publicité détermine la place dans une indexation.

- « Rien n'assure que dans le futur l'entreprise, en situation de monopole, n'imposera pas des droits d'accès ou des prix de souscription considérables ».
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La charge multiforme contre le géant américain n’est pas nouvelle. Elle incite cependant à davantage de nuances.

Le quasi-monopole de Google peut inquiéter. Sur le marché des systèmes d’exploitation, un autre géant américain a imposé un quasi-monopole. Qui s’en est soucié en dehors des défenseurs du logiciel libre ?

Cette situation est-elle surprenante dans un système économique qui pousse à la concentration ? Pendant plus de vingt ans, les discours dominant n’ont cessé de faire l’éloge des fusions, en passant sous silence les dégâts sociaux « collatéraux ».

L’article de Maxime Robin rappelle que le monde de l’édition, en France, est aussi fortement concentré, même si c’est à une échelle bien plus modeste : « une demi-douzaine de maisons (Hachette, Editis, Gallimard) distribuent les ouvrages et exercent un contrôle serré et lucratif sur toute la chaîne ».

L’effroi devant la privatisation du domaine public est un souci légitime.
Mais la privatisation intégrale n’est-elle pas vendue depuis vingt cinq ans comme unique solution possible par une idéologie dominante ? Qui a dit : « l’homme n’est pas une marchandise comme les autres » ?

L’inquiétude face aux prix prohibitifs se comprend tout autant. Ceux qui lisent des revues scientifiques en savent quelque chose, sans que Google en soit responsable.

Une nouvelle technique, celle de l’impression à la demande, peut menacer les éditeurs. « Hachette a réagi au quart de tour en signant un contrat avec le fabricant ».

Pour le rôle de la publicité, celle de nombreux sites commerciaux est beaucoup plus intrusive. La pub télévisée a été contrée par la télécommande et par la pause pipi. Sur les ordis, il existe aussi des moyens efficaces pour bloquer les fenêtres de pub.

Toujours selon M Robin, le CNL aurait voulu regrouper tous les acteurs sous la bannière de Gallica. Mais chacun des grands éditeurs veut disposer de sa propre plateforme de distribution d’e-books. Et certains indépendants voient plutôt l’arrivée de Google comme une opportunité : « donner à lire un livre sur internet n’est pas incompatible avec notre job : vendre des livres ».

En fait, une question mériterait de longues analyses : Pourquoi Google a-t-il réussi là où ses adversaires ont échoué ? A prolonger avec deux autres : Quelle part avons-nous dans ce succès ? Qui sera le prochain Google ?

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