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Clioweb, le blog
13 septembre 2009

La BNF et Gougol - 3

Cette fois, c'est Le Monde qui s'y colle :
- Bibliothèques : faut-il avoir peur de Google ?
  La polémique en France, les enjeux politiques et culturels : le débat

- Google, menace ou chance pour la culture ?
. Le pacte faustien (E Hoog) : Le géant du Net s'enrichit de contenus qui ne lui appartiennent pas
. Posons les termes du débat, sans caricature (Frédéric Mitterrand)
. Les termes de notre contrat avec Google sont équitables (Patrick Bazin)
. Pour l'alliance du public et du privé (Jean Martin)
- Le numérique est un autre univers .  Repensons la notion de copyright (Milad Doueihi)

Google : MM. Mitterrand et Fillon jouent l'apaisement. (Alain Beuve-Méry)
  Le projet de numérisaton des livres du géant américain suscite l'inquiétude des éditeurs en France et dans le monde

.
Résumons ces points de vue, en caricaturant volontairement :
Le ministre parle de son ministère et de grand emprunt,
le patron de l'INA veut faire payer Google,
le patron de Lyon parle de Lyon et se félicite d'une numérisation sans coût,
le néo-libéral se réjouit de la place faite au privé,
et l'informaticien parle des métadonnées.
Etrange débat où politique, idéologie, corporatisme se servent du "bien public" comme d'un paravent,
et où un point de vue majeur, celui des lecteurs et internautes est volontairement ignoré. (insistons : le point de vue des lecteurs, pas ce qu'un journaliste pense que les lecteurs pensent).
Un certain mépris de la culture accessible pour tous pointe dans certains arguments : au moins, avant Google, on pouvait rester entre soi...

Le choix initial de Gallica (scanner en mode image) reposait déjà sur l'ignorance des usages et des pratiques des lecteurs. Les bibliothécaires avaient fait ce choix, au moment où JM Tremblay mettait déjà en ligne le texte des ouvrages. Le plein texte était stigmatisé comme un gros mot (""l'océrisation""). Il y aurait à dire sur la différence entre l'artisanal et la production industrielle de masse...

Un détail : pour tous ceux qui n'habitent pas à proximité de la ligne 14,
l'accès en ligne à une page ou à un chapitre est très utile.
Rien à voir avec une attirance supposée pour "le sexe et le bricolage" :-):-) !!

Si vous avez cependant la possibilité de fréquenter la BNF, faites un essai : commandez la photographie d'une pièce d'archive.
Pensez à vérifier le coût avant de confirmer votre demande... (les appareils photos numériques sont très répandus, et savent travailler efficacement sans flash -et gratuitement- dans les dépôts d'archives qui l'autorisent.) 

"la complexité parfois opaque de leurs algorithmes de classement"... "secret de fabrication bien gardé", Les adversaires de Google lui ont d'abord reproché d'indexer le superficiel et d'ignorer le savoir de référence, celui que eux éditaient et vendaient dans les livres. Quand Google numérise et indexe le contenu de millions de livres, que lui reproche-t-on ?  "de tirer des profits colossaux de contenus qui ne lui appartiennent pas" !

Quant aux discours répétés sur la concurrence non faussée, pourquoi ne les applique-t-on pas à d'autres activités lucratives,
comme la vente forcée des systèmes d'exploitation là où le capitalisme financier produit au quotidien du monopole
(la règle du 80 % - 20 % ?)
Que d'hyprocrisie !!

Le débat avancera quand l'attention intégrera vraiment les pratiques intellectuelles. Surtout pas en opposant globalement le "tout numérique" au "tout imprimé". Ni en feignant d'ignorer que quatre siècles se sont écoulés entre l'invention de Gutenberg et la scolarisation obligatoire sous Jules  Ferry.

La force de Google, elle tient aux choix faits par ses fondateurs.
Ils ont su atténuer le bruit documentaire et concevoir des interfaces qui laissent loin derrière les usines à gaz inventées par les entreprises et les institutions de ce pays.
Ils ont fait le choix de la sobriété de l'affichage, alors leurs concurrents ne croyaient pouvoir gagner de l'argent qu'en faisant ressembler un écran d'ordinateur à Time Square la nuit.
Ils ont aussi financé une infrastructure exceptionnelle dont nous bénéficions à chaque recherche.
La force (et le danger) de Google c'est aussi sa grande attention à la réalité des usages sociaux.

Le tarif d'entrée est devenu exorbitant pour ceux qui ont loupé le coche précédent.
Dommage pour eux, et pour nous tous.

voir aussi :  La BNF et Gougol - 1
                   La BNF et Gougol - 2               

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